[Texte] Stéphane KORVIN,

[Texte] Stéphane KORVIN, « COEU »

octobre 20, 2009
in Category: créations, UNE
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Stéphane Korvin est né en 1981. Il vit et travaille à Paris. Avec le geste photographique, il saisit les intersections entre espaces réels et imaginaires. Il a travaillé notamment sur des textes d’Aimé Césaire et de Marguerite Duras. Avec les mots il approche, questionne le contour et le lien. Ses travaux sont publiés dans des revues (A verse, ARPA, Pyro, N4728, etc.).

Voici le quatrième extrait de vaste, wasted (lire le troisième), qui retravaille avec brio un thème lyrique – textuellement / photographiquement.

J’ai pœur le queur gros sur ta poitrine
taudis insistant pour un nouveau verre de liqueur

tandis que disto ta voix (poli tic d’ambiance) chuinte dans
les stridences, mon queur gros à se gonfler dégrafe
poliment les cordes coeu tu tentes sans cesse de bricoler
malgré tout (j’ai tout mangé) je me gonfle

man-i-feste-ment
mon queur est à la fête, veut ripper entre tes seins,
vérifier la tenue de l’échafaudage, jouer au chewing-gum
dans ta bouche (manifestement cet homme a les oreilles
bouchées, elle, les dents comme des bras, brassent des
tonnes d’éoliennes)

je te regarde, le queur de plus en plus saillant, les muscles
de plus en plus nombreux
s’ajoutent un à un à la nature suiveuse
de ma course spongieuse

tandis que toi tu rafles tout ce qui dépasse pour mieux
monter en énervement
mon chou, ma chouette, ma couette, j’ai pœur que mon
queur attende couché des jours meilleurs
sans réussir à t’emballer
       − Je ne te prendrai plus
       − Ni soin de toi

ainsi je parle à mon pouls et ma tête s’emballe, mon
queur retombe dans d’intimes cavités, je reprends de
l’activité cérébrale, je t’écoute, tu veux parler, allez je
t’écoute, tu veux parler

quoi dire en premier approcher sans se risquer : c’est
toujours où tu veux quand tu veux, je ne fais pas exprès,
après

auprès de toi mon queur prend du poids, je le porte sûr
de ma main et t’en fais cadeau

amuse-gueule
consistant en : nous deux, frictions électives, montons en
escalier, moutons, comptons sur nos doigts, un, deux,
trois, prends-moi avec les mains, on avance en échelle,
(elle un peu courte) mets-toi sur la pointe des pieds, les
cheveux se dressent, le temps est rouge, je te prends
comme un indien, une main dans la bouche, les plumes
en pagaille

cette fois pas de passage sous la roche
western apnéique (quand même appliqué)

cours toujours, enfoiré

tes deux yeux ciment bandes larges impassibles ont des
quartiers de haine à chiquer, je passe sous la loupe, je me
prépare à la découpe

suivi de : je me prépare à de longues soirées, pop-corn
collé au palais, un doigt à la renverse
lessive rouge

à volo la langue tourne, chaud-froid
torche, allume, rien de nouveau animations
télévisées (ballotement sonore, passe)

tes petits os craquent : poignets, chevilles, phalanges,
maxillaires
le bas des gencives grince, l’air baigne son odeur de javel,
une première corne s’astique sur la lame du couperet, je
me tiens prêt, cellules aréiques

(tir de Saint Phalle, bruits dans la trachée)

ça va nettoyer sec dans les interstices, je m’en occupe mal,
coeur
je trouve le temps long, le tour de mon queur commence
un régime forcené

tu dresses la table
couverts, sauce piquante, tes jambes jouent de l’équerre
sans se presser (un peu de jus pour les plaies)

et c’est paré
gourmet
taie d’oreiller, rince-doigt, deux murs, je ne suis pas
svelte, sliding lapin dans l’angle, le queur droit dans la
main, landing comme elle vient

elle, le visage allume-cigare, elle bien décidée à cloquer
les deux mains en phare
la dent effilée
des citrons à planter

tu ne joues plus
tu me tiens par la cœu (le premier de nous deux….)
je ne peux plus bouger
mon queur tout boursouflé a pœur
veut se cacher, j’aimerais me coucher le queur sous un
oreiller, fuyant, avec-sans

tu en décides autrement

la queue cœu coupée, je te dessine un soleil, je brûle, tu
cries, je brûle, je crie, tu coupes, tu cries :

            − Tu l’auras bien cherché

mon queur se décroche, ma cœu saigne

feu à volonté, je perds du sang, je suis touché

plage censurée, sortie
cadencée
sans amour
pulmonaire

, , ,
rédaction

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