[Chronique] Daniel Dezeuze, Clefs à tendre la toile écrue, par Jean-Paul Gavard-Perret

[Chronique] Daniel Dezeuze, Clefs à tendre la toile écrue, par Jean-Paul Gavard-Perret

décembre 28, 2016
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[Chronique] Daniel Dezeuze, Clefs à tendre la toile écrue, par Jean-Paul Gavard-Perret

Daniel Dezeuze, Clefs à tendre la toile écrue, Fata Morgana, Fontfroide le Haut, octobre 2016, 104 pages, 19 €, ISBN : 978-2-85194-972-1.

Non seulement Daniel Dezeuze est un artiste "consistant" (euphémisme), mais dès qu’il écrit, le plaisir du texte est constant. Dans ce nouveau livre et sous prétexte de parler peinture, il ouvre le champ. Et le chant. Celui-ci se fait plaintif. Mais avec amusement plus qu’amertume. Au sujet de la destruction de ses livres. Les rats des champs devenus rats de bibliothèques dévorent  "quelques reliures / cousues de fil blanc / de Sapho et de Rilke", avant de faire des pages déchiquetées des chambres d’accouchement pour leurs rates insouciantes et proliférantes.

À la déconstruction plastique se substitue la poétique pleine de brio. Il y eut ses "Brèves de musée", haïkus dégingandés pour saluer 50 chefs d"œuvre du Musée Fabre. Les "clefs à tendre la toile écrue", l’artiste les connaît bien, qu’il aille vers la "peinture-peinture" ou – plus avant – lorsqu’il s’employa à retourner la toile lors de sa période "Support/Surface" comme pour regarder sous les jupes de filles.

On les retrouve ici (les femmes autant que les toiles) à côté des animaux. Dezeuze les baratte pour en faire son beurre afin de sortir le "petit lait du temps" et de supporter les douleurs de son corps en s’introduisant  par mégarde dans celui des Vénus villageoise. Histoire moins de passer le temps que de lui faire la nique. Il est plus que jamais notre semblable, notre frère : éjaculateur tardif même quand le "vieux cerveau qui n’en fait qu’à  sa tête" redonne au sexe des "sauriens" une connaissance par un certain gouffre.

Le livre se termine par des vignettes offertes à la reine de ses jours et de ses nuits intitulées "Nervures". Dezeuze s’y fait spécialiste non seulement des plantes – de la trobile aux akènes et jusqu’à la moelle des sureaux d’Alès. Plus loin, l’ail de Naples  y possède des "étamines aussi blanches / que traîne de mariée ; Preuve que l’herbier doit autant à Marcel (du même nom) qu’à Jean-Jacques (Rousseau) / les mots font ce que les plantes séchées ne peuvent donner. N’y restent que de belles plantes.

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rédaction

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