[Chronique] Jean-Paul Gavard-Perret, La volupté du rien (à propos de Henri Thomas, Silence et soleil dans la chambre)

[Chronique] Jean-Paul Gavard-Perret, La volupté du rien (à propos de Henri Thomas, Silence et soleil dans la chambre)

avril 18, 2018
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[Chronique] Jean-Paul Gavard-Perret, La volupté du rien (à propos de Henri Thomas, Silence et soleil dans la chambre)

Henri Thomas, Silence et soleil dans la chambre, édition et postface de Luc Autret, dessins de Paul de Pignol, Fata Morgana éditions, Fontfroide le Haut, avril 2018, 72 pages, 15 €, ISBN : 978-2-37792-016-7.

 

Poète romancier, diariste (cf. ses carnets) et traducteur (entre autres Pouchkine, Shakespeare, Melville, Stifter, Goethe) Henri Thomas n’a dû sa reconnaissance qu’à quelques amis. Mais plus de vingt ans après sa mort, l’œuvre suit son cours avec toujours  son mélange de fatalité et de sérénité. Là où tout demeure trouble, allusif, diffracté comme dans ce texte à la fois narratif mais où l’homme flotte à l’épreuve du temps au sein d’une zone limite, aux frontières du souvenir et de la fable.

 

La Seine semble regarder le poète, il regarde le fleuve et les vieux piliers d’un de ses vieux ponts où entre deux pierres une plante sauvage ne cesse de repousser au milieu de passants dont un vieux couple : l’auteur vit à travers lui une vie par procuration. Car au fil des ans il est devenu solitaire mais reste solaire. En piéton de Paris il arpente la ville comme la campagne avec sa canne, prêt à s’étonner de tout et ne rien déranger. Car « tout ce qui est séparé de nous par la vitre invisible, toujours pareille, toujours accrue du temps est plongé dans la même magie, doué de la même perfection. ». Et il ne parle plus ici du  « corps des filles disparues » qui l’accueillirent dans leurs lits mais de plaisir sans doute moins voluptueux mais prégnants.

 

Henri Thomas n’enlace plus l’érotisme. « Le bébé de feu » est devenu vieillard. Il garde néanmoins la force d’étonnement pour des faits et gestes qui semblent beaucoup plus de son âge… Mais le poète de la rêverie demeure même lorsqu’il est seul et dépossédé. Car le parjure ne sera pas de son fait quelque soit la perte. Et ce au nom d’une injonction suprême  « J’ai horreur des gens qui sèment le désespoir, je trouve qu’ils feraient mieux de la fermer ! »

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rédaction

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