[Chronique] Olivier Domerg, Onze tableaux sauvés du zoo, par Christophe Stolowicki

[Chronique] Olivier Domerg, Onze tableaux sauvés du zoo, par Christophe Stolowicki

mai 4, 2018
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[Chronique] Olivier Domerg, Onze tableaux sauvés du zoo, par Christophe Stolowicki

Olivier Domerg, Onze tableaux sauvés du zoo, Atelier de l’Agneau, Limoges, mars 2018, 108 pages, 16 €, ISBN : 978-2-37428-012-7. [Christophe Stolowicki sur La Sainte-Victoire de trois quarts]

La Sainte-Victoire, « serpent de terre » d’un éternel resurgissement, propriété inaliénable de Domerg que seul Cézanne peut lui disputer ; gamin il y courait ; altière qu’une pollution altère, allitère, entame ; toute en « nervures variqueuses », par son aridité minérale réchappée de l’autre pollution, celle des « folliculaires » et photographes « sur le poncif », en onze tableaux sauvés du zoo et de l’ô touristiques.

 

Le paysage, ce que d’humain, trop humain, surhumain il recèle ou décèle ou descelle quand l’aplat, quand la plaque tectonique se reconstitue. La Sainte bien en bouche, articulée à pleins caillots, une trigonométrie de la montagne traque de grand angle son à pic. Seule la poésie peut décrire d’un corps d’haleine la courbe, l’arc, l’angle obtus ou diffus, l’objet transitif premier, en prosimètre, en prosiprose, en pause à pose d’instantanés, en multipliant les points de vue, par le flanc, par le travers, vu d’avion, en « répliques » non sismiques d’un théâtre muet, en zoom avant à deux temps comme Xavier Dolan.

 

Excessivement, exquisément monstratif, bonimenteur brassant tout l’interjectif trivial et « le stupre métaphysique », de truculence ontologique millimétrée ; pamphlétaire, sa puissance verbale tenue en réserve, qui sporadiquement irise, arase la roche dure, marée l’amarre à la passion, l’articule au plus explicite, au plus offrant, au plus friand, au plus friable ; d’(hy)performance perforant l’abrupt ; alternant prosaïques vers et prose à son avers, à son adret, à son endroit au droit de ses falaises, de ses à pics & colegram ; dans une double page remontant deux goulets, deux cheminées entre crochets ; la mise en ligne vers à vers décalés imitant les vaguelettes d’eau croupie ainsi sauvée des ô ; tout en déferlement de paronomases vécues, d’approximations déboîtées, d’émaux de calcaire, de cals qu’errements lissent en délice ; à l’imparti des mots parti pris pour la cause, surmultiplicateur de Ponge épris, réconciliant les mots et la cause à l’accore d’accord primordial, le visuel et le verbal se renvoyant la balle.  

 

À l’énorme volume de La phénoménologie de la perception de Maurice Merleau-Ponty qu’on fait lire aux petits, je préfère quelques pages de ce Domerg ; les gens sérieux, qui ne savent pas lire, préfèrent Merleau-Ponty ; Domerg voit, parle & pense d’un même mouvement quand M.P. pense en aveugle, d’où son jargon ; le poète apophatique dans sa démonstration. 

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rédaction

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