[Création] Daniel Cabanis, Enchaînement logique des alibis (2/5)

[Création] Daniel Cabanis, Enchaînement logique des alibis (2/5)

juillet 7, 2017
in Category: créations, UNE
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[Création] Daniel Cabanis, Enchaînement logique des alibis (2/5)

Encore un non-événement tout à fait vérifiable… [Lire/voir le post précédent]

Deuxio

Réfléchissez, si j’avais commis quelque crime je serais le premier à m’en vanter.

 

Le jeudi 25 avril, j’ai dîné avec Liz au restaurant Chez Pavel (cuisine russe, zakouskis, bortsch à l’ancienne et tout le tralala). C’est elle qui invitait. J’ai pris le bœuf Stroganoff. Cinq minutes après j’ai demandé un cure-dent, et même plusieurs svp. Liz m’a flingué, comme si j’étais (a-t-elle dit) un vulgaire koulak tout droit sorti d’un récit de Tchékhov. Bon. J’ai quand même bien mangé (quoi qu’on en dise, la viande russe est comestible). Après le dîner, j’espérais que nous irions aussitôt chez elle finir gentiment la soirée mais Liz a insisté pour aller au cinéma. Je  risque de somnoler, j’ai dit, sans trop y croire (Liz non plus). Et on est allé voir Apportez-moi la tête de Raoul Duran 2, des frères Smerdiaco. Je n’ai pas vu le 1 qui est je suppose un navet ; quant au 2, c’est un bon digestif en plus d’un somnifère : l’effet est immédiat. J’ai dormi vingt bonnes minutes. Et voilà Raoul Duran, vu en gros-plan à la campagne. Il vient s’installer chez Mme Daff (Cristina), dans un petit château, du côté de Moussy-lès-Troyes. Que fait Raoul ? Sur ce point, le film n’est pas clair. Il traîne, il a l’air de s’ennuyer. Il lit beaucoup. Il devient (ou était déjà) l’amant de Cristina. Vie de château : promenades, feux dans la cheminée, grandes soirées avec des amis poètes élégiaques et/ou des comédiens, tous à secouer les mouches, bref ça ronronne ; j’ai failli me rendormir. Malheureusement, arrivé à ce point, l’action commence, ou un semblant d’action : Raoul devient l’amant de M. Lopez, l’homme à tout faire du château. Rien là d’original. Pourtant, on ne s’y attend pas. Au château, la vie va changer, enfin ! Et non. Cristina reste d’humeur égale. Tiens, elle augmente le salaire du bon M. Lopez ! Sûr, le jeu est biaisé, quelqu’un tire les ficelles. Raoul n’est qu’un jouet. Et la pauvre Mme Lopez retourne vivre chez sa mère, au Mexique. Fin. Quel film ! Liz était contente. On est allé dormir. Chez elle. Tout ça est vérifiable.

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rédaction

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