Patrick Dubost, ) dans la neige ( , éd. La Rumeur Libre, automne 2011, 60 pages, 10€, ISBN : 978-2-35577-028-9 / editions@larumeurlibre.fr

Ils sont sept dans un chalet en montagne. Trois filles et quatre garçons. Entourés de neige.

Ce décor planté pourrait être le début d’une histoire. Mais le récit reste morcelé, avance dans un style télégraphique doublé de blancs mis entre parenthèses. En italiques, quelqu’un écrit, qui n’a pas de nom. Et puis, il y a un premier mort, comme ça, après le repas, discrètement. Les silences. "Tout n’est pas à formuler." Faut-il refermer les volets sans les avoir ouverts ? Les attitudes possibles contiennent aussi leur contraire. Deuxième mort. Un nom ici : Elvire. Les cinq survivants ramènent les deux corps à l’hôpital, en bas dans la vallée. Martin et celui qui écrit restent à veiller le corps d’Elvire. Le couloir n’a ni entrée ni sortie. Une fenêtre donne sur nulle part. Martin a vu bouger un doigt d’Elvire. Puis le bras, malgré le verdict sans appel du corps médical. Est-ce une morte alors qui se lève et sort de l’hôpital avec Martin et celui qui écrit ? Ils marchent dans la neige, ils marchent longtemps, jusqu’au printemps, jusqu’à Vienne. Sont en barque sur le Danube, le beau Danube bleu… "Ce qui part ne va nulle part." Celui qui écrit, on a fini par retrouver son nom sur la couverture du livre. Il s’appelle Patrick Dubost. Il est poète, bien plus que romancier. Il interroge la vie et la mort à travers une poésie qui côtoie l’absurde en effleurant de ses silences le réel, celui qui oscille entre vie et mort, celui qui se cache derrière des voix multiples sans jamais se définir. "Dans la neige" on lit des traces imprimées qui survivent à la fonte, qui s’incrustent durablement quelque part en nous, en silence.