[Livre] Burroughs le dynamiteur, par Jean-Paul Gavard-Perret

[Livre] Burroughs le dynamiteur, par Jean-Paul Gavard-Perret

février 28, 2014
in Category: Livres reçus, UNE
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[Livre] Burroughs le dynamiteur, par Jean-Paul Gavard-Perret

Coffret Burroughs, Éditions Derrière la salle de bains, Rouen, 50 € ; souscription pour avril 2014 : coffret noir, exemplaires numérotés 1-30 ; coffret rouge, 31-42.

 

On ne tardera pas à bénéficier de ce tirage limité.

 

 

Burroughs ne se laisse pas facilement récupérer. Il n’est pas un docteur (ès n’importe quoi), même s’il jouait parfois sur un côté messianique. Il reste le parfait destructeur. Et principalement de son propre outil, de son propre discours. Ecrire, c’est faire de la littérature un geste, et non une œuvre. C’est tenter de montrer de quoi est fait ce tissu intercalaire, cette peau entre l’homme et les choses, et faire du texte une complexion sensible, une matière. Il se voulut donc moins créateur que générateur.  

Loin de tout recours à la spiritualité – contrairement à ce qu’on a parfois affirmé -, Burroughs a poussé plus à fond la logique matérialiste de son pays d’origine par une technique de l’exacerbation et du saccage. Il a encrassé les éléments (alibis) idéalistes qui servent de caution à la littérature.  Au je il a préféré une écriture neutralisante. Elle n’a pas pour objectif de faire entrer de l’humain mais de casser une idéologie qui, sûre d’elle-même, n’a fait – depuis la mort de l’écrivain – qu’empirer en répondant hélas aux tableaux apocalyptiques qu’il avait fomentés.

 

Certes, il y eut chez lui quelques signes extérieurs de mégalomanie. Son apologie d’un monde sans femmes par exemple. Ses rêves d’une reproduction extra-matricielle, d’une reproduction in-vitro sont plus faits pour soulever les cœurs des bonnes consciences qu’afin d’imaginer un lycée homophile et misogyne. Il a au besoin souligné que si le mal était toujours possible, il fallait donc en profiter. Une telle « leçon » ne pouvait pas passer. L’épisode de la mort de sa femme fut là pour l’achever. Pourtant son souci n’était pas de nuire, mais du fait de son « accidentelle fatigue »de passer du côté du non droit.

 

L’espace du livre devint  pour Burroughs manipulable parce que notre monde est manipulé. Aussi  en a-t-il coupé le flux, le fil et l’influx. Il ne faut pas pour autant limiter l’œuvre au cut-up la paire de ciseaux et le pot de colle.  Des techniques ou de méthodes Burroughs n’en a cure. Il l’a maintes fois répété. Pas de procédés donc, mais une stratégie : reprendre à l’adversaire des propres armes, faire de l’encre une poudre à dératiser.

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rédaction

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