[Chronique] Jean-Pascal Dubost, & Leçons & Coutures II, par Christophe Stolowicki

[Chronique] Jean-Pascal Dubost, & Leçons & Coutures II, par Christophe Stolowicki

août 31, 2018
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[Chronique] Jean-Pascal Dubost, & Leçons & Coutures II, par Christophe Stolowicki

Jean-Pascal Dubost, & Leçons & Coutures II, Isabelle Sauvage, mai 2018, 116 pages, 16 €, ISBN : 978-2-917751-96-1.

Autrement dit (qu’en moyen français), lectures et filiations. Une première plaquette d’hommages (et de quelques éreintages, Baudelaire, Rimbaud, Lautréamont, voire Venaille) était parue en 2012 chez la même éditrice. De même propos, archaïsant en gageure les contemporains et brusquant de langue drue bop et rock les anciens peu usités qui composent et renouvellent le fond de culture jubilatoire de Jean-Pascal Dubost, le nouvel opus, glossaire amoureux sans ordre alphabétique, se distingue d’entrelarder plus étroitement Anciens, « Renaissants », Modernes et contemporains, poètes et prosateurs, un essayiste, pâtissés au même moule de madeleines peu proustiennes à la faveur d’une contrainte : neuvains de prose d’une seule phrase, un tiret pour point final. Le lecteur (s’) y rencontrera, méconnaîtra, contrariera, réparera, écartera, écourtera, radoubera, rallongera, rassurera à raz de songeur loisir. Rimbaldiens et mallarméens n’y échangeront pas leurs livrées. Les échoués (Rodanski, Kafka) massacrés ici aussi.

Cela dit, ne boudons pas notre bonheur de lecture du pandémonium second (comme vent favorable) en regard ou contrepoint de fugue du panthéon premier. Ici une croche tient parfois lieu d’esperluette et les auteurs d’appoint nommé, de point perlé, à point recuits de légende, si la plupart moins connus qu’en Coutures premières à quelques éclatantes exceptions près (Nietzsche, actualisant le baudelairien aristocratique plaisir & privilège de déplaire – « élitiste, disent-ils ; élitaire dit-il ; et, eh ! devenir mauvaise conscience de son époque, une gageure, car l’époque est, d’office, fermée, aux poètes » –), les auteurs seconds, dis-je, ceux qui secondent de minutes premières le procès séculaire, appellent déjà un tiers livre de quart rab&lais(s)ien.

Tel Alain Rey le coordinateur de bibles étymologiques illustrant comment « l’engauloisé latin se métissa de langues migrantes et de mots migrateurs comme les oiseaux et de gents mots barbares et forestiers et d’arabe savant ». Tel Bernard Collin ouvrant le bal, donnant le la « à chaque pas de page … d’exploser mille fois de grande Joie dans l’urgence et sous la pression de la Mort ». Dans la chambre d’échos d’un ou une (ici Isabelle Pinçon) qui « travaille les livres dans son tablier les mains remplies d’autres mains ». De François Béroalde de Verville à Robert Angot de l’Éperonnière, fidèle à son siècle, entre-deux siècles d’empreinte tardive, jointive – irritant, délectable Jean-Pascal Dubost dont tout est pastiche et rien, rien n’acrostiche sinon sur pointes grasses et mines de couleur.

D’érudition cryptant culture, et la nature à l’avenant, de tropisme réitéré pour le concentré lettré sapide pourvu que vie n’y mêle trop son sel, son amertume – un chef-d’œuvre de l’intelligence goûteuse pure mieux que critique de la quantième raison.

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rédaction

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