[Appel] Julien Blaine et alii, Sauvons le cipM !

[Appel] Julien Blaine et alii, Sauvons le cipM !

avril 5, 2016
in Category: chroniques, News, UNE
7 4968 18
[Appel] Julien Blaine et alii, Sauvons le cipM !

Libr-critique tient à relayer cet Appel signé Julien Blaine et 63 autres poètes et auteurs.

 

Quand on considère les graves problèmes qui se posent aujourd’hui, quand on est conscient de l’état éthique, social, économique et artistique de notre pays, cette lettre ouverte peut paraître dérisoire. Mais la poésie n’est pas qu’un art du présent, elle se conjugue aussi et surtout au futur.

Il nous semble urgent, – nous, les auteurs, performeurs, éditeurs, lecteurs, amateurs de poésie, d’art et de culture, de Marseille et d’ailleurs – d’alerter l’opinion publique et les collectivités sur la situation dans laquelle se trouve le centre international de Poésie.

Le cipM est un outil et une structure culturelle unique en France, en Europe et dans le monde.

Depuis quelques années, la direction du cipM, peu soucieuse de développer son public, répète de vieilles formules, déconnectant la poésie du monde contemporain. Et plus grave encore, elle a pris le contrôle de l’association en plaçant des amis d’enfance ou de longue date au sein du bureau, et en « anesthésiant » le Conseil d’administration, qui n’est plus là que pour suivre et entériner des décisions déjà prises. Pas de transparence dans l’attribution des résidences, aucun débat sur la programmation, sur les orientations, etc.

La direction du cipM, au lieu de réunir les diverses tendances de la poésie comme à l’origine, et de mettre la poésie en relation avec les autres arts et disciplines, s’est plus attachée à des stratégies de pouvoir qu’à l’exercice de sa mission. Elle a fait en sorte de cliver et d’évincer une partie non négligeable d’éditeurs, de poètes, d’amateurs et de curieux.
Le manque d’innovation, la répétition des mêmes recettes, l’invitation des mêmes individus, des partenariats ponctuels, une multiplication d’événements sans qualité, sans travail de communication ni de médiation affaiblit cette institution précieuse. Le cipM ne remplit plus sa mission centrale, celle de diffuser une poésie vivante connectée au monde contemporain auprès d’un large public.

De nombreuses personnes de Marseille et d’ailleurs, qu’elles soient auteurs, éditeurs, élus ou professionnels du monde de la culture et des arts, partagent notre opinion. Il y a urgence, urgence à redonner de la vitalité à cette structure exceptionnelle que les Marseillais ont la chance et le bonheur d’avoir en leur ville.

Tout cela nous conduit à demander un renouvellement de la direction et la tenue d’une réunion extraordinaire du Conseil d’administration afin que soient repensés en profondeur la gouvernance, la stratégie, le projet et les ambitions du cipM.

La poésie est plus que jamais nécessaire en ces périodes barbares ! Sauvons le cipM, renouvelons le cipM !

Christian Poitevin (Julien Blaine), ancien adjoint à la culture de la ville de Marseille, revuiste, poète,
et tous ces poètes et auteurs qui sont non seulement poètes et auteurs mais fondateurs ou animateurs de festivals, de revues, d’éditions et de manifestations de poésie :

Nadine Agostini, Édith Azam, Nanni Balestrini, François Bladier, Jean-Pierre Bobillot, Didier Bourda, Julien Boutonnier, Hervé Brunaux, Arno Calleja, Didier Calleja, Xavier de Casabianca, Laurent Cauwet, Dominique Cerf, Claude Chambard, Isabelle Cohen, Sylvain Courtoux, David Christoffel, Jacques Darras, Franck Delorieux, Henri Deluy, Ma Desheng, Charles Dreyfus, Sylvie Durbec, André Gache, Joëlle Gardes, Xavier Girard, Liliane Giraudon, Jean-Marie Gleize, F. Guétat-Liviani, Christophe Hanna, Max Horde, Joël Hubaut, Jean Kehayan, A. Labelle-Rojoux, Jean-Jacques Lebel, G.-Georges Lemaire, Francis Livon, Christophe Manon, Marina Mars, Marie-Hélène Marsan, Béatrice Mauri, Jean-François Meyer, Yvan Mignot, Katalin Molnar, Hervé Nahon, Bernard Noël, Jean-Pierre Ostende, Florence Pazzottu, Charles Pennequin, Claire Poulain, François Poulain, Nathalie Quintane, Thierry Rat, Tita Reut, Cécile Richard, Jean Ristat, André Robèr, Hélène Sanguinetti, Éric Segovia, Pierre Soletti, Pierre Tilman, Daniel Van de Velde, Jean-Jacques Viton.

, , , ,
rédaction

View my other posts

7 comments

  1. Rémy ARCUCCI

    Transformez-vous sous une forme collégiale et tous ces problèmes là ne pourront plus qu’être de l’histoire ancienne ! Ce lieu j’en suis tombé amoureux avant même d’apprendre à vraiment le connaître, il a un potentiel encore inexploité et gagnerait peut être à être cultivé de manière plus collective, plus « dans l’air du temps ».

  2. Alleaume

    Le CipM est un outil essentiel qui doit servir la poésie d’aujourd’hui.
    C’est essentiel et vital dans notre époque tourmentée. La poésie est contemporaine est un art formidable dans sa capacité à produire des formes nouvelles, à créer un espace critique nécessaire, à jouer et brouiller les classifications entre le populaire et le savant.
    De l’air, de l’air dans le CipM pour tous-tes les amis-ies de la poésie.
    François

  3. julien blaine

    Le Centre international de poésie de Marseille (C.I.P.M.)
    en 5 ou 6 périodes
    Au C.I.P.M. quand on parle de période, ce n’est pas comme pour Picasso, il s’agit seulement de la
    couleur des couvertures :
    – Période grise du no 0 au no 38bis (mars 1990/mars 1995)*
    – Période tabac du no 39 au no 71 (avril 1995/décembre 1998)
    – Période rouille du no 72 au no 91 (janvier 1999/novembre 2000)
    – Période rouge du no 92 au no ? (janvier 2001/…)
    puis tout m’est apparu incolore…
    – Période transparente, donc ! Peu de choses s’y passe, presque rien, quelques rares obéissance aux …thèmes imposés par les pouvoirs publics plus ou moins incultes ; la période transparente
    s’accompagne et s’apparente à une gestion de plus en plus opaque, réservée.

    Période grise
    C’était un jour d’hiver de 1988, le ciel était bleu-fort sur le Vieux-Port et
    Robert P. Vigouroux m’attendait dans son cabinet à la mairie de Marseille. Et je n’eus même pas le temps de lire au plafond la liste complète de la longue
    succession des noms des maires que, déjà, nous étions assis face à face… :
    « Voilà, dit-il, si nous sommes élus, je te confierai quelques délégations à la culture…
    — Et à la poésie ? ajoutai-je
    — Et à la poésie ! concluait-il. »
    Ainsi, cette délégation fut créée.

    Nous fûmes élus et je repérai, alors, dans le quartier du panier (mon quartier), proche de la Vieille-Charité, pas très loin de l’Hôtel-Dieu, au-dessus, d’un côté :
    du clocher des Accoules, de l’Hôtel de Cabre, de la Maison-Diamantée, des immeubles Pouillon et Castel et dominant la mairie, le pavillon Puget, le pavillon Mazeau et le pavillon Daviel ;
    et, de l’autre : au-dessus du fort Saint-Jean, de la Major, sur les hauteurs de la calanque du Lacydon, de la Joliette, de ses bassins et de sa digue du Large ; un couvent restauré, isolé et provisoirement
    délaissé :
    Le couvent du refuge.
    Quel nom ! Pour créer un espace international pour les poètes !

    Le couvent était parfait et conviendrait parfaitement à la création de cet espace pour la poésie contemporaine et internationale, pour le poëme en chair et en os & à cor et à cri.
    Un lieu de manifestation, d’exposition, de travail, d’information, d’animation, de production, de dialogue, de lecture : une galerie, une bibliothèque, un théâtre ; le tout dans des proportions raisonnables, modestes aux dimensions de la poésie contemporaine.
    J’aimais assez que le public entre dans le couvent du Refuge par la rue des Honneurs et en sorte par la rue des Repenties.
    J’aimais encore davantage que la population du quartier ait métamorphosé les mots, ainsi la rue du Déshonneur était devenue dans leur bouche puis sur les plaques de rue la rue Des honneurs !
    (Les catins entraient au couvent « déshonorées » mais, reprises en main par les mains expertes des bonnes sœurs, elles en ressortaient « repenties », d’où le nom de la rue d’entrée du couvent et le nom de la rue de sortie.)
    Un autre jour, un jour de l’été 1989, comme aux plus beaux jours de la réputation de Marseille, celle établie selon le cinéma des années 50, un cortège de voitures officielles grises s’engouffrait dans les ruelles du Panier : la voiture des services « bâtiments-communaux » de la ville, celle du chef de cabinet, la voiture du maire et la mienne… Et le Refuge fut pris par la poésie.

    Il y eut dans cette première période des moments immenses comme ces
    « États Généraux de la Poésie » en juin 1992
    « Enseignement et poésie » en décembre 1993
    Les ateliers d’écriture « sens, rimes et raisons » pour les enfants du Rap et de la ritournelle en juin 1992, juin 1993 et juin 1994.
    « 10 ans de poésie directe », sous-titré « Attendez-moi, je reviens !2» en mars 1995.

    Quelques moments splendides :
    Ma Desheng avec cette autre voix
    Ghérasim Luca, le capteur
    Frédérique Guétat-Liviani et Evelyne Renaud les spiritu-elles
    et ce Japonais en grand kimono noir qui permit à quiconque de comprendre le japonais…
    Et John Giorno, et Franco Beltrametti, et Tom Raworth, et Esther Ferrer…

    Quelques expositions superbes :
    comme celle des poëmes de Kassak
    ou ceux de Bernard Heidsieck
    et celle des objets de Joan Brossa
    et celle des calligraphies de Pierre Garnier
    et les photographies d’Antonio Ria3, celles de Fabrizio Garghetti4 ou de Gianlucca Balocco.
    Et le faux-vrai passeport des Territoires nomades publié aux Éditions Inter de Québec au Québec.

    Quand je me pose, que je prends le temps de cette mémoire, de ces dix années écoulées dans la rue du Refuge et vers la place Baussenque, je me souviens des résidents étrangers et français des autres provinces (Paris compris) qui ont vécu quelques mois à Marseille pour y abandonner un de leurs
    livres :
    Jean-Luc Parant, Claudio Parmiggiani, Tom Raworth, Jerome Rothenberg, Sarenco, Victor Sosnora, Abderrazak Sahli, Franco Beltrametti, Pierre Garnier, Emmanuel Hocquard avec Juliette Valéry, Jean-François Bory, Eugenio Miccini, Bruno Montels, Giulia Niccolai pour ne pas les citer tous.

    Marseille, ville où vécurent Antonin Artaud, Germain Nouveau, Jean Malrieu, Gérald Neveu, Christian Guez, Léon-Gabriel Gros, Alexandre Toursky, Louis Brauquier (…)
    Ainsi, la ville qui a vu naître Antonin Artaud et mourir Arthur Rimbaud est toujours sur le passage d’Ulysse et s’est créé l’espace pour accueillir encore aujourd’hui les auteurs et les personnages du poème,
    disait Robert P. Vigouroux dans le no 0 des Cahiers du Refuge
    (mars 1990).

    C’est une des revendications essentielles de Marseille d’avoir toujours désiré un lieu : revue ou bar, café ou couvent ; d’avoir toujours exigé un espace pour que se perpétuent et l’écrire et le lire et le faire du poëme,
    ajoutai-je dans le no 1 de ces mêmes Cahiers (avril 1990).

    Une période que l’on pourrait aussi décrire et déclarer de manière statistique :
    près de 400 poètes invités
    près de 100 manifestations
    près de 50 expositions
    près de 40 Cahiers du Refuge
    près de 5 000 volumes en bibliothèque
    plus de 10 livres de poètes résidents édités
    plus de 20 000 visiteurs, auditeurs ou spectateurs.

    Période tabac
    Le Centre international de poésie de Marseille quitte le couvent du Refuge pour se retrouver derrière les grilles, au sein de la Vieille-Charité.

    Période rouille
    Rien à signaler.

    Période rouge
    Édition d’une revue jaune intitulée C.C.P. (le Cahier critique de poésie) très bénéficiaire à quelques-uns : éditeurs choisis et triés et largement déficitaires pour les autres.
    Sinon : R. à S.

    Les présidents se sont succédé à une cadence harmonieuse au début puis de plus en plus rapide : Jacques Roubaud, Michel Deguy, Alain Veinstein.

    Et depuis, dix années se sont encore écoulées et Jean Daive – le siégeant pérennisé – a succédé à Alain Veinstein et les périodes sont de mieux en mieux R. à S., excepté pour le personnel dont les
    départs salvateurs et les licenciements injurieux (un exemple parmi les licenciés et les démissionnaires : celui de Valérie Martos) se sont effectués selon des cadences infernales avec passage facultatif au Conseil des prud’hommes !
    Julien Blaine
    (mars 2005)
    25 années écoulées (& coulées ?).

    ————————————————————-
    *Février 1995, date de mes démissions :
    a/ du Conseil municipal de Marseille : «un acte éthique et esthétique», dixit Harry Bellet dans Le Monde.
    b/ du C.I.P.M.

    2.Éditions de la Réunion des musées nationaux (R.M.N.), Paris, 1995.
    3.Poesia diretta, Nuova Edizioni Gabriele Mazzotta, Milano, 1992.
    4.Fotolampo, Nuova Edizioni Gabriele Mazzotta, Milano, 1998.

  4. Jean-Marc Baillieu

    Mon commentaire au texte du 6 avril de Julien Blaine/Christian Poitevin figure non après celui-ci, mais après la réponse d’Emmanuel Ponsart…
    J-M B.

  5. Ponsart

    Pour information :

    Julien Blaine a dirigé le festival « Poésie Marseille » qui a existé de 2004 à 2014, il est possible de consulter les archives de ce festival mais seulement à partir de l’année 2007.
    Dans ce festival, donc, depuis 2007, julien Blaine a été
    programmé en 2007,
    programmé en 2008,
    programmé en 2009,
    programmé en 2010,
    programmé en 2011,
    programmé en 2012,
    programmé en 2013,
    programmé en 2014.
    Comme il le dit dans son courrier au Maire de Marseille :
    « Le manque d’innovation, la répétition des mêmes recettes, l’invitation des mêmes individus… »
    

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *