[Chronique] Denis Ferdinande, Astéroïdes, par Christophe Stolowicki

[Chronique] Denis Ferdinande, Astéroïdes, par Christophe Stolowicki

octobre 11, 2018
in Category: chroniques, Livres reçus, UNE
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[Chronique] Denis Ferdinande, Astéroïdes, par Christophe Stolowicki

Denis Ferdinande, Astéroïdes. Un carnet de notes, Atelier de l’agneau, coll. « Architextes », septembre 2018, 114 pages, 16 €, ISBN : 978-2-37428-016-5.

Sur le prurit d’un agacement léger dansant comme la cigale, un fourmillement de pensées naines que l’écriture draine, enchaîne, enchâsse, un contingent de joyaux distribués dans l’alternance en escalier, dans le beat à deux temps têtu trompeur d’un hard rock qui d’un texte pleine page en note un peu verticale respire – ne pas se fier à l’apparence lisse binaire d’un livret alternant pleine page son corps principal et en notes ménageant du blanc son corps cadet, nous frustrant du corps puce en bas de page de vraies notes que des astérisques distribués au pénultième hasard appellent, rappellent, appelants comme l’oiseau mutilé, de tout un corpus critique chaotique prédateur. Astérisques échus à point innommé, nommés astéroïdes que « qui a jamais vu[s] de ses yeux vu ? » confond volontiers avec « météorites, astres et météores » ; alunis de préférence dans le corps principal, incestueux s’égarant parfois dans les notes et qu’absorbe par exception une torrentielle chute.

Frotté de syntaxe mallarméenne un art de la digression qu’anime une ponctuation émotionnelle, une syncopée dentelle tout en méandres, incises et affluents, embranchements, bifurcations de labyrinthe, se rétablissant à l’abrupt, tant couru le marathon que s’y loge un éclat de sprint, ou de verre dans le cœur d’un oiseau de passage qu’a trompé la franchissable vitre. Onirique gigogne de mille & une nuits.

Réflexions sur l’écriture qu’appelle le récit, les notes bientôt infusent ce qui de narration demeure à telle enseigne que la scène sombre dans l’empeigne d’une chaussure à son trépied – d’un « soit dit en passant », d’un double astérisque notifié le cran d’intériorité dont se resserre la resserre, la desserte, la tautologie.

Phrases de réveil. Autre sujet le temps, en récolte, émerveillement ou en murmure, découvrir son temps, son aoriste onirique, son plus-que-présent, son parfait qu’en grec on traduit toujours au présent, le temps du rêve que la grammaire a négligé ; les mots à présent se rapportent à ce qui les porte, de rêve en rêve le journal approfondit sa cohérence réflexive, et l’amour fait, à faire, y devient repère, reperd ce qui l’a motivé, une irrépressible angoisse.

À deux voix, peu clivées. En reprises, à gros fil et à torons de nacre, d’un en deux de corps un en corps deux encordé sur l’à pic et sur l’aléatoire. Corneille en prose, racine carrée. Dans la retraite, dans le retrait, dans l’amalgame les thèmes s’emboîtant, en dérive au cours long épique, Odyssée ou exode contemporains, par voie de terre de déserts pavée de plages. De « syntaxe déréglée », « dissémination de virgules », de déprise en déconstruction, à mi-chemin du rêve et de la résidence d’écriture dans une Cordoue plus imaginaire que rêvée, un verbe défectif pour salut, un « dépourvoir » pour ultime vue sinon la préhistorique anfractuosité de roche où loger sa sacoche d’écrivain vagabond – le récit du non-récit expansé, rétréci, enrichi de café en café, cinq à sept, de trois supplémentaires cahiers.

Effets d’hiver que lustrale commente la photographie de couverture de Françoise Favretto de la place Monge prise par le gel, recadrée comme en sortie de rêve sur les capitales de METRO sur fond amarante et de squelettes d’arbres.

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rédaction

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