[Livres - news] Spéciale Al dante

[Livres – news] Spéciale Al dante

novembre 6, 2014
in Category: chroniques, Livres reçus, News
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[Livres – news] Spéciale Al dante

Samedi à La Ciotat, RV avec deux écrivains originaux (Bergen, Bertin) qui attestent, s’il en était encore besoin, de la richesse du catalogue Al dante ; on découvrira leurs derniers livres parus : Marilyn, année zéro ; La Peau sur la table / Autoportrait. [Attention, la rencontre de ce soir au Monte-en-l’air est annulée]

 Le rendez-vous

 ► Samedi 8 novembre à 18H, La Boutique à La Ciotat (8, rue des Frères Blanchard) : rencontres avec les auteur-e-s Véronique Bergen et Jérôme Bertin, qui liront des extraits de leurs derniers ouvrages, parus aux éditions Al Dante.

La peau sur la table de Jérôme Bertin
http://al-dante.org/shop-4/jerome-bertin/la-peau-sur-la-table-suivi-de-autoportrait/

Marilyn, naissance année zéro de Véronique Bergen.
http://al-dante.org/shop-4/veronique-bergen/marilyn-naissance-annee-zero/

 

 

Présentation des livres

►  Véronique Bergen, Marilyn, naissance année zéro, Al dante, automne 2014, 296 pages, 17 €, ISBN : 978-2-84761-763-4.

"La vie n’est qu’une question de portes à franchir" (p. 9).

MM… comme Marilyn au Miroir – où elle se construit en "bimbo sexy"… MM, comme Martin Mortensen, le mari-de-sa-mère-qui-n’est-pas-son-père… MM, comme Maladie Mentale… Diagnostrique de la célèbre Anna Freud : grossesse extra-utérine d’une mère psychotique associée à la mort et à l’analité / "fille de personne" en perpétuelle quête du père… « "Nymphomane, exhibitionniste, besoin pathologique de séduire" » (80) / « "Faux self, ego à renforcer, compulsion sexuelle consécutive à des abus précoces, à des viols" » (81)… Qui es-tu Marilyn ? Une "femme-enfant troublée", "un poids mort qui danse au bord du gouffre" (105)… une "star de plastique et de vomi" (123)… "je suis une fente qui s’ouvre à tous vents car je suis fissurée de naissance" (171)…

Après Edie. La Danse d’Icare, épopée trash consacrée à Edie Sedgwick (1943-1971), l’actrice et mannequin qui a représenté "la Marilyn Monroe de la contre-culture", celle dont l’"état naturel, c’est le manque", voici une autre biofiction pour constituer un diptyque. (Rappelons l’enjeu de ce type de texte : "passer le matériau brut de vies au travers du prisme de la fiction […] redonner vie, couleurs, voix, étoffe à des personnes réelles coulées dans les eaux de l’imaginaire ne va pas sans le souci de laisser intacte leur part d’ombre"). Edie/Marilyn ombre et lumière, Eros et Thanatos…

En sept temps forts ("L’Enfance", "Le Temps Marilyn", "Daddy", "Blondeur", "Les Chiffres", "MM", "Le Gouffre"), ce récit caractérisé par sa polyphonie et son éclatement spatio-temporel évoque avec brio le destin tragique de la Blonde mythique : dans les nombreuses sections – datées de 1933 à 1975 -, sur fond de star system et d’intrigues politico-mafieuses (Century Fox, Cosa Nostra, clan Kennedy, FBI…), s’entremêlent de multiples voix (avec un dialogue intérieur poignant entre la star et la fille bègue qu’elle est toujours au fond d’elle-même – Norma Jeane) qu’orchestre un phrasé vertigineux que l’on pourrait appeler érotopoétique.

 

► Jérôme Bertin, La Peau sur la table, suivi de Autoportrait, Al dante, septembre 2014, 80 pages, 11 €, ISBN : 978-2-84761-762-7.

Georges Hyvernaud n’avait plus que la peau et les os… Jérôme Bertin, lui, pour dresser son autoportrait, met la peau sur la table, façon pèse-nerfs. Et il est vrai qu’il est fort énervé, celui qui entend "réaffirmer le lien entre littérature et politique" (p. 37), et qui "a un faible pour les fables par balles" (50) : après avoir confié qu’il "rêve d’un livre arme" (36), il lui faut "écrire avec du sang" (55), une "tempête de mots 16 mm", "mettre le poème à feu et à sang" (57)… Et il est vrai que d’emblée plane l’ombre d’Artaud le Momo : "ARTAUD AVAIT RAISON. C’est le monde qui est devenu un anormal. Le ricanement bébête comme éthique. Le cynisme c’est le rire du fort".

Face à ce monde devenu fou, l’écrivain recycle et détourne lieux communs et clichés, mots cultes et mots cuculs, les grands mots et démons de la littérature : ainsi avons-nous affaire, avec La Peau sur la table et Autoportrait, à "une espèce de cut up d’un monologue intérieur" (44). L’écriture sismographique de Jérôme Bertin propose un phrasé qui multiplie les télescopages et dérapages phoniques/sémantiques : Les chefs de sévices les présidents fromage… L’enfer du cac la sodomie talc… Les trafics d’orgasmes rapportent gros… La polio médite… Un dernier pour la déroute… Silicone balai dans le cul…

 

 

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Fabrice Thumerel

Critique et chercheur international spécialisé dans le contemporain (littérature et sciences humaines).

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