[News] News du dimanche

[News] News du dimanche

janvier 25, 2009
in Category: News, UNE
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  En cette dernière semaine de janvier qui devrait connaître une certaine agitation sociale (29 janvier et 30 janvier), nous vous proposons une livraison spéciale des Libr-Éclats, en plus des Livres reçus : Éric Sadin, Nina Yargekov, S. Legrand & S. Le Pajolec, Peter Brook et Georges Banu avec Grotowski et les revues Revue Internationale des Livres et des Idées et L’étrangère.

Libr-Éclats

Sus à la monocratie !

Contre la girouette politique qui s’agite au gré des vents, pointant vers l’ultra-libéralisme en 2007, avant de faire virevolte-arrière – tout en faisant incliner la Providence étatique vers les banques machiavéliques -, contre le polipopuliste qui prône le plus pour donner le moins (comment s’étonner après cela qu’il ne supporte pas Mme de Lafayette et son art de la litote !), contre les dérives monarchisantes de l’incontrôlable qui entend tout contrôler – le Parlement, les médias, la justice, la culture, ou encore l’éducation (nationale) -, contre les dérives secturitaires du pécheur d’eau trouble qui s’est fait élire par nos peurs et contre nos valeurs,
se multiplient dans différentes sphères sociales,
sur internet, dans des livres ou dans la presse
des points de vue critiques, des satires, des caricatures, des appels à la désobéissance…

À ce propos, on notera l’audace du dernier numéro de Télérama, dont la couverture assimile la politique menée par le chef de l’état à un produit nocif pour la santé démocratique, et dans lequel le président du Conseil constitutionnel, Robert Badinter, n’hésite pas à qualifier de "monocratie" le système politique actuel.

Et maintenant ?
À nous de rester libres & critiques
de penser et d’agir
si l’on ne veut pas (re)vivre l’invivable…

Par exemple, on pourra participer à cette opération drôlement critique proposée par Jacques Drillon et Fabrice Pliskin sur Bibliobs, le SARKOTHON : à l’occasion de son anniversaire, ramener le prince dans le droit chemin des Lettres par l’envoi de livres et conseils de lectures… En tête, Surveiller et punir de Foucault, Le Rire de Bergson, La Culture générale pour les Nuls
On trouvera ci-après le projet et le modèle de lettre… /FT/

@ "Le 28 janvier, Nicolas Sarkozy aura 54 ans, et il souffre d’une maladie, l’allergie à la littérature. C’est pourquoi nous lançons une grande opération thérapeutique: redonner le goût de la lecture à l’ennemi personnel de Mme de La Fayette.

Monsieur le Président,

Serait-ce à force d’admirer les chiffres sur le cadran de votre Breitling que vous avez pris les lettres en horreur? Vous nous rappelez sans cesse que le but de notre vie, c’est de gagner plus. Hélas, sous votre présidence, les Français n’ont plus d’argent. Des «cinq ou six cerveaux» que vous prête votre moitié, aucun ne semble stimulé par la chose écrite. La chose comptée vous importe seule, et il n’est pas jusqu’aux sans-papiers, êtres humains parmi les êtres humains, que vous ne dénombriez par paquets de mille. Un texte, semblez-vous demander, combien de divisions ? Les richesses d’un livre, la multiplicité des tons et des voix sont lettre morte pour vous. Pourquoi reconduire à la frontière de votre conscience cette diversité-là ?

Vous nous souhaitez bonne année dans la bibliothèque de l’Elysée, mais ses livres trop bien rangés montrent assez que vous n’en avez lu aucun ; vous aimez à vous parer d’Aimé Césaire et de Claude Lévi-Strauss comme d’un people et d’un top model, et tout le monde sent bien que c’est pour le show et la chanson. Après cela, étonnez-vous, Monsieur le Président, qu’on aille vous classer dans la variété. Et si, au lieu de «faire du chiffre», vous faisiez des lettres ? D’où le Sarkothon 2009.

En guidant vos lectures, nous voudrions tempérer un peu votre « fureur d’accumuler », comme dit La Fontaine, et vous redonner le goût de notre patrie, de sa grandeur spirituelle et de son histoire littéraire. Puissent ces quelques ouvrages favoriser votre retour au pays natal".

Liberté, Égalité… censuré : La pièce 47 de Raharimanana, pour traiter de la révolte malgache du 29 mars 1947 contre la colonisation française, a été censuré en décembre dernier par le Ministère des Affaires étrangères [lire]…

► Ne manquez pas les 50 éclats que propose la revue Mouvement, l’interdisciplinaire des arts vivants [dans ce cinquantième numéro trimestriel qui ouvre l’année, vous y (re)parcourrez les 50 numéros parus en dix ans], en plus des Quartiers libres (Nadj, Raharimanana, Foucart, …) et des Profils (Dupuy, Jeck, Barker, Lagarrigue, Berdaguer & Péjus, Federman…).

Livres reçus

[+] Eric Sadin, Surveillance globale, Enquête sur les nouvelles formes de contrôle, ed. Climats/Flammarion, 237 p. ISBN : 978-2-0812-2297-7. 20 €.

La question de la surveillance est bien connue. En France une des références reste Surveiller et punir de Michel Foucault, montrant comment cette logique se construit. Éric Sadin revient sur cette logique, mais à partir des nouvelles technologies et de l’observation  qu’il a pu faire notamment au Japon. Cartes d’identité et passeports biométriques, caméras de surveillances, puces, bases de données, peu à peu tout au long de son analyses très référencée, qui ne se refuse jamais au questionnement philosophique, il montre comment s’est instauré sous l’impulsion tout à la fois idéologique et d’une fascination de la puissance technologique, un nouvel ordre de la surveillance venant redoubler ce qu’avait observé Foucault. Redoubler, car ce qui me paraît le plus pertinent dans son livre, ce n’est pas tant la partie sur les technologies actuelles et les dérives politiques, abondamment mises en critique depuis des années, mais bien la dernière partie de son livre, sur l’horizontalisation de la surveillance, qu’il fait remonter au familistère de Guise, mis en place au milieu du XIXème siècle par Jean-Baptiste Godin. Car si, pour une part il y a là une forme d’utopie concrète qui s’est instaurée, reste que le fonctionnement d’une surveillance généralisée et horizontale s’est instituée. L’horizontalisation de la surveillance, renverse le paradigme d’Orwell, de 1984, au sens où elle ne fonctionne de moins en moins à partir du pouvoir, mais de plus en plus à partir de l’assimilation de la part du citoyen de la nécessité de devenir un relais (citoyen-relais en France) du pouvoir de surveiller. Incarnation de ce qu’avait pressenti Blanchot dans Le Très-haut, Eric Sadin, explique qu’en-dehors de l’occident certaines sociétés fonctionnaient déjà selon cette horizontalité : telle la société japonaise : "au Japon, marqué par le confucianisme, le contrôle de soi et des autres constitue une norme sociale. (…) L’observation mutuelle entre individus corrrespond à une dimension anthropologique en quelque sorte transhistorique" [pp.202-203]. Sociétés, où les hommes se surveillent, ont les moyens de tout surveiller et de faire circuler cette surveillance généralisée via le tissu technologique des moyens de communication (internet entre autres). Dans l’ensemble ce livre d’Eric Sadin, beaucoup plus lisible que certains de ses textes antérieurs qui multipliaient à outrance parfois un vocabulaire tech’ reposant sur de nombreux néologismes, aborde parfaitement une transformation intentionnelle de l’homme contemporain, qui pourrait répondre du paradigme sartrien de l’enfer : le regard d’autrui dont on ne peut s’échapper. /PB/

[+] Stéphane Legrand & Sébastien Le Pajolec, Lost Album, éditions Inculte, coll. "Afterpop", 2009, 306 pages, 16 €, ISBN : 978-2-916940-11-3.

« Phil Spector disparaîtra un jour, comme toute chose en ce monde. D’aucuns affirment d’ailleurs que cela lui est déjà arrivé une fois, le 23 novembre 1973. Mais Sa Musique vivra en nous pour toujours. »

"De l’album Let it be des Beatles aux tubes d’Ike et Tina Turner en passant par l’invention du « Wall of Sound », Phil Spector a produit quelques-uns des plus grands sons du xxe siècle. Lost Album vient aujourd’hui compléter sa discographie. Composé de douze morceaux originaux dans lesquels résonnent les voix de ceux qui l’ont côtoyé, ce roman-album dévoile la personnalité complexe, pétrie d’angoisse et de burlesque, du producteur légendaire. Au moment même de la sortie de Lost Album, Spector fait de nouveau parler de lui : après un premier procès avorté, il se retrouve pour la seconde fois sur le banc des accusés pour le meurtre de l’actrice Lana Clarkson, retrouvée morte dans son manoir, d’une balle dans la tête. Le substitut du procureur Alan Jackson a d’ores et déjà déclaré aux jurés qu’ils connaîtraient bientôt « le vrai Phil Spector ». En attendant le dénouement du procès, prévu pour le début de l’année 2009, Stéphane Legrand et Sébastien Le Pajolec dressent un portrait fantasmé du plus célèbre génie de la pop américaine des 60s-70s".

[+] Peter BROOK et Georges BANU, Avec Grotowski, traduit de l’ anglais par Valérie Latour-Burney, Actes Sud, 2009, 160 pages, 15 €, ISBN 978-2-7427-8004-4.

"Dès leur première rencontre, dans les années 1960, et jusqu’à la disparition de Jerzy Grotowski (1933-1999), Peter Brook a saisi l’importance de cet homme extraordinaire et mis en valeur ses choix radicaux. Grâce à des textes, des prises de parole, des témoignages, nous suivons dans ce livre de l’amitié la trajectoire du metteur en scène polonais, de la quête d’une forme "parfaite" à l’"art comme véhicule". Mais le metteur en scène anglais pointe aussi sa différence, son besoin du public et de l’impureté élisabéthaine. Il ne commente pas , il dialogue avec Grotowski. Toute une vie"

[+] Nina Yargekov, Tuer Catherine, ed. POL, 250 p. ISBN : 978-2-84682-278-7. 18€.

"Minable Héroïne de seconde zone, Catherine est un personnage de fiction sans roman fixe qui a eu l’indécence d’élire domicile dans mon corps. Au départ, je m’étais faite à l’idée d’être deux : je suis partageuse, comme fille, moi. Mais le problème est parfaitement incompatible avec la vie saine que je m’efforce de mener : elle est obsessionnelle, monomaniaque, hystérique, et j’en passe. Aussi ai-je décidé de l’éliminer. Définitivement."

Revues reçues

[+] L’étrangère, revue de création et d’essai, n°20, 141 p. ISBN : 978-2-87317-337-1, 15 €.

Très bon numéro de L’étrangère. Tout d’abord, il faut absolument lire l’article de Jean-Pierre Burgart : Le ready-made original et sa doublure [pp. 11-36]. À partir de la question du ready made de Duchamp et de l’analyse du déplacement de la valeur d’usage esthétique vers la seule valeur d’échange économique  dans un marché en voie de suprématisation, il montre comment le marché de l’art se constitue au XXème siècle. Si Duchamp ainsi marque et signe le XXème siècle en tant qu’artiste qui aurait le plus influencé la création, ce n’est pas tant par le geste esthétique de sa création, mais par la logique d’échange qui va s’opérer à partir de son oeuvre : "l’oeuvre est devenue intégralement et exclusivement marchandise" [p.28], logique d’échange non pas sur l’original (qui lui-même est déjà un élément dans une série produite industriellement) mais sur les doublures. C’est pourquoi, Jean-Pierre Burgart, très critique, peut conclure, en écho de Baudrillard : "il n’y a pas lieu de s’étonner que l’art contemporain jubile de sa propre nullité; c’est en elle qu’il trouve sa jouissance et sa victoire (…) La nullité, fruit inestimable de l’anesthésie, met l’oeuvre à l’abri de toute critique, de toute contestation, de tout échec; elle est la meilleure garantie de la sincérité des transactions" [p.30]. Mais on lui répliquera qu’il y a quand même un intérêt esthétique, puisqu’il y a analyse et critique des oeuvres. Cepdant ce serait inverser la cause et l’effet, à savoir que pourquoi y a-t-il approche critique, et intérêt souvent pseudo-esthétique, c’est d’abord parce qu’il y a eu attestation par un marché. Les enjeux esthétiques "constituent un fonds de commerce pour les critiques, les universitaires et les conservateurs" [p. 35], en fait selon une logique bourdieusienne, ces enjeux entrent dans un autre marché, celui de la reconnaissance symbolique d’un pouvoir du point de vue du capital culturel.

Dans ce numéro aussi : un inédit de Bernard Desportes, Tout dire. Entre poésie, monologue scénique, dans Tout dire, on retrouve ce qui caractérise l’oeuvre de Desportes, l’exploration de la ruine et du noir qui constitue toute présence humaine. "Gros tas de temps en ruine entassé en moi, fond de moi". Présence nue, d’un corps, qui veut parler, qui parle, mais qui parle dans la difficulté de la parole, dans la difficulté d’un dire qui étrangement se dédit, s’interdit de par la présence elle-même. Car la présence est hantée, comme elle l’est souvent chez Desportes, mais hantée non par ce qui caractérise la psychè occidentale (le cercle familial par exemple), mais hantée par la présence elle-même. Et c’est cela qui est fascinant chez Desportes, c’est que la présence hante la présence, car la présence n’est jamais indemne d’elle-même : elle est monstrueuse d’intensité, monstrueuse car elle porte sa propre mort en permanence, monstrueuse car pour parvenir à être, elle doit tout à la fois s’affranchir d’elle-même, pour mieux se retrouver. "Encore mots dans bouche" [p.96]. Tout dire, n’est pas alors une prescription ou un contrat sur l’avenir. Ce n’est pas ce qui ouvre, mais c’est ce qui signe ce qui a eu lieu, et que l’on doit poursuivre. Tout dire, c’est ce dire qui déjà depuis longtemps, dans "des carnets, des cahiers … entassés dans cave" s’est dit, qui appelle encore à dire, si cela se peut, si la parole ne s’effondre pas dans elle-même dans son noir intensif. Tout dire est la vie qui s’écrit : "Toute une vie… petits signes noirs… fil des ans…. millions de petits signes noirs… lavables" [p.105].

On lira aussi Mathieu Brosseau, et l’extrait qu’il nous donne à découvrir de son prochain livre : La nuit d’un seul à paraître à La rivière échappée. Ici au-dedans de soi : découverte de l’étranger, de cet Unheimlichkeit, mais au sens propre, comme si l’intérieur de soi était paysage, était étendue, était un continent de peuples de langue qui tissaient l’intériorité. Soi : ouvrir soi comme une boîte et voir dans la boîte ce qui s’y joue. Ouvrir en tirant ? Pistolet, blessure sans suture possible. Naître et ne pouvoir en sortir de la naissance. Soi, au-delà de la fêlure, au creux intime de soi, dans le pli : se découvrir autre. Cette altérité découverte, il la matérialise par les langues qui viennent suspendre chaque paragraphe distinct. Hébreux, arabe, allemand, italien, grec, toutes ces langues tout à la fois referment une approche poétique de l’étrangèreté de soi, et ouvrent une suspension, une tension du texte. les langues ne sont pas là comme éléments formels, mais bien comme nécessité de l’approche de cette turbulence en soi qui nous se donne comme tornade, vies marines, cuve de toutes les altérations. /PB/

[+] La revue Internationale des Livres et des Idées, n°9, ISSN: 1959-6758, 5 €. Comment présenter, sans la trahir, cette revue hors-norme dans le paysage éditorial français. Revue hors norme, tant dans son projet que dans son résultat éditorial.

1/ Le projet : Le projet est celui, comme le rappelle l’éditorial qui revient sur plus d’un an de publication, de transmettre des oeuvres non pas selon une forme de chroniques rapides, comme d’ailleurs nous le faisons majoritairement ici, mais selon une approche réflexive réelle, qui se donne le temps de l’analyse, de la mise en relation des textes, de la mise en question de ce qui est dit dans les livres. La RILI concerne surtout les textes de sciences humaines, aussi bien philosophiques, qu’anthropologiques ou sociologiques. C’est ainsi que les articles qui la constituent ne sont pas de petites notules, mais peuvent parfois dépasser les 25000 caractères, et que leur angle n’est pas celui de la brosse à reluire, mais de saisir tout au contraire les enjeux philosophiques qui sont développés dans les publications choisies. Dès lors, il ne faut pas lire les articles de la RILI comme des comptes rendus, mais bien comme des articles de réflexion qui s’appuyant sur des pensées actuelles, tentent aussi bien de les synthétiser, que de les poursuivre ou bien encore de les questionner.

C’est ainsi que si nous prenons pour exemple le premier article, celui de Yves Citton, sa réflexion sur La passion des catastrophes se déroule sur 5 pages Tabloïd, et croise non pas seulement un livre, mais 5 essais publiés en 2008, concernant la catastrophe (Anne-Marie Mercier Faivre et Chantal Thomas, L’invention de la catastrophe au XVIIème siècle. Du châtiment divin au désestre naturel; René Riesel et Jaime Semprun, Catastrophismes. Administration du désastre et soumission durable. Frédéric Neyrat, Biopolitique des castastrophes. Christopher L. Miller, The French Atlantic Triangle. Literature and Culture of the Slave Trade et pour finir François Walter, Catastrophes. Une histoire culturelle XVIème – XXIème siècle). Cet article, se nourrissant des livres  qu’il aborde, démêle les enjeux de la catastrophe comme modalité intentionnelle dominante dans une société post-11 septembre. En ce sens loin, de n’en rester qu’à la répétition, ou la transmission des idées, il les interroge, afin de constituer sa propre pensée, qui trouve – in fine – sa forme dans une conclusion en trois temps : a/ "l’horizon de la catastrophe peut rester un instrument utile pour faire sauter le verrou gestionnaire dont s’aveuglent les apothicaires de la croissance"; b/ "il convient" cependant " de se méfier de la biopolitique des catastrophes" au sens où elle pourrait aboutir à un pouvoir liberticide ne faisant qu’accrôitre l’anxiété générale, paralysant tout rapport d’ouverture au futur. c/ de sorte qu’il faut changer notre rapport d’habitation du monde, ne plus penser d’une manière anthropocentrique, mais bien se resituer dans une "approche relationnelle", de coexistence réciproqu avec la nature, en tant que nous serions tous dans une "inextricable communauté d’affection".

Chaque article de la RILI fonctionne ainsi selon cette ouverture de la pensée, et de là monttre que lire n’est pas seulement recevoir et apprendre, mais bien penser. Il n’y a pas de lecture sans reflexion, sans une ouverture critique. Trop souvent malheureusement, que cela soit des chroniqueurs, ou pire les éditeurs ou écrivains, est attendue seulement une réception passive, attestant selon leur propre logique et leur propre construction de soi, de ce qui a été publié. Nous en savons ici quelque chose. La RILi déborde totalement ce cadre, en tant que chaque article nous ouvre à une réflexion poussée, et dès lors invite à se saisir des livres mentionnés selon une approche critique.

2/ Le travail éditorial : ce qu’a entrepris la RILI est une ouverture des champs. Il suffit de lire le sommaire de ce dernier numéro pour s’en rendre compte. Ainsi si pour une part les articles se concentrent sur les publications d’essais concernant le politique, la sociologie, l’anthropologie, etc, reste que bien d’autres champs apparaissent.

Il suffit par exemple de voir les articles qui concernent la littérature ou les arts : Marielle Macé à propos de La République mondiale des Lettres de Pascale Casanova, Dork Zabunyan à propos de Design & Crime de Hal Foster et de Le Spectateur émancipé de Jacques Rancière ou encore l’article de de Grégory Salle sur Chroniques carcérales de Jann-Marc Rouillan. Ces articles, s’ils se concentrent sur des oeuvres appartenant à la littérature ou à l’esthétique, toutefois montrent par leur acuiité, en quel sesn les enjeux ne sont pas propres seulement à ces domaines mais entrent bien évidemment en écho avec d’autres champs.

La RILI ainsi ouvre l’horizon des champs abordés, car ce qui la dirige n’est pas une spécialisation dans un domaine, mais bien plus de saisir quelque soit le domaine, là où une réflexion se constitue avec pertinence. Et, il est vrai que dans cette ère, où le discours dominant est à la trivialité du critère quantitatif de la productivité (il n’y a qu’à voir le dogme de la grille d’évaluation et du résultat de notre gouvernement), aussi bien la littérature que l’esthétique amène à réfléchir sur d’autres formes de rapport au monde et aux êtres.

C’est dans ce cadre là, que la RILI a tissé un partenariat avec sitaudis le site de Pierre Lepillouër. dans chaque numéro, des textes poétiques sont publiés. dans ce dernier : nous pouvons lire un texte de Jean-Claude Pinson et un autre de Guillaume Fayard. Cette percée est intéressante, car elle ne vient pas comme supplément, mais elle vient participer de la logique générale de la RILI. Si la RILI, défend une forme de liberté de la pensée, ce n’est pas pour seulement se concentrer sur la seule rationalité critique, mais c’est aussi pour s’ouvrir aussi aux autres formes possibles de penser : par exemple la littérature.

De même l’iconographie entre dans une même perspective d’ouverture. Les images ou photographie dans la RILI ne sont pas illustratives, mais bien des créations originales de dessinateurs, ou bien de photographes. Dans ce dernier numéro, il s’agit des photographies du Comité un-visible. Photographies d’espaces urbains, où des silhouettes, des corps, s’esquissent dans leur épuisement, dans une forme d’anesthésie du lieu, d’inhabitation généralisée. Le lieu urbain donné à voir comme lieu qui rend KO, qui court-circuite la vie, lui imposant un épuisement à la mesure de sa démesure de réseaux et d’artères. Toutes ces photographies qui se succèdent dans le numéro, donnent une unité esthétique et thématique beaucoup plus forte que la logique d’illustration des articles.

La RILI apparaît donc comme un des lieux importants pour l’approche critique des publications. Paraissant tous les deux mois, nous ne pouvons qu’inviter à s’y abonner, son prix étant en plus très abordable./PB/

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rédaction

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