[News] News du dimanche

[News] News du dimanche

février 15, 2009
in Category: News, UNE
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   De nombreuses réceptions cette semaine. Dont certaines très belles, tel Le travail de Rivière de Laure Limongi, au graphisme remarquable de Fanette Mellier. À découvrir donc Poétique(s) du numérique, Tous les soirs de ma vie d’Isabelle Zribi, le Syd Barrett de Jean-Michel Espitallier, ou encore Et que morts s’ensuivent de Marc Villemain.

 [ News diverses ]

[+] Comme nous l’annoncions il y a de cela deux jours, l’aventure de la structure Inventaire/invention tire à sa fin comme l’explique dans sa lettre Patrick Cahuzac.

[+] Réouverture enfin du site des éditions Al dante. Un site pour l’instant en construction, mais qui permet de suivre toutes les sorties et de voir quelques photographies notamment du dernier Manifesten qui s’est tenu à l’automne à Limoges.

[ Livres reçus ]

[+] Isabelle Zribi, Tous les soirs de ma vie, ed. Verticales, ISBN : 978.2.07.012409.1, 15 €.

(présentation 4ème de couverture)   « Alors que je m’exerce à marcher aux côtés de C., m’apparaît le caractère risible de la tristesse dont aucun soir de ma vie ne m’a dispensé. »

Tous les soirs de ma vie est un monologue intérieur qui se joue en une seule nuit, le temps d’une rencontre entre la narratrice et C., une presque inconnue à la silhouette magnétique. Au cours de cette escapade en forêt, leur complicité naissante va mettre à l’épreuve le pessimisme de celle qui, tous les soirs de sa vie, a mesuré l’inconsistance du monde et égrené le chapelet des espoirs déçus. Sentinelle du pire postée à sa fenêtre, elle s’est longtemps plu à théoriser sa paralysie existentielle, à la préméditer même, oscillant entre mélancolie et jubilation. Jusqu’à cette fugue libératrice à l’issue incertaine.
Le récit d’Isabelle Zribi s’écrit avec une économie de mots ciselés au plus juste et résonne in fine comme une apologie paradoxale du sentiment amoureux, en sa plus simple expression.

(Notes de lecture) En 2007, Isabelle Zribi nous proposait un livre très réussi avec Bienvenue à Bathory. Imaginaire SF, d’un monde de vampire, où régnait luxure et sexualité. Fiction hyperbolique d’une société permettant de développer une quasi-anthropologie politique des relations entre pouvoir, média et population. Tous les soirs de ma vie s’écarte énormément de ce qui fut tenté à l’époque. De facture très classique, même s’il  y a des formes de ritournelles poétiques (notamment avec le début récurrent des paragraphes "tous les soirs, tous les soirs de ma vie"), nous suivons un monologue, celui d’une narratrice qui rencontre C. Alors que la narratrice, explique, qu’avant cette rencontre "il existait davantage de probabilités que rien ne lui arrive" [p.59] car "tous les soirs, tous les soirs de <sa> vie, <elle a> annéanti scrupuleusement toute possibilité qu’il survienne quelque chose" [p.83], rete que ce récit ego-fictif, apparaît manquer d’intensité, tout aussi bien dans son épaisseur qu’au niveau de sa style. Alors que nous allons bientôt chroniquer le dernier livre de Chloé delaume mais aussi de Nina Yargekov, Tuer Catherine, tous les deux très réussis au niveau de l’ego-fictif, réussissant parfaitemen la synthèse entre énonciation monologuée et de l’autre réflexivité fictionnelle de soi, dans le livre d’Isabelle Zribi, tout semble tenu dans une forme trop limpide, sans ampleur. /PB/

[+] Poétiques du numérique, ouvrage collectif issu du colloque coordonné par APO33 et le CERCI, sous la direction de Sophie Gosselin et e Franck Cormerais. éditions L’entretemps, ISBN : 978-2-9122877-98-7, 19€.

(Notes de lecture) Un très bon colloque, où les questions, dans la plupart des interventions sont pertinentes et viennent bousculer souvent des slogans des champs artistiques ou poétiques. Ainsi, si on reprend la question que pose dans son Apostille à une poétique du numérique Franck Cormerais, on comprend immédiatement tout à la fois la tonalité de la recherche, et sa possible impertinence vivifiante : "La poétique du numérique pose la question que peut l’art?, et non pas la question à quoi bon les poètes?". Trop souvent depuis Hölderlin, cette question a été reprise à commencer par Heidegger qui s’ets fait l’incubateur de la doxa poétique. À quoi bon les poètes, en temps de détresse, se donne un peu comme une forme d’étape obligé dans la réflexion. Alors qu’ici, Franck Cormerais, déplace parfaitement la question : non pas la raison seulement la question du poète, de sa justification, y compris époquale, mais bien de la possibilité d’ouverture de l’art. Que peut l’art, notamment dès lors qu’il rend compte, rencontre, dans sa manière d’agencer et d’articuler, de la réalité politique ? La poétique du numérique n’est pas ainsi d’abord et avant tout la mise en question de la poésie dans le numérique, mais en quel sens le numérique comme matière élaborée (programmée et agencée) pose la question de sa puissance. Puissance tout aussi bien questionnée quant à ses possibilités techniques (et je ne soulignerai jamais assez que la question du numérique est inséparable de celel de son médium, lié à la programmation et à l’électronique, et qu’il ne s’agit pas seulement de quelques bidouillages plus ou moins pertinents sur des logiciels déjà constitués), que quant à ses potentialités impactuelles sur un récepteur ou bien une situation déterminée. C’est ainsi que dans son article Franck Cormerais montre comment les avant-gardes poétiques participent au pouvoir politique hégémonique en ontologisant la création à partir de l’artiste. Le pouvoir du numérique qu’il tente d’expliquer, serait à l’inverse cette puissance permettant peu à peu, la participation et la contribution de chacun à des processus numériques globaux, ne faisant plus la différence entre créateur/spectateur./PB/

[+] Jean-Michel Espitallier, Syd Barrett, le rock et autre strucs, éditions Philippe Rey, ISBN : 978-2-84876-129-9. 17 €. 

(Notes de lecture) Autant le dire immédiatement, étant fan à la fois des Pink Floyd, que j’écoute depuis ma naissance grâce à l’oreilel avertie de mon père, et de Jean-Michel Espitallier, je ne peux qu’immédiatement inviter les lecteurs à découvrir ce Tombeau ouvert. Ce titre entre dans uen série de livre sur des morts, approchés par des écrivains contemporains. Pas trop parfois, comme nous pouvons nous en souvenir avec Charles Pennequin, au sens où son Pas de tombeau pour Mesrine, a été refusé par Philippe Rey, alors qu’il avait été commandé. Ce livre de Jean-Michel Espitallier ainsi se donne moins formaliste que ses textes poétiques, même si au détour de certaine spages, on entend facilement sa voix de lecteur, ses logiques et ses mécaniques linguistiques. Ce qui caractérise ce texte, c’est le fait qu’ils explorent la mécanique de la création de Syd Barrett, non pas la mécanique psychologique, mais la mécanique globale, politique, esthétique, sociale, neurobiologique, car ne l’oublions pas "la drogue c’est le permis de (se mal) conduire. (…) La drogue affine la conscience artistique, débloque les bouchons qui empêchent d’y accéder" [p.82-83]. Car c’est bien l’enjeu : non pas seulement une focale sur Syd Barrett, mais bien l’exploration des processus de mise en critique du monde, de création matérielle hors-norme : l’enjeu la sensibilité mentale des créateurs, leur potentialité de dérapage symbolique et médiumique parfois sans contrôle. La création alors comme manifeste de la vie, comme ouverture des possibles de l’existence. C’est pourquoi le dernier chapitre, OFF, qui se donne dans le plus pur style d’Espitallier (une liste très bien menée) vien récapituler, sans aucune limite, les créateurs qui ont été victimes de leur sur-sensibilité neurobiologique./PB/

[+] Laure Limongi, Le travail de rivière, graphisme Fanette Mellier, éditions Dissonances, ISBN : 978-2-914079-55-6, 25 €.

Texte d’intention de Fanette Mellier, graphiste à l’initiative du projet
«Chaumont : fictions (des livres bizarres)»
:

«J’ai été particulièrement touchée par ce texte qui comprend plusieurs strates thématiques et formelles (histoire personnelle et collective, conscience sociale, technique industrielle de la ganterie, univers du conte, etc.).
Le texte, très structuré tout en étant fluide et poétique, répond à des contraintes d’écriture très précises.
J’ai voulu que ce livre emprunte (en l’exagérant) à la structure formelle du "livre de conte": grand format, épaisse couverture cartonnée, large signet de soie… Ce parti-pris découle évidemment de la présence du "Petit chaperon rouge" disséminé au fil du texte, mais aussi de la volonté de proposer un "rituel" de la lecture, propre à ce type d’ouvrage.
La gamme colorée est une variation froide, en lien avec l’ambiance aquatique et la présence forte de la forêt en lisière de ville.
Ces couleurs sont parfois franches et surréelles (bleu profond de la jaquette, vert pailleté de la couverture…), parfois douces (ambiguité de la gamme vert d’eau pour l’intérieur du livre).
La main est omniprésente, à la fois somme sujet et objet du livre: la main travaille pour produire des gants, qui habilleront délicatement d’autres mains. Mais la main n’est jamais entière. Sur la jaquette en simili cuir bleue, elle est décomposée dans un patron de gant, qui renvoie à la matière et au processus. À l’intérieur du livre, des fantômes de gestes apparaissent à travers des images de mains, inscrites en couleur vert d’eau et à échelle 1 dans la matière même du texte.
Le texte comprend par ailleurs des signes (filets, points) qui viennent révéler ou souligner la structure du texte et la logique de l’écriture. Ces éléments formels apparaissent comme un squelette, ou une cosmogonie…»


Texte d’intention de Laure Limongi, auteur

«Lorsque Fanette Mellier m’a proposé de participer à son projet de résidence à Chaumont, j’ai cherché ce qui, dans la ville, faisait écho en moi et choisi de m’intéresser à l’histoire de la ganterie Tréfousse. Plus précisément, j’ai voulu tisser un lien entre le travail ouvrier, concret, physique, et l’atmosphère de mystère et de merveilleux que j’ai ressentie dans cette ville entourée de contes et de légendes où la forêt est très présente. Oxymore annoncée dès le titre : « Le travail de rivière » malgré son apparente joliesse est une expression qui désigne le travail de mégisserie, c’est-à-dire l’opération qui consiste à préparer les peaux tout juste écorchées pour les tanner et les transformer en cuir. De la mort au luxe en quelques opérations lustrales.
Une future gantière apparaît donc à Chaumont, entre deux guerres. Elle n’a pas de nom et guère de psychologie. Un « je » apparaît en étant le sien, sans l’être. On la devine néanmoins à la fois mélancolique – reflétant le paysage – et déterminée – jurant dans le décor. Elle grandit, pas à pas, entre la lecture du journal intime de sa grand-mère narrant ses inquiétudes de vraisemblable veuve de guerre et la guerre qu’elle vivra, au quotidien, depuis le petit point sur la carte que représente sa ville de naissance. Ce récit n’est pas linéaire. Il se troue notamment de fragments de contes, sens dessus dessous, en échos inquiétants avec ce qui est supposé être la réalité du livre. Le petit chaperon rouge meurt sans cesse, la gantière porte un châle rouge et les loups sont dans la ville. Au centre, un bref dictionnaire technique – dont certains termes sont détournés de leur définition principale – donne naissance à un deuxième glossaire aléatoire, disséminé dans le texte, qui contamine la narration.
Au final, c’est un trajet hybride, à la fois poétique et narratif. L’histoire se déversant dans le conte, la poésie imprégnant l’histoire, le dénouement épousant les méandres de la rivière.»Nous avions déjà eu l’occasion de parler des livres issus de la résidence de Fanette Mellier au pôle de création graphique de Chaumont, à travers la très belle réalisation faite en collaboration avec Éric Chevillard. Nouvelle réception, sur laquelle je reviendrai, après le 21 février, notamment par un enretien avec Fanette Mellier.

 

[+] Marc Villemain, Et que morts s’ensuivent, éditions Seuil/Nouvelles, ISBN : 978-2-02-097490.5, 17 €.

C’est surpris, très surpris que j’ai découvert dans le courrier de cette semaine ce livre de Marc Villemain. Non, que je ne connaisse pas cet auteur, nous avons un très bon ami en commun, et je suis à distance son travail depuis pas mal d’années. Non que cela soit un recueil de nouvelles, car de fait la nouvelle conserve à mes yeux une valeur inestimable quant aux potentialités narratives et critiques, comme j’y reviendrai dans un grand article que j’écris sur le tome 1 des nouvelles de Ballard publié aux éditions Tristram. Mais parce que ce livre me semble être en-dehors de notre champ de recherche ici à Libr-critique. Pour l’instant, je n’ai lu que deux des textes qui composent cette série. Dès lors, afin de ne pas juger a priori, j’attendrai de le lire en totalité avant de confier mon avis sur ce texte./PB/

 

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rédaction

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10 comments

  1. Jean

    Question pour Rédaction.

    Je viens de visiter l’excellent site des éditions Al Dente et je suis surpris de ne pas voir les livres de Philippe Beck et de Christian Prigent. Concernant, les livres de Christophe Fiat et de Christophe Tarkos, c’est normal parce qu’ils sont épuisés, mais ceux de beck et de prigent ne le sont pas ?

  2. jean

    Cher Fabrice, vous me faites froid dans le dos… On fête cette année les 100 de la NRF – en parlerez-vous ? – et on n’imagine pas que Gallimard, par exemple, se focalise un jour sur un catalogue correspondant à une période réduite à 3 années ! Ceci d’autant plus qu’un site internet – vous le savez pour animer Libre Critique – permet des souplesses que ne permet pas, par exemple, des « catalogues » papiers. Qu’en dit La rédaction qui a posté cette info, dimanche dernier ?

  3. Fabrice Thumerel

    On ne peut évidemment comparer les catalogues d’Al Dante et de Gallimard, pas plus que les moyens du reste… Sur le plan de la création actuelle non plus : tandis que Gallimard est restée au milieu du XXe, Al dante représente une des littératures possibles au XXIe…
    Les éditions Al dante viennent de se relancer, grâce à l’énergie de L. Cauwet, et le site vient d’être créé… Alors, soyons indulgents !
    Mais pour les soutenir, ce qu’on peut faire : acheter des livres Al dante, qui font partie, entre autres créations, de ce qu’il y a de mieux actuellement.
    Quant à Philippe (« rédaction »), cofondateur du site avec moi, il prépare activement le festival de Poitiers (pas sûr, donc, qu’il ait le temps de répondre).

  4. jean

    Désolé d’insister, mais je ne comprends pas tout. Je ne vois pas ce que l’indulgence vient faire là-dedans. Quant à acheter les livres d’Al Dante, je veux bien, mais comment je fais concernant les livres qui sont parus avant 2006 – comme vous le signalez – ? Comment je fais pour acheter aujourd’hui les premiers livres de Philippe Beck parus chez Al Dante avant 2000, à une époque où ce poète n’était pas – comme vous le dites – en voie d’académisation ? En tout cas, ce dernier a bien raison de publier aujourd’hui ses livres chez Flammarion. Au moins, ils ne font pas de catalogues selon des périodes, mais selon les auteurs et des titres de livres. Ce qui me semble le minimum, vous ne croyez pas ?

  5. Fabrice Thumerel

    Mais je vous comprends parfaitement. Les problèmes de diffusion expliquent d’ailleurs en partie les déplacements des écrivains…
    Pour les premiers Beck – que j’ai achetés en leur temps -, vous les trouverez sur le Net ou, avec de la chance, chez certaines librairies spécialisées…

  6. PhA

    Je dis peut-être une bêtise, mais n’est-ce pas simplement parce que ces titres n’appartiennent plus au catalogue de l’actuel Al dante mais toujours aux éditions Léo Scheer ?

  7. Fabrice Thumerel

    Il faudrait vérifier : vu la reprise après cessation, c’est compliqué… Je vais me renseigner.

  8. jean

    Quoiqu’il en soit « Verre de l’époque sur Eddy » de Beck est un livre Al Dante et pas
    Léo Scherre.

  9. Fabrice Thumerel

    Après vérification, il s’avère que seuls les livres parus chez Al dante depuis le troisième trimestre 2007 peuvent être sur le site, puisque ceux qui ont été publiés antérieurement ne lui appartiennent plus – sous dépôt…

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