[Texte] Charles Pennequin à propos d'aujourd'hui

[Texte] Charles Pennequin à propos d’aujourd’hui

février 11, 2008
in Category: créations, UNE
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Le 11/02/2008 à 11:03:47 charles pennequin pense qu’aujourd’hui la poésie de l’avant garde en France est vue, revue, et donc pensée par les universitaires, les sociologues, les philologues, les pédagogues, les policiers de la culture, les flics.

Aujourd’hui, pour le poème, il faut des littérateurs en France, alors qu’aujourd’hui, dans tout poème, il faudrait trouver tout ce qui entretien le rapport à la base du texte, tout ce qui fait poème et qui est la base de la vie et de la parole. Aujourd’hui, tout ce qui est au-dessus de moi, et tout ce qui se croit au-dessus de mon poème, est mon ennemi. Les généraux, les politiques, les journalistes, les pédagogues, les éducateurs, les critiques installés et les artistes en place sont nos ennemis, car ils ne permettront jamais à l’homme de se relever et de se révéler, mais continueront à l’enfoncer dans sa honte, sa honte toute première et qu’on prend soin de cultiver, la honte qui fabrique des identités et façonne des individus.

Nous n’avons plus besoin d’individus à forte identité, nous avons besoin d’ouvrir tout à l’explosif. Tout ce qui fait des groupes, des formations, des mouvements, des écoles, des arrangements, les corporatismes de toute sorte où l’on se croit arrivé, avec plein de gens qui se planquent dedans, des savants de savoirs autres, des autres qui se mettent dans des paroles qui ne sont pas les leurs et qui fabriquent ainsi des entités indiscutables, qui finissent de cette manière par nous maintenir dans notre propre honte, alors qu’il faudrait voir la honte froidement comme un monolithe devant soi, et décoller de cette masse graisseuse, ce bloc sans envie en face et passer outre.

tout ce qui est au-dessus du type de base est mon ennemi

tous les gens de l’éducation, du savoir, les intellectuels en place forte, tous ceux qui nous font encore croire qu’on peut vivre en l’humanité de la sorte.

Ils ne le font pas croire dans ce qu’ils disent, dans leurs analyses poussées, il nous le font croire en ne poussant pas leurs analyses poussées, c’est-à-dire il nous font croire qu’il suffit d’aligner des mots, avoir des phrases pour montrer que tout est bien compris, bien vu, analysé, alors que rien n’est vu dans leur programme. Rien n’a été vu car tout est déjà mort, tout est déjà programmé dans leur langue morte. Tout est discours, blabla, que vaut le blabla de tel théoricien par rapport aux gens de télés et de magazines ? rien. Du vent. Toute parole est du vent si elle ne se donne pas comme but de rendre vie, de donner la vie, de provoquer un soulèvement.

Aujourd’hui il n’y a aucun soulèvement possible, aucune possibilité car aucune vie dans aucun écrit. Il faudrait, avant d’entamer chaque phrase, voir des étripements possibles. Mais rien dans l’étripement, tout est bad trip dans l’écrit en ce moment, car tout n’est que remplissage de certaines instances contre certaines autres instances.

On dit dénoncer, on dit détourner, on dit biaiser, on dit qu’on biaise mais on biaise pas. On dit tenter, opérer, fragmenter, saboter le discours mais tout ça est gentil et tout le monde s’en tape.

Aujourd’hui la poésie tout le monde s’en tape.

Et c’est normal. Il est tout à fait juste de se taper pas mal de la poésie car elle n’emmerde personne. Soyez en conscient : notre poésie toute confondue n’emmerde pas un seul homme sur terre. Et ne l’aidera donc pas à vivre et surtout à se soulever. Le soulèvement non pas des masses, mais le soulèvement de chacun pour lui-même, pour se soulever déjà contre lui-même n’est pas près de s’opérer. Il n’y a pas de danger : les instituteurs du langage, les profs de la poésie veillent. Tous les gardiens de la bonne marche de la transgression opérante sont là pour vous rappeler que les poètes n’ont pas à s’intéresser aux gens, c’est-à-dire à leur cracher dans la gueule. Il faut juste des bons pédagogues qui transgressent un brin pour expliquer à l’élève la transgression du brin d’herbe. Et l’élève de s’ennuyer à son tour. Et le prof ensuite de retourner avec ses collègues. Les profs restent entre collègues, et l’élève retourne dans sa crasse. La crasse de l’élève ne transgresse rien. La crasse de l’élève ne lui dit pas que tout ce qui est au-dessus d’elle, au-dessus de sa crasse même, est à foutre en l’air. Tout ce qui est au-dessus de l’élève est ton ennemi. Voilà aujourd’hui ce que toute la crasse des poètes devrait dire.

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rédaction

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45 comments

  1. Candide

    Merci pour ce cri, qui comme tout cri, quand il est lié à la poésie, postule l’essentiel. ( un cri dans la rue, chargé de sa part animale et lié au geste, peut s’avérer très nuisible s’il ne vise pas le dépassement mais le retour au bestial, dans ce cas il n’y a rien à célébrer ) on n’est pas près de se révolter, ça c’est autre chose il y a beaucoup à dire.
    Je ne reviendrai que sur « les pédagogues », l’étant moi-même. C’est trop simple de prôner la liberté pulsive de l’élève face au cadre sec du pédagogue. Pour savourer la poésie, il faut au minimum pouvoir se servir des mots. Or un élève sur deux en sixième ne possède pas les fondamentaux ( disons ETRE et AVOIR à tous les temps de base ) Peu d’entre eux liront sérieusement en connaissance des mots de la poésie, qu’elle soit avant-gardiste ou pas. Chaque année le niveau baisse, la capacité à jouer, à manier les mots. Bon ou mauvais pédagogue, cela devient impossible de rétablir la barre, beaucoup de choses se sont joué avant, et l’on vient trop tard. Ceci fonctionnant de pair avec un abrutissement massif de l’écran qui annihile tout projet dans le temps ( même de réception ). Parlons donc plutôt du système éducatif, de l’éventuelle intention de certains pour qu’il en soit ainsi, et ainsi il en est, et ceci est dégoûtant, ,,, et pas près de s’améliorer. Des enfants arrivent à l’école qui sont de plus en plus déformés par leurs parents qui le sont de la société. Et ça s’amplifie. De ce fait, parler du pédagogue et en faire le représentant ( même symbolique ) de tout ce qui est dit dans le texte de monsieur Pennequin me semble être un raccourci par trop aventureux. Après ça fait du bien d’entendre qu’il faut combattre les artistes en place ( il y a du travail si l’on veut leur savonner leur petit espace pour lequel ils ont développé beaucoup de talent )

    Après pour les universitaires, je serai plus méchant que cela. Très peu d’universitaires n’ont jamais lu un seul poème d’après 1950.

    Enfin, justement, à mon sens ce qui tue l’art aujourd’hui, c’est justement ce nouvel académisme, il faut être moderne, répété en boucle et sur tous les haut-parleurs de l’avant-garde qui peut s’avérer être une complète régression par rapport aux années où tout ceci e faisait avec plus de folie, de fantaisie et d’humour, en bref d’insouciance ( même s’il y avait déjà des gros cons qui figuraient le Mage ). Pourquoi écrire de la poésie ? Se pose-t-on la question, ou le seul but aujourd’hui est d’affirmer par moult collages, cut-up, coupures, cris, gargarismes que surtout on n’a rien à voir avec la poésie mais tout avec l’espace habité, fait de forces qui s’autocongratulent

  2. rédaction (author)

    je ne sais même pas de quel commentaire vous parlez ??? Quand je mets un commentaire, je ne le retire pas… Donc ? je ne sais lequel et à propos de quoi. Et je crois quand même, que si on regarde les commentaires, non seulement nous les publions, mais en plus nous prenons le temps d’y répondre, même si parfois il y a opposition.
    De plus vous remarquerez que sur les blogs littéraires, il n’y a pas forcément de commentaires. 🙂

  3. supernul

    « On peut juger du degré de civilisation d’une société en entrant dans ses prisons. » ( Dostoïevski, Souvenirs de la maison des morts)

    Chroniques carcérales de Jean-Marc Rouillan, qui viennent de paraître aux éditions Agone :
    « Précautionneux, les juges agrémentèrent le châtiment de l’intitulé infamant qui nous retirait notre citoyenneté. Nous les en remercions car, s’ils nous condamnèrent pour avoir osé mettre en accord nos actes à nos idées révolutionnaires, ils eurent le bon goût de nous interdire à jamais la politique analytique, c’est-à-dire la comédie de voter comme on distribue son hostie à confesse pour déléguer son action à la fausse alternative qui nous gouverne. À la faiblesse de nos vieux jours nous aurions pu y succomber. Encore merci ! »

    « Dès la petite enfance, j’ai conscience que le criminel capturé et en jugement est la plus faible des créatures, plus faible que l’animal blessé, et qu’il faut le protéger, le replacer, lui qui par son ou ses gestes sans retour s’est exclu de l’Humanité, dans la société, en son centre même. »
    Pierre Guyotat, Formation, p.76

  4. a&dman

    « aujourd’hui il y a un livre de rouillan qui paraît et ça fait pas photo. »

    … & soulignons qu’au début de l’année, une très belle & très solide analyse sur la langue, le discours & le politique, + &tc., intitulée « Une identité anationale » du même Jean-Marc Rouillan a été publiée en revue (N°49 décembre 2007/Janvier 2008).
    Je le sais, parce que je l’ai lue. Je l’ai lue parce que j’avais un texte : une commande, tout bêtement, publié dans cette revue.
    Cette revue n’&st pas une revue de poésie, donc j’ai lu tous les autres textes ;
    celui de Jean-Marc Rouillan, mais aussi le mien… pour le fun & la « beauté du geste ! »
    Dans les revues de poésie, je ne lis bien souvent,
    comme le veut le cliché
    & ça fait pas photo là non plus, que mes propres poëmes…
    Je les relis même plusieurs fois de suite à l’endroit, & même parfois aussi à l’envers… C’&st parce que je suis un authentique gaucher dyslexique+, ADN & RH 0+ ITOU,
    donc un dangereux ennemi de l’intérieur comme pratiquement tout’l’mond’ désormais,
    dans cette putain de France couleur vert-de-gris… fluo & paillettes comprises !
    & donc,

  5. antoine

    Dans son numéro 3, La mer gelée publiait, il y a quelques années, l’incroyable « Lettre », de J.-M. Rouillan.

    Les lecteurs ne furent pas réellement au rendez-vous, la « critique » encore moins ; mais cela n’en reste pas moins, à mes yeux, un de nos réels titres de gloire.

  6. Gilles Weinzaepflen

    Je pense que Charles aimerait une poésie acritique. La poésie acritique est celle des gens. Or dans la poésie, ce sont les gens qui manquent, les vrais gens. Cette nostalgie des vrais gens n’est-elle pas un rêve qui ne s’est jamais réalisé?

  7. a&dman

    Haine: citations sur Haine parmi une collection de 80.000 citations.

    Deux grands philosophes ont dit*: « Seul Dieu a le droit d’être en colère » (Id &st, d’avoir la « haine! »)
    (*Pour votre conduite accompagnée sur l’autoroute de la sagesse, nous tenons à vous préciser ici qu’il ne s’agit bien sûr ni de Spinoza, ni de Deleuze!)

    AMUSEZ-VOUS MAINTENANT A LES RETROUVER TOUT EN VOUS CULTIVANT SUR:
    http://www.evene.fr/citations/mot.php?mot=haine – 76k – En cache – Pages similaires – etc.
    Haine – Citations – EVENE
    Découvrez le meilleur des citations sur Haine, mais aussi d’autres phrases célèbres sur…

  8. cp

    Tiré d’un manuscrit d’un ami, et en ces temps difficiles, on peut dire qu’ils risquent de se faire rares :

    « Aucun artiste n’est capable par lui-même d’abolir la contradiction entre
    l’art déchaîné et la société enchaînée ; tout ce qu’il peut faire, c’est
    contredire la société enchaînée par l’art déchaîné, et là encore il faut
    presque qu’il désespère…
    Theodor W. Adorno, Philosophie de la nouvelle musique

    … lorsque nous mourons, même si nous mourons comme des êtres qui
    auraient besoin de beaucoup vivre encore pour s’“achever”, la terre
    reste du moins, et les armes peuvent passer en d’autres mains.
    Ernst Bloch, L’esprit de l’utopie

    … Seul l’acte de résistance résiste à la mort, soit sous la
    forme d’une oeuvre d’art soit sous la forme d’une lutte des
    hommes.
    Quel rapport y a-t-il entre la lutte des hommes et
    l’oeuvre d’art ? Le rapport le plus étroit et pour moi le plus
    mystérieux. Exactement ce que Paul Klee voulait dire
    lorsqu’il disait : “Vous savez, le peuple manque”. Le peuple
    manque, et en même temps, il ne manque pas. Le peuple
    manque, cela veut dire que cette affinité fondamentale entre
    l’oeuvre d’art et un peuple qui n’existe pas encore n’est pas,
    ne sera jamais claire. Il n’y a pas d’oeuvre d’art qui ne
    fasse appel à un peuple qui n’existe pas encore.
    Gilles Deleuze, Qu’est-ce que l’acte de création ? »

    Merci Philippe d’avoir retiré certains commentaires qui nuisaient au propos, le faisant tourner en boucle et nous rendant chèvre pour nous-mêmes. Je ne pense que ce que j’ai dit dans le texte, un peu manifeste, et il faut lire (ce que je faisais hier soir) le livre de Dubuffet, asphyxiante culture, pour voir que ce que je dis n’est pas du tout nouveau, mais qu’il faut tout de même le redire, en dépit de ce que peuvent en penser les anciens activistes tels que Pierre Le Pillouër, qui a changé complètement son fusil d’épaule. Mais la révolte existe, et on a raison de se révolter, toujours, aujourd’hui comme hier, et dans cette démocratie là, là nôtre, comme dans d’autes, ou des états non démocratiques, dans notre cher monde rempli de gens qui savent, qui sont aux postes de commande de la culture par ex. et de l’intelligentia, mais qui jamais ne feront le nécessaire pour que ce peuple, ces gens, viennent à ne plus manquer. Ce n’est vraiment pas, et on pourra me dire ce qu’on veut, dans la préoccupation des élites de faire en sorte que ça change.

  9. l robin

    Même si je suis en désaccord avec certains propos tenus (pourquoi d’ailleurs les avoir retirés ? le lecteur, même passif, pouvant aisément accorder aux interlocuteurs un certain droit à la confusion) je voulais vous remercier pour cette passe d’armes.

  10. rédaction (author)

    les commentaires ont été retirés d’un commun accord entre Charles et moi. Ne voulant pas laisser un différend afficher notre profonde amitié.

  11. Le Pillouër

    Qui est donc ce CP qui me range parmi les anciens activistes qui ont « changé complètement (SIC !) leur fusil d’épaule » ?!
    Sur quoi s’appuie-t-il pour me cataloguer ainsi ?!
    Lorsque j’ai milité chez les trostskystes, ce fut chez les lambertistes qui, c’est connu, ont toujours condamné l’ultra-gauchisme et le terrorisme non seulement des maoïstes mais aussi d’autres trotskystes comme ceux de la LCR.
    Je pourrais donc affirmer que je n’ai pas changé, ce serait faux.
    J’ai juste changé incomplètement mon fusil
    des pôles.
    J’ai vu les possédés d’hier et le gel des formules, je vois d’aujourd’hui les poètes cédés
    à la haine.

  12. cp

    l’ordre moral est devenu quelque chose dans lequel tu excelles maintenant, te posant de droit comme arbitre et distribuant les satisfecits à ceux qui ne t’en demandent pas ou me disant qu’avec ce texte je suis poujadiste. c’est vraiment affligeant. je n’ai rien contre le théoricien qui développe une pensée à partir aussi de son expérimentation. Je n’ai rien contre le philosophe, c’est un peu facile de n’avoir vu que cela d’ailleurs dans mon texte, jugé dangereux par toi. Relisons ou lisons (c’est ce que je fais là) le maître ignorant, de Rancière. Je tiens à te dire que c’est toi qui est dangereux, dans ce que tu affiches, dans ton espèce d’autorité avec sitaudis, ta supériorité qui devient vraiment pénible, surtout que souvent tu fais celui qui combat alors que c’est contre des moulins genre Pinson, dont on n’a vraiment rien à faire. Tout ça c’est des querelles de clochers que tu aimes entretenir sur le net pour te croire encore au centre de quelque chose qui se vivrait. on ne t’a vraiment rien demandé et tu es venu à plusieurs reprise nous faire part de tes avis et surtout : jugements (comme là encore où tu dis que nous cédons à la haine, c’est d’un chiant tout ça !). Ca suffit Pierre. Et personnellement je me fous pas mal des lambertistes ou lcr ou que sais-je, pour moi c’est du kif, des politiciens, des coupeurs de couilles en deux qui ne sont préoccupés que par le pouvoir, je préfère lire Badiou pour ma part (qui renvoie tout ça dos à dos) que les mémoires d’un trotskiste du pole est. Car s’ils disent tout ça c’est aussi par PEUR, la PEUR seule qui fait employer des mots comme si on brandissait des interdits. Vous avez les jetons et vous voulez sauvegarder un truc. pourquoi faire ? c’est bien ça que je me demande…

  13. a&dman

    Le Pillouër saïd
    a écrit:
    « je vois d’aujourd’hui les poètes
    cédés
    à la haine. »

    & BIEN NON !
    CEDER A LA HAINE, OUI,
    MAIS AUX PHOTOS D’ORTHOGRAPHE, ha ça, NON, JAMAIS!
    Il faut donc écrire cela comme suit:
    CEDER, & NON PAS cédés, SVP!
    (Mettre impérativement le verbe à l’infinitif,
    please,
    because « CEDER » &st complément du verbe voir.
    Merci.)
    OUI: on décède à la guerre, mais on ne cède pas à la haine !
    (on peut aussi céder une marchandise, MAIS JAMAIS UN ETRE HUMAIN!)
    La Haine, comme d’ailleurs l’Amour, n’&st pas un petit fleuve ridicule en 5 lettres.
    Elle vous emporte au loin comme dans une valse folle
    en vous portant à boots de bras dans ses bras de 7 lieux à la fois!
    Car les poètes ne sont pas des digues destiné(e)s à barrer la voie
    aux sensations fortes (… & au TGV, accessoirement!),
    mais de sacrés doux dingues fous furieux
    (pas du tout péjoratif dans ma bouche, l’emploi du mot « dingues »:
    je pense ici à Artaud & à Cravan notamment)
    dont la mission consiste à…
    (parfois)
    (oui)
    (mais pas tjrs)
    (non)
    (& inversement)
    (peut-&tre)

    (brrr)

  14. pennequin

    Nous sommes des chiens, nous valons rien, combien le prix du chien, un chien vaurien, combien ça nous coûte, combien couter à la France, France d’en bas combien, combien le chien dites-moi, faites le calcul, nous sommes des chiens, combien, combien pour ce chien, et pour celui-là encore, combien pour toute la portée, combien l’animal ici battu, ici en cage combien, combien, la somme de toute cette sale race, race d’ailleurs, pas de chez nous combien, combien la putain de sale racaille, combien dites un prix, deux mille balles, mais sans les mille, deux balles le chien, et pour toute la vie, pour toute son existence, l’existence à deux balles, et pour combien, combien l’ensemble de chiens, dites un chiffre, un prix, même un nombre, dites et on verra bien, on fera le tri, entre les phrases, le tri des chiens, entre les mots dites nous combien, combien encore à cracher ici ou ailleurs, combien d’animal battu, combien de chiens en rut, combien de putes, combien les putains au rabais, dites nous, comment vous nous comptez, comment vous faites pour compter la petite bière, la petite mitraille des peuples, la mauvaise graine, la qui sent pas bon, la qui pue, la qui se lave rarement, lave pas ses mots, ses sentiments, dégage une sale odeur, dans les rues, les couloirs, les ascenseurs, les familles, toute une portée dis-je, toute une sale misère qui nous porte au nez, le porte monnaie combien, combien donner encore à cette sale engeance, combien encore dites nous, les chiens de basse fosse, la misère noire, l’armée, une armée noire, des sales gens, des puants, des qu’on voit bien qu’ils ont des mauvaises intentions, des pauvres rien, des qui n’ont rien à nous apprendre, des qu’il faudra bien à un moment donné régler le compte, débarrasser le plancher, le sale plancher avec toute cette sale mentalité des peuples, sale race, race hors de la nôtre, la votre, la leur, race hors d’elle-même, prète à en finir, à en découdre, voilà ce qu’il lui faut, il faudrait un bon coup dans la gueule, un coup de grisou dans l’âme, un bon éteignoir dans sa pensée à cette sale graine, il lui faudrait un bon coup porté, et hop, la voilà sur les chemins, la voilà arpentant la lutte, la voilà dans la déroute, la dérive, et vive la dérive, vive la colère noire, vive la rage, la rage seule fait la vie, l’impossible respiration, car ici on étouffe, vos lois nous étouffent, vos lendemains nous étouffent, vos pensées et vos actes, vos saloperies en somme, la somme de vos possibilités nous étouffe, et vous pouvez dès maintenant commencer à compter vos abattis.

    VIVE L’ARMEE NOIRE !!!

  15. cp

    là c’est un texte, ailleurs c’est un blog, ensuite peut-être une revue, peut-être un livre (j’hésite là entre plusieurs titres, télé pute aussi j’aime bien), ensuite un groupe de gens, des gens avec qui faire un groupe, gens du nord pour le moment et des belges. une association, des interventions, des soirées etc. mais pour le moment c’est juste un blog avec ma copine et mes garçons … http://20six.fr/armee-noire
    vont s’y adjoindre très vite quelques amis, et je prépare une revue… voilà, tu comprends mieux ?

  16. C.FIAT

    Comme ton ARMÉE NOIRE existe vraiment, je ne sais pas si tu as raison d’emmener tes garçons avec toi sur ce blog, comme tu le dis. Je crois savoir que ce sont encore des enfants. Notre époque est très violente, même si le degré d’anesthésie auquel nous sommes accoutumés nous empêche de souffrir proportionnellement aux maux infligés. Par contre, tu as raison d’y inviter ta copine et tes amis.

  17. cp

    les enfants c’est eux qui pigent le mieux
    et j’ai raison d’inviter les enfants, pas que les miens, ce n’est pas la littérature, le dessin et l’idée qui sont violents, tu confonds tout là, c’est effectivement l’époque, la société, mais l’art fait respirer, l’art, même pour les enfants qu’on met dans les écoles pour leur faire oublier qu’ils ont du génie en eux, en chacun, alors qu’on ne fait la plupart du temps que les entraver de leur potentiel, avec moi ils ne sont pas entravés et je t’interdis même de venir ici me faire la morale de comment je dois élever mes gamins ! mon fils est fou d’histoire, et donc aussi de guerre, mais il a une grande sensibilité, et mon autre me donne une idée de l’art puissance mille, les deux me filent une énorme patate, et quand ils sont avec moi on va partout, dans les terrains vagues claquer des centaines de bouteilles, lancer en l’air des bobines de films qu’on trouve dans les décharges, on s’amuse partout et on dessine et on construit la guerre de la vie ensemble. Après, pour ce qui est de moi-même, je n’ai sans doute pas eu raison de les faire, car ce n’est pas le blog qui est dangereux, mais moi -même, et ils ont affaire à moi en chair, c’est pas du virtuel charles pennequin, et en lecture et devant des publics et autres, mais je me dis que ça ferait longtemps que j’élèverai des traumatisés alors que bien au contraire, mes enfants, mais bien d’autres aussi, pigent beaucoup plus vite que les adultes à qui il faut expliquer que la colère c’est bien, que je suis pas un oukase, que je suis pas pour la révolte bête mais que je m’indigne, il faut leur expliquer ça à tous nos contemporains dont la majorité française est pour l’allongement des peine, pour leur tranquilité, car il est vrai que pour eux l’époque est très violente. C’est pour cette raison que j’ai un peu de mal avec ton discours sécuritaire au sujet de mes enfants, mes enfants apprennent bien des choses vis-à-vis de cette époque avec moi, en faisant l’armée noire ou lorsque je leur parle de la politique. mais je pense que mon ex a le même discours que toi, elle qui les emmène dans tout ce qui fait cette société, qui les abreuve d’écran et de consommation.

  18. C.FIAT

    Tu sous estimes la violence de notre époque. Il faut protéger les enfants de ça. Ne faisons pas à nos enfants, le coup que les Baby Boomers nous ont fait. Ceci dit je ne doute pas de la lucidité des enfants, mais ça reste quand même……… une ludicidité d’enfants qui deviendront des adolescents puis des adultes, à leur tour. Je ne tiens pas un discours sécuritaire, mais éducatif. Ceci consiste à protéger nos enfants de l’idéologie sécuritaire, laquelle comme on le sait ne veut pas la sécurité, mais l’ordre policier et l’esclavage. Si seulement les enfants pouvaient être une solution. Si seulement… N’oublie jamais que les premières victimes d’une guerre sont les vieillards, les femmes et les enfants…

  19. rédaction (author)

    je crois qu’il va devenir urgent de créer des porosités aux enfants au vue de la réforme du primaire qui va éliminer tout ce qu’il y a de créatif, et au vue de la surveillance psychologique-policière qui les entourent. On leur dénie toute violence (on dit alors qu’ils sont mal, que si ils sont mal c’est à cause des parents, on dit qu’ils sont exposés à la violence, on dit que c’est pas normal la violence dans l’enfant, etc…) On leur dénie toute libido (enterrant alors Freud et ce qu’il pouvait énonce), on leur dénie de jouir du corps, de le ressentir. On veut des petits robots, des petites machines, des petites machines studieuses qui disent bonjour, bonsoir, qui disent merci siouplé, qui soient polies avec la madame le monsieur et le président, on veut qu’ils se lèvent, on veut qu’ils chantent la propagande, on veut qu’ils s’assoient, on veut que leur main devienne l’outil du pouvoir, expert en écriture de la loi, on veut que tout leur corps soit tatoué de la loi, qu’il respire la santé de la loi….
    Oui, il va falloir créer des porosités, qu’il rencontre leur corps, les marges, des effets de littoralité de notre humanité.

  20. C.FIAT

    Charles. Moi voilà comme je vois les choses. En 2004, j’ai publié aux éditions Al Dante « Épopée une aventure de Batman » qui est un livre contre le fascisme contemporain, au risque parfois d’être didactique. Beaucoup d’enfants ont aimé le cd qui était joint au livre et un éditeur vient de me demander l’autorisation de reproduire un extrait du livre dans une anthologie de poésie pour enfants. Voilà. Drôle d’histoire. Je n’ai pas écrit ce livre pour les enfants, mais ils le lisent quand même et c’est bien parce qu’un jour, ils se rappelleront sans doute de ce livre, même si tout cela sera lointain et peut-être qu’un jour, ça leur donnera envie de dire « NON, ça suffit, ce n’est plus possible, c’est tout pour le moment ! ». Ceci dit je déteste la littérature pour enfant qui fait bouffer les écrivains qui n’arrivent pas à avoir des droits décents.
    Philippe, on ne veut pas des petits robots, on veut des esclaves ou des reflets narcissiques de notre vie d’adultes. Les enfants, c’est la prise d’otage permanente. Les enfants font souvent semblants mais ils ne sont pas dupes. Il va bien falloir leur expliquer un jour ce qu’est 1. la liberté 2. l’intelligence 3. le cran 4. le sentiment 5. etc… A partir de là, ils comprendront vite dans quel désastre ils vivent et surtout POURQUOI ils vivent ça et aussi COMMENT.

  21. Candide

    Je trouve vos discours sur les enfants plutôt démagogiques, pas du tout ancrés dans le réel. Il faudrait arrêter de taper sur l’école un peu et commencer à réfléchir. Je ne sais pas si vous avez souvent l’occasion d’y aller dans l’école d’aujourd’hui, c’est plutôt difficile d’accès, c’est vrai. Mais il faut savoir que les choses ont bien changé, par rapport à ce que nous, nous y avons connu. Evidemment qu’il y a des enfants riches de sensibilité qui comprennent les choses ( à leur rythme, avec leur point de vue d’enfants ). Malheureusement il y en a aussi, et je pense de plus en plus, qui ont été « abrutis » par ce qui les entoure, et en premier lieu ce n’est pas l’école ( pauvreté économique, pauvreté culturelle, pauvreté de repères face aux flux ). Ce qui a vraiment changé aujourd’hui, c’est que l’école n’arrive plus à « sauver » les enfants qui y entrent ( cours préparatoires ) à reculons, les enfants qui n’ont pas les outils en main ( expression, calmitude, mémoire, politesse…) pour que cela se passe sans heurt. Je m’attends déjà à vous entendre dire que c’est affreux de parler comme ça, que c’est un langage de prof. etc Et alors on dit quoi, que tous les enfants sont géniaux ? Et après, on est contents ? Ca va mieux ? Et bien non, ça c’est justement ce que fait la gauche en ce moment. Ségolène Royal vient juste de protester contre la proposition de Darcos de revenir au calcul, à la lecture, à l’écriture en primaire. La gauche refuse de voir la situation en face et se cramponne à l’IUFM qui abrutit les nouveaux enseignants qui se trouveront désemparés face au clivage « cequ’onm’aditdel’école »/ »cequej’yvois » . Comprenez-moi bien : il y a des tabous énormes en France au sujet de l’école ( on se pose encore la question pour savoir si le niveau baisse ) . Et donc le fait de dire comme ça que les profs sont là pour abrutir leurs élèves, qui eux, n’ont rien demandé et qui sont beaucoup plus intelligents que ce que l’on croit, et bien je crois donc que tout ceci est improductif au possible, que ce sont des paroles de 68 qui renforcent le monde libéral ( comme ça ne peut avoir d’impact car c’est très général, très diffus, très bien pensant à rebours, alors ça renforce ce qui est ).
    Si vous n’avez pas l’occasion d’aller dans une école, je vous invite à faire cci : prenez une carte de votre ville et repérez-y les collèges. Ensuite repérez les arrêts de bus à proximité de chacun des collèges. Pendant le temps qu’il faudra, prenez le bus avec les enfants tous les soirs en période de pointe, vers 16h30-17h00.
    Vous pourrez alors entendre comment les enfants se parlent entre eux aujourd’hui ( cela est proprement inoui ( cela ne concerne que ceux qui parlent à tue-tête, mais tout le mode savoure ))
    Je vous demanderai également de bien faire attention à la réaction des adultes face à cela, regardez bien leurs visages, surtout ceux des personnes âgées.
    Cela est très important. La manière dont je m’adresse à l’autre, il ny a rien de plus politique.
    Bon allez, j’arrête là, je m’attends au tabassage en règle.

  22. pennequin

    je trouve que tu es complètement à côté de la plaque concernant mon blog et le regard de mes enfants, le contrôle parental existe et je le fais, tant bien que mal, j’ai par exemple pas de télé à la maison, voilà tout (d’où il sort celui qui se permet de dire que j’ai un discours démagogique avec mes enfants ? j’en ai quatre et je défis à quiconque de venir faire sa moral sur le discours de tel parent qui fait ce qu’il peut dans la vie !) mais ce que tu dis christophe, concernant la permissivité des baby boomers m’inquiéte encore, il faut arrêter avec mai 68 c’est ça que tu nous dis ??? ça me rappelle quelque chose. non je suis décidément pas d’accord, j’ai pas vécu ta permissivité excuse, mon père était ouvrier ma mère faisait les ménages, par contre chez moi on s’est bien gardé très longtemps de me faire découvrir les blogs de l’époque, qu’auraient pu être les revues d’avant garde ou les livres qu’il faut pas mettre entre toutes les mains. J’ai été marqué malgré tout, malgré tout, et c’est une chance, par un dictionnaire où il y avait des noms de surréalistes et le portrait d’Artaud. mais ton discours est vraiment moraliste et ça m’inquiète ce que tu peux dire, vis à vis des images sur la guerre. mon fils je regarde avec lui le film Croix de fer, et par contre je lui dis et lui démontre (par des meilleurs films justement) que Brother in arms c’est de la daube. par exemple. Je lui montre, je leur montre, les monty python et ça les marque dix fois plus que n’importe quel navet que la société veut leur faire ingurgiter (attention charles, va me dire christophe, dedans il y a du sexe, de la violence, des obsénités, non ?). ils sont bien plus marqué par la violence télévisuelle ou du marketting à tout va que par mon blog et par ce que ça convoque : confection de petits livres, dessins, ecriture, etc. Je n’ignore en rien les premières victimes, les femmes et les enfants d’abord, mais que veux tu que je réponde à de pareilles sorties, aussi désarmentes? je suis un peu médusé là je dois dire par ces formules de bonne femme, mais je pense qu’on en reparlera, car j’en ai connu pas mal qui avaient des beaux discours sur l’enseignement de leur progéniture et je dois dire qu’aujourd’hui, vu comment ça a grandi, je suis pas mécontent de comment sont les miens par rapport aux leurs ! coincés et qui plus est ayant très vite perdu leur âme d’enfant au profit du discours moraliste de leurs parents. mais par contre vous craignez là avec votre discours d’il faut en finir avec mai 68. vive mai 68 oui, et faisons-en plein dans l’dos de sarkozy des bébés comme ça, merde alors ! on n’est pas sur la même planète ou quoi ??

  23. pennequin

    ça m’étonne pas que vous soyez d’accord là les new-pétainistes !!! dingo
    vive la poésie rétrograde et moraliste et familial (contrôle parental des blogs exigé)

    putain ! i sont d’accord

    serrez vous la pogne les amis
    on s’embrasse tous
    la vache les discours sur libre critique, ah ça oui c’est libre critique, même les discours sarkoziste ont le droit de citer, comme partout d’ailleurs !!!

  24. pennequin

    pas du tout ancrés dans le réel nos discours
    c’est quoi pour toi le réel ? attends j’habite à côté de roubaix je vais faire des lectures et des ateliers là-bas
    t’en veux une tranche de réel ??? allez je me fatigue pas
    bande de beaufs de parigos que vous êtes, allez vous branler sur daily motion et faites pas chier

  25. pennequin

    enfin je suis à fond d’accord avec philippe, putain c’est dingue, eh oui c’est la bérézina ce qui se passe à l’école
    et c’est bien ce que l’on peut voir dans cette société, c’est le petit qui trinque
    petit en taille ou petit socialement
    c’est le taulard (mais ça ça vous passe tous carrément au dessus !!!)
    c’est le sans papier
    c’est l’écolier
    le minus en général pour une société qui dégraisse et regresse bien, faites un peu gaffe où vous mettez les pieds dans vos discours, car vous marchez dans la merde là !
    SORS MOI TA POGNE FRERE ! il va falloir encore en faire et en faire des bouquins et remuer la merde pour qu’il y ait au moins un pékin qui pige dans cette salles des pas perdus

  26. cp

    toi tu serres la main a quelqu’un qui dit : « ce sont les paroles de mai 68 qui renforcent le monde libéral »? « la gauche refuse de voir en face ». voir en face quoi ? le programme de l’éducation qu’on nous prépare ? le programme justement, lui, très démago, avec la prière et le souvenir pour chaque élève d’un déporté juif ? et tu dis que je sais plus ce que je dis ??? tu es d’accord avec les conneries débités à tour de bras par notre cher candide, alors à mon avis il me semble que tu devrais faire gaffe, car c’est quoi cette expérience qui draîne tout ce qui est en vogue aujourd’hui, revenir aux bons principes paternalistes, et les leçons civiques ou de moral en prime, c’est quoi qu’on voit présager dans cet état policier (mais candide va dire il y a des sauvageons qui parlent mal aux vieilles, c’est ça ? ou de la racaille caillera qui cause plus qui crient, tant mieux si ça gueule, c’est la faute a toute cette société policière et policée, plus il y aura ce genre de vieux retour, comme un vieux rot pétainiste et plus la violence reviendra « par la bande ». Alors oui, moi je vous conseille vraiment de réfléchir sur quoi vous signez vos accords. moi je suis en tout cas en total désaccord avec les imbecillités qui ont été dites ici, et je signe : charles pennequin. et je fais gaffe, gaffe à moi, gaffe à tous vos discours qui dérapent, et vous m’alertez, vous m’inquiétez, vous arrondissez vos phrases de remarques réac, peut-être parce que c’est dans le coup, moi je trouve que c’est réac, point final, et donc je suis en total désaccord et je maintiens.

  27. pennequin

    au chapitre de « je ne sais plus ce que je dis », je me permets encore de rajouter ceci : mes enfants n’ont pas la malchance de connaître cette vie que connaissent les enfants qui vivent à côté leurs frères aînés, les gremlins que décrit Rouillan dans son livre Chroniques Carcérales : « Dans nos villes, c’est l’émeute. – Les bagnoles crament et les gremlins caillassent les condés. La télé facho nous abreuve d’incendies et de racisme ordinaire. Face aux révoltes, le gouvernement a proclamé l’état d’urgence pour trois mois. Certaines cités sont placées sous couvre-feu. Des centaines de gamins ont été emprisonnés. Vingt quatre heures sur vingt-quatre, les casqués arpentent les périphéries. L’Ordre a finalement repris le dessus et l’opinion scande les slogans de la punition. En taule, nous avons suivi « les événements » avec grand intérêt. Inutile d’être Jérémie, notre tour viendra. Demain ou après -demain, aussi sûrement qu’un et unfont deux, nous foutrons le feu à nos cités prison. Pourquoi douter ? les mêmes causes de misère produisent les mêmes effets de révolte. Dans la stratosphère de leurs vies douillettes, les gentils citoyens le comprennent-ils ? je ne crois pas; difficile de saisir l’ampleur de la désespérance quand, dans nos société hautement précarisées, on ne se frotte jamais au rapport de force. Mais comme pour les individus au plus bas de l’échelle, c’est notre lot quotidien. L’arrogance des puissants et de leurs sbires paraît sans limite. Pareils aux gamins des quartiers, nous avons été condamnés à des perpettes de misère et d’ennui. Surtout à bien fermer nos gueules et à baisser la tête, sinon ils lâchent sur nous leur chiens de la BAC ou des ERIS (police des détenus, genre gign des prisons !!) Au coin des rues ou des coursives, les cagoulés sont prêts à défourailler au flash-ball et à vous expédier au mitard. Au plus profond de son être, chaque flicard et chaque maton des unités spéciales a intériorisé la haine sociale. Dès la première occasion, ils se lâchent, histoire de participer à la grande oeuvre de redressement de l’autorité nationale. Surtout si vous êtes une tête d’affiche ou un basan. Celui-là refile un marron ou une beigne, l’autre balance en douce un coup de genou. Tous ensembles, ils égrènent la panoplie des humiliations, qu’on exécute allongé par terre, les menottes dans le dos : ou de longues minutes, les mains sur la tête face au mur ; qund ce n’est pas, dans un couloir, eposé nu comme un asticot. Six encagoulés de l’ERIS pour chacun, le canon du fusil à pompe planté à dix centimètres du visage, les insultes et les menaces de mort pleuvent : voilà l’image qu’ils veulent nous inculquer de l’insertion sociale. Ils sèment, ils sèment … Mais viendra bien un jour la saison des moissons !
    Les cités et les prisons sont des zones de non-droit – ou plutôt de celui de la force et de l’arbitraire. Combien de fois, au cours de ces deux années de chroniques, ai-je décrit les mutations de la prison ? la disparition des subventions socioculturelles, les reculs du domaine scolaire et des formations, le cirque du tout-sécuritaire, l’esclavage du travail pénitentiaire, la paupérisation de la population pénale, l’abandon progressif des mesures d’application des peines comme la remise en cause du régime des permissions et de la conditionnelle … Aujourd’hui, la paix des prisons ne tient plus qu’au fil ténu de la répression. Jusqu’à quand ?  »
    Jann-Marc Rouillan, chron iques carcérales, chez Agone.

  28. pennequin

    merci
    car en ce moment
    et ça se confirme un peu ici
    mais aussi dehors où il m’est arrivé d’exprimé mon désaccord face à une salle comble restée aux anges
    en ce moment donc
    grands moments de solitude !
    et on me dit que je dérape et tout ça… ah ah ah ! oui !!! vive les dérapage pour un LANGAGE PLUS VRAIS BANDE DE PRELATS ! vous qui écrivez (ça ne m’est pour ma part jamais arrivé sauf récemment, pour le Mesrine) sur les SITUATIONNISTES ! la belle affaire ! c’est pas du dérapage qu’ils proposaient, eux, c’est bien pire, mais ça vous empêche pas d’écrire sur eux et de vous offusquez comme des vieilles poules.

    Mais voyez donc le film palombella rossa, de moretti, et le type qui s’énerve, dérape, parce qu’en face il y a des mots qui sortent, des façons de penser que s’en est plus respirable !

    asphyxie totale, pour ma part, quant aux langages de ceux qui viennent pleurer qu’on les aime pas, et qui en passant vous font la morale, asphyxie totale quant aux paroles malheureuses sur l’éducation et les décisions politiques et démagogiques de notre pays, etc etc etc.

  29. C.FIAT

    Tous des gentlemen cambrioleurs ! Mais, c’est une chose que de jouer avec la poésie et c’en est une autre que de jouer avec un flingue… Quel romantisme !

  30. pennequin

    ah mais je joue pas du tout avec les flingues
    j’ai tiré assez dans ma vie
    et je peux te dire aussi, et ça en étonnera plus d’un : j’en ai fait des factions à Mesnil Amelot, au centre de rétention, et je sais de quoi je parle, et je n’en suis pas fier, mais je peux affirmer que le dispositif était fait de tel manière (barraquement algéco crado pour tout le monde, flic et retenus) que je suis persuadé que tout ça a été calculé pour qu’on soit encore plus méchant, de notre côté, qu’on est la haine de patauger dans la même merde ! alors tu peux dire, j’en ai fait des rondes de nuit, et avec le famas. Alors me fait pas chier sur ce terrain, je suis pas romantique, mais lorsqu’on parle des avant garde on vient pas s’émouvoir de quelques paroles données ici !

  31. Candide

     » de revenir au calcul, à la lecture, à l’écriture en primaire  »
    Je n’ai dit que cela. Absolument aucun rapport avec ce qui est sorti en parallèle de la part du gouvernement sur les enfants juifs ( une vraie saloperie de communication émotive ). Où ai-je dit cela ? Quels raccourcis ! Vous allez vite en besogne pour cataloguer quelqu’un, pour le mettre dans une case, pour hiérarchiser d’après vos valeurs à vous, en bref pour simplifier un énoncé. Sur fond de langage révolutionnaire. Mais à l’heure qu’il est, toute simplification profite au système. Traiter tout le monde de réactionnaire, allons donc. Je croyais qu’on en avait fini avec les cols Mao.

  32. cp

    mais non mais ça s’accompagne, et c’est la façon dont vous parler très ménie grégoire à la radio  » et tous ces enfants que l’école n’arrive plus à sauver », la « calmitude », tout un tas de terme, très prof mais j’en veux pas au prof mais bon, là il faudrait un peu passer à la vitesse supérieure et dire que justement dans les lois qui passent, et du retour à, qui s’accompagnent de plein d’autres retours, il y a des tonnes de retours, des bons vieux retours de manivelle, et je suis désolé mais le retour à l’écriture en primaire il faut arrêter d’avoir ce discours aussi, au calcul à la lecture, il y a pas que ça, et comme dit philippe il y a tout ce qu’on vire aussi, aussi vital que le calcul, et aussi je peux citer l’exemple de ma fille qui apprend par coeur sa deuxième poésie en 1ère, de mon fils qui apprends par coeur les poèmes de fombeure, comme moi naguère, et qu’il faut parler non seulement des écoles, et justement parler des prisons qui sont aussi d’autres usines à cons (je suis désolé chere candide, mais j’ai rien appris dans les prisons-école où j’étais interne à part prendre des baffes, ouf aujourd’hui on donne plus de baffes respect respect controle attitude !) il faut élever le débat quoi, et pas parler des décisions des uns et des timides contradictions des autres, les politiques de gauche et droite on sait que ça fait longtemps qu’en matière d’éducation ils sont main dans la main. Déjà du temps de mittérand, demandez à des vieux universitaires! demandez ce qu’ils en pensent de l’entrée du langage de l’entreprise sous l’ère mittérandienne ! ils s’en souviennent encore…

  33. André Paillaugue

    Bonjour, Charles Pennequin,
    Nous sommes dimanche 9 mars au soir, les résultats du 1er tour des municipales sont en train d’être analysés, commentés, décortiqués, métabolisés et anabolisés par qui de droit… ou de non droit.
    Si je joins ma voix au choriphée discordant qui précède et par rapport auquel, sur bien des points de détails, je ne peux me risquer à prendre position, surtout parce que ce serait beaucoup trop long, si je joins ma voix écrite à ce (non) choriphée, c’est que quoi qu’il en soit je ressens entièrement pour ma part ce que veut dire Charles quand il écrit : « en ce moment donc grands moments de solitude ! »

    Si je peux me permettre, j’ai publié il y 2/3 ans un travail poéticotextuel toujours en ligne à l’adresse : http://autresetpareils.free.fr/documents/AndrePaillaugue.pdf
    Je m’autorise à en citer ici un extrait :
    « ils quittent l’auditorium par petits
    groupes en bavardant on ne sait trop à propos de quoi ils bégaient
    s’égaient le long des galeries descendent les escaliers qui sont-ils après
    tout des étudiants des artistes des happy few des snobs des arrivistes
    des paumés des caméléons et des petits sagouins franchissant une à
    une sans même s’en rendre vraiment compte les étapes obligées de
    l’apprentissage du pouvoir et de l’oppression des enfants des classes
    moyennes cherchant un exutoire à l’ennui une issue au labyrinthe une
    alternative à la tristesse des choses telles qu’elles sont et des jours tels
    qu’ils vont un antidote aux écueils de la répétition et de la
    ressemblance un accès balisé aux territoires minés et si excitants de
    l’étrange étrangeté… »
    Enfin dans le même registre, voici la version intégrale du texte que j’ai lu (performé ?) à Expoésie à Périgueux en juin dernier, texte inédit qui lui n’est encore en ligne nulle part :
    « Le rejet du point de vue normatif
    la part fonctionnelle du langage
    prose vide
    programmes d’improvisation
    quand ne pas écrire équivaut
    à ne pas vivre

    mais que peut-on attendre des improvisations programmées
    des épiphanies féeriques
    quelles autres joyeuses métamorphoses
    si rien ne peut avoir lieu
    sans l’élégance fluide
    sans la légèreté scintillante
    des phrasés interconnectés
    pour la palabre pétillante
    et pour le pur plaisir des actes de parole
    et que dire
    qu’écrire
    pour insuffler la paix et le rire
    à qui a peur de parler
    et à qui a peur du silence ?

    comment représenter le halo de bric-à-brac
    trompeur et de trop bon aloi
    de la cosa mentale
    – représenter ! –
    comme si c’était encore de cela qu’il s’agissait
    alors que la courbe des exégèses s’est inversée
    arc-boutée contre celle du temps
    ramenée à la dimension d’une tête d’épingle
    plérôme enfin retourné comme un gant
    ou un placenta qui a accompli
    les neuf séquences ordonnées de son office inflexible
    big bang micromoléculaire des grammaires et des règles interprétatives
    puis qu’a commencé
    l’expansion infinie du polylogue théologal
    scholastique de l’Autre
    converti corps et biens à la circularité spiralée des algèbres sexuelles
    et livré stigmates et sourates confondus
    aux angles vifs
    générateurs aristotéliciens sans déperdition
    de l’iconologie profane et de la géométrie dans l’espace

    alors que la liberté
    s’est tout entière condensée dans des bégaiements fugués de passe-muraille shakespeariens

    (lex Loi lexiques multilingues des saisons et des rêveries encyclopédiques)

    Umberto Eco et Woody Allen au chevet d’Hamlet
    pleureuses sarcastiques et hollywoodiennes
    à l’horizon en clair obscur
    des continents qui doucement dérivent

    le grand jeu interstitiel des phonématiques jacassantes
    et des limites adjaçantes

    de la rime comme degré zéro
    du stratagème mnémotechnique rapporté
    à l’extension potentielle des microrécits fondateurs
    et des corpus de tabous
    inducteurs de myriades de préceptes en devenir

    champs d’attraction étranges

    aventures liaisons
    épousailles momentanées du fantasme de poème
    et du philosophème
    divorces à l’amiable du bruit et du non-sens

    scandale tranquille des essaims de stylèmes ataxiques
    butinant aux raideurs diacritiques
    de la particularisation et de la généralisation

    trame singulière tantôt lâche
    tantôt serrée
    des significations aux métiers de palabre spontanément tissées
    voilages de lianes de chiendent du sempiternel théâtre de la parabole
    où s’entravent et s’étoilent
    les continuums des doubles articulations

    tapis volants du poème tapi dans la brise
    et dans les ouragans

    à l’occasion de quels tumultueux colloques de sémiopoétique
    s’effectuera jamais
    le déchiffrement pragmatique
    des messages laconiques glissés dans les bouteilles à la mer ?

    les flirts byzantins de l’énoncé subjectif
    et des superstitions fonctionnalistes

    (que) peuvent-ils restituer (de) l’autotranslation
    jaillissante
    d’une persévérance adamantine
    dans un éclectisme dynamique

    peuvent-ils restituer l’autotranslation
    jaillissante
    d’une persévérance adamantine
    dans un éclectisme dynamique

    puisque je ne peux vivre
    ni sans une illusion rocambolesque de mon éternité
    ni sans ma conscience de cette illusion
    puisque ce qui résiste perdure
    et survit
    n’est concerné qu’indirectement
    par ma disparition physique
    est autre chose que moi-même

    puisque je suis déterminé par un savoir
    fût-il strictement théorique
    de l’épreuve de ma mort
    dont l’expérience amoureuse
    brouille et en même temps précise les contours

    et puisque je ne peux connaître
    à tout prendre
    qu’intellectuellement
    le désir et la méthode pour devenir
    définitivement
    à un moment m
    cet autre-chose-que-moi-même
    comme flux de matière et de conscience solidaires
    résumé à un couplage différentiel du fini
    et de l’infini

    (l’absolu la formule mathématique et ses assomptions dans le poème
    supposent la dissolution sans reste de leur acteur thaumaturge
    après
    après il n’y aura plus que la contradiction résolue
    du texte du chant et du dessin
    le perpétuel ballet des vagues sur la mer
    la danse nue des sphères
    dans la lumière)

    têtes d’épingle implosées

    traversées fugaces du mur du temps

    couplages baroques
    de la segmentation épiphanique et des continuums entrecroisés

    les catégories prédicatives
    les Seconds Analytiques d’Aristote

    la coextensivité réciproque du definiens
    et du definiendum

    les jurisprudences labiles
    selon lesquelles les continuums indéfiniment réversibles des doubles articulations
    échangent l’annonce immanente d’incidents
    se succédant en un flux ininterrompu d’ambivalents signaux de brume
    clignotant dans la douce nuit cybernétique

    Boèce et l’arbre de Porphyre
    L’Isagoge

    nébuleuses de mémoire
    où l’esthétique de ce qui est
    a pris le pas sur les usages coutumiers
    élevés à la puissance par des appareils de résolution casuistique
    puis émoussés par le vent le soleil le gel
    et la pluie

    arrière-plans de vergers mitoyens
    entourés de murets de pierre

    grammatologies liées les unes aux autres
    par des conventions mouvantes et évanescentes
    que l’enregistrement systémique des gestes et des mots
    construit déconstruit reconstruit

    le sourire bouddhique infiniment triste et malicieux
    des Quine des Rorty et des Donald Davidson
    officiant dans leur Olympe
    disaïgné par les soins diligents de la Thomas More, Erasme & Sons Incorporation

    construit déconstruit reconstruit
    déconstruit encore
    parfois efface en des remous ponctuels

    trou noir de l’instant involué
    redoublé

    tabula rasa
    gimmick emballé de la substitution des formes
    jeux d’échecs de l’effet et de la cause
    organisant l’effraction folle du même
    dans le tout autre

    (l’histoire : les combinaisons plus ou moins fortement codées et plus ou moins aléatoires des traits distinctifs nomadisant à travers les champs opératoires des protocoles de connaissance // l’Histoire : l’ivresse du paradigme hégélien renversé, la mécanique récurrente du syntagme figé ne parlant que l’homéostasie psyttachiste d’une régulation abstraite)

    l’épure l’éloignement la distance
    le confort évasif irréel
    de la relation réduite aux frictions
    aux échanges lacunaires et sporadiques
    et aux reconnaissances subreptices
    entre des individus insularisés
    coulés au moule structurel deus ex machina
    des modules spécifiques de l’Ego

    taxa taxinomie
    les galaxies prodigieuses de la computation
    classificatoire
    le temps de vivre et d’aimer
    découpé en rondelles
    pour le plaisir détaché et mélancolique
    zélé
    de l’Expérimentation utile

    le temps de vivre et d’aimer
    aspiré par le cours des choses
    apprêté conditionné
    pour les microscopes subliminaires
    d’anges prométhéens
    et de parques conscientes de leurs devoirs intemporels

    la vivisection la dissection et la synthèse
    tous azimuts pantopologiques
    puisque affectés à la fonction incontestable de satisfaire le plus grand nombre possible de besoins
    modelés par les flux monétaires
    et les reflets de la solitude béate
    des modèles de comportement s’affichant
    dans les miroirs diffracté
    des compromis avec les vieilles métaphysiques

    au bonheur des robots entrez entrez

    c’est ici

    la face vaguement taciturne et cachée
    du rationalisme contemporain drapé
    dans sa voyante et honteuse bonne foi
    sa mauvaise foi
    de philosophie du préférable extatique
    et du souverain bien-penser-se-comporter

    à tant fredonner
    « la fleur que tu m’avais jeté »
    à tant transcrire des contre notes interstitielles
    sur des calepins immatériels
    à tant contempler
    des épopées tautologiques de quarks et de quantas
    sur des écrans cathodiques comateux
    il arrive parfois
    que la confusion des stratégies de symbolisation
    conduise tout droit au chaos

    chaos des affects
    chaos des choix et des pragmatismes
    chaos de l’ombre bleue des nuits
    et des flaques de lumière clapotant
    dans la macédoine grise des utopies endormies

    apories de l’énoncé et du bonheur

    funambules essayant de traverser sans filet
    suspendant leur vol
    avec des aboiements déchirants de coyotes
    au-dessus des falaises et des cratères
    on sait ce qu’il arrive
    aux Icare et aux Empédocle

    aucune théorie des probabilités n’y peut rien

    mais il y a toujours un moment dans la réflexion
    une étape dans le travail de forge des concepts
    où il faut bien franchir les canyons sans filet
    où le passé n’est plus que sables mouvants
    et où l’avenir dépend d’un battement d’ailes

    un moment où l’on est à la fois la braise des codes
    l’enclume du mythe
    et le soc minimal des inflexions à forger »
    (Bordeaux, 1994)

    Amitiés à tous ceux qui militent sincèrement et authentiquement pour une socialité ouverte et pour ce qu’elle permet de véritable intelligence et de véritables solidarités.

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