[video/article] poetry::S::quanti::K::: (v.1.0) >> vers une autre poésie sonore/visuelle

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octobre 2, 2009
in Category: recherches, UNE, videopodcast
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  Cet article présente à la fois la version 1.0 du logiciel poetry::S::quanti::K::: que j’ai programmé avec pure data, et une réflexion sur le rapport entre texte et potentialité numérique. Alors que domine au niveau de la représentation, le fait que le texte numérique soit une transposition simple du texte d’un support à l’autre, il m’apparaît que les recherches de poésie numérique, ou e-poetry, inaugurées dès la fin des années 70, soient occultées. Par le bais de cette présentation, j’aimerai donner à réfléchir justement, en quel sens il y a des possibilités proprement liées au numérique qui interroge véritablement la nature mêem de la textualité, de la lecture, de la représentation.

P::S::Q est un logiciel de séquençage à partir de textes poétiques mis en preset (dans la version actuelle 3 vers de Voyelles de Rimbaud et trois extraits de Lissez les couleurs de Hubaut). Il est possible aussi de taper son propre texte pour le séquençage ou de downloader un fichier texte. Il s’agit ainsi d’entendre la poésie autrement que selon sa prononciation ou sa saisie linéaire, mais selon une logique algorithmique, qui amène que le texte est déplacé d’un référent (linguistique) à deux autres référents  (sonore et visuel), qu’il est interrogé dans son atomicité. C’est en ce sens que P::S::Q se situe dans une généalogie expérimentale explicite du Futurisme à la poésie visive en passant par Dada et le lettrisme (chacun de ses mouvements entreprend un déplacement de la valeur textuelle : qu’elle soit sonore, visuelle, ou selon l’atomicité énergétique).
Ce qui anime cette création, tient au fait de mettre en évidence, de quelle manière un texte poétique peut se constituer dans un univers numérique. En effet, depuis maintenant quelques années le seul transfert du texte sur le web, est devenu le principe de ce qui est appelé une littérature numérique (certes ce passage est nécessaire, mais ne devrait pas occulter des recherches bien antérieures : cf. Bootz, Balpe, Donguy, etc). Or, s’il est évident qu’il y a bien transfert, celui-ci est seulement un déplacement du texte du point de vue de son support. La spécificité de l’outil numérique n’est pas prise en charge, au mieux elle se traduit dans une logique d’hypertextualité liée aux liens, et quelque fois à l’intégration de son ou d’image (c’est en ce sens que le blog s’est imposé certainement comme premier support de publication poétique, devant le livre papier). Rien dans l’ensemble de ces pratiques ne prend en compte le caractère propre de la machine : ses possibilités de séquençage par exemple, ou encore ses possibilités génératives propres : notamment au niveau du son et de l’image. Une poésie numérique tient à la possibilité du fonctionnement spécifique du support, et pour le numérique donc à la programmation.

C’est pourquoi avec P::S::Q, j’interroge ce que pourrait être une poésie sonore et visuelle à l’ère du numérique. Le texte devient une séquence du programme, il est la variable active, celle qui va être lue. Le logiciel lit bien le texte, mais il l’interprète selon sa logique de programmation (au même titre que quand je lis un texte, c’ets selon ma matrice neurocognitive que je traduis le code en son et que je décrypte du sens). C’est pourquoi, avec P::S::Q, je me suis volontairement privé de l’emploi de voix synthétiques, afin de ne pas renvoyer à la poésie sonore. Le texte est lu selon des potentialités de la machine, non analogiquement reliées aux potentialités de lecture humaine et devient sonore et visuel selon ce qui est programmé : tous les sons sont générés en temps réel (il y a sept sortes d’instruments différents, issues de synthèses). P::S::Q ouvre ainsi la question d’une poésie sonore numérique, qui demande une forme d’interprétation. En effet, si le séquençage est automatisé, il s’agit pour nous de jouer la séquence. Ainsi, P::S::Q permet de mixer, de travailler le son, au fur et à mesure. De même, au niveau de l’image, si elles obéissent à la séquence, il est possible de les mixer, de les relier spécifiquement à un des sept instruments. Au niveau de l’image, si le texte est bien intégré, il est mot-lécularisé, à savoir chaque lettre devient une molécule et se déplace librement. L’alphabet constitutif de la poésie trouve ici une liberté dans son mouvement (d’où le nom du programme : poésie quantique).

P::S::Q se transforme ainsi en lieu de possibilité de bataille rythmique entre des poésies. C’est selon ce second degré, que pour celui qui joue, il est possible d’introduire des battle (ici dans l’extrait Hubaut VS Rimbaud). Les combats rythmiques s’affichent bien évidement à l’écran. La séquence sonore qui est entendue dans l’extrait provient de Hubaut, Lissez les couleurs (Al dante) : “I drappx tt ladrap o la tt”. Il est bien entendu que les séquences de texte traitées peuvent être de toute longueur, mais bien évidemment, plus elles sont longues, moins la récurrence sera audible.

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Philippe Boisnard

Co-fondateur de Libr-critique.com et administrateur du site. Publie en revue (JAVA, DOC(K)S, Fusees, Action Poetique, Talkie-Walkie ...). Fait de nombreuses lectures et performances videos/sonores. Vient de paraitre [+]decembre 2006 Anthologie aux editions bleu du ciel, sous la direction d'Henri Deluy. a paraitre : [+] mars 2007 : Pan Cake aux éditions Hermaphrodites.[roman] [+]mars 2007 : 22 avril, livre collectif, sous la direction d'Alain Jugnon, editions Le grand souffle [philosophie politique] [+]mai 2007 : c'est-à-dire, aux éditions L'ane qui butine [poesie] [+] juin 2007 : C.L.O.M (Joel Hubaut), aux éditions Le clou dans le fer [essai ethico-esthétique].

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2 comments

  1. smad

    Cela a l’air très excitant, est-ce qu’il y a un moyen de le tester? D’en voir quelques exemples?

  2. smad

    Je n’avais pas fais attention au pop up vidéo, donc j’ai mes exemples, désolé… et merci…

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