Les Guenilles, Edwarda, 50 photographies de Elizabeth Prouvost accompagnées par "Edwarda", poème de Claude Louis-Combet, et Divine obscène, improvisations sonores de Ex-pi, basse et dispositif électronique, 2016, 34 feuillets + 1 CD, ISBN : 978-2-914791-09-0. [Commander / écouter et voir]
"Tout est couleur dans le monde moderne" rappelait  Michelangelo Antonioni. Mais c’est bien justement parce que le monde  est en couleurs qu’Elizabeth Prouvost  choisit de  le photographier en  noir et blanc. Mais pas n’importe quel monde : celui qui jaillit de Madame Edwarda de   Bataille. L’artiste présente les photographies créées avec le  parti-pris du noir et blanc pour affirmer non un retour nostalgique   mais une avancée audacieuse et sidérante. Elizabeth Prouvost offre en  outre le fac-simile du carnet écrit et qui préside à la préparation de  ses captures. Elles donnent lieu par contre coup  à un texte lui aussi  abyssal de Claude Louis-Combet, ponctué d’une œuvre minimaliste de  l’électro bruitiste de « ExPi ».
 Le  coffret devient un miroir impressionnant. L’auteur prend la parole en  lieu et place de Madame Edwarda dont la chair saturée de solitude telle  que la plasticienne la scénarise dans des prises sidérantes et presque  suffocantes parfois. Là où Bataille cherchait la déchirure, Prouvost et  Louis-Combet inventent moins une reprise qu’une suture sous le sceau de  l’emprise sans partage de l’inconnu. Le corps n’appartient plus à  personne puisque aborder ses pleins pouvoirs ne contrevient plus à son  extinction  sous X (à savoir Eros et Thanatos). Edwarda devient celle  qui préfère voir plutôt qu’être regardée. Tout cela reste pourtant un  pur aléatoire puisque il n’est pas jusqu’à la vulve à refroidir en dépit  du désir sur des terrasses ou des litières surchauffées.  Mais l’auteur  devient lui-même prêtresse qui  accepte de se laver dans sa "merde" au nom de sa beauté en psalmodiant : "J’attends encore ce qui me roulera / Dans un néant plus chaud que mon savoir".
Le  coffret devient un miroir impressionnant. L’auteur prend la parole en  lieu et place de Madame Edwarda dont la chair saturée de solitude telle  que la plasticienne la scénarise dans des prises sidérantes et presque  suffocantes parfois. Là où Bataille cherchait la déchirure, Prouvost et  Louis-Combet inventent moins une reprise qu’une suture sous le sceau de  l’emprise sans partage de l’inconnu. Le corps n’appartient plus à  personne puisque aborder ses pleins pouvoirs ne contrevient plus à son  extinction  sous X (à savoir Eros et Thanatos). Edwarda devient celle  qui préfère voir plutôt qu’être regardée. Tout cela reste pourtant un  pur aléatoire puisque il n’est pas jusqu’à la vulve à refroidir en dépit  du désir sur des terrasses ou des litières surchauffées.  Mais l’auteur  devient lui-même prêtresse qui  accepte de se laver dans sa "merde" au nom de sa beauté en psalmodiant : "J’attends encore ce qui me roulera / Dans un néant plus chaud que mon savoir".L’ensemble devient une affaire de  peaux limites par le « misérable miracle » de la chair « déifiée » du  personnage de fiction pérennisé  en empreintes  intenses et rauques  d’émotions. Fuite et fusion, approche et éloignement : en de telles  scènes, l’obscur le plus profond d’un inconscient personnel et collectif  voit le jour. Louis-Combet et Prouvost montrent le corps  si  proche, si étrange et prouve que ce qu’on appelle le présent demeure  toujours ce qui nous précède : le personnage d’Edwarda pour la  photographe, son créateur pour l’auteur. L’espace inscrit une  possibilité et une impossibilité sans indications de lieu ou de temps.   Sans non plus que l’on sache ce que le corps peut prendre ou donner.
Dans  de telles scènes  plastiques ou poétiques,  la mort revient  hanter les  vivants.  Comme les vivants les morts. Par « montrage » et démontage,  jouent l’ombre et la clarté moins par des reflets que des éclats  nocturnes qui – par delà Bataille – ramène à la « folie du voir. Folie  du croire » de Beckett. D’où la valeur fondamentalement héroïque des  silhouettes d’Elizabeth Prouvost. Et la force mélancoliquement  "pathologique" de l’écriture d’Eros de Louis-Combet. Dans cette création  surgit à la fois de l’image dépressive et la vision de l’invisible que  Bataille a contribué à ouvrir. L’amour  y est sans « merci ». Les créateurs suivent le mouvement de celle qui  est couchée, éteinte et douloureuse dans le mauvais désir de l’homme qui  se dresse comme un rayon de lune. Demeure en différents jeux de textes,  d’images et de sons une symétrie entre ordre et chaos, pathétique et  fête, douleur et plaisir. 
					![[Chronique] Elizabeth Prouvost et Claude Louis-Combet, Les Guenilles, Edwarda, par Jean-Paul Gavard-Perret](http://www.t-pas-net.com/libr-critique/wp-content/uploads/2016/04/EdwardaBackG.jpg) 
	
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