[Livre] Esteria de François Richard

[Livre] Esteria de François Richard

octobre 4, 2007
in Category: Livres reçus, UNE
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bandrichard.jpg François Richard, Esteria, ed. Le grand souffle, coll. Atom poésie. 181 p.
ISBN : 9782-916492-17-9. Prix : 14,8 €
[site des éditions]

richard-couve.jpg4ème de couverture :
« Je suis guitariste. La musique est la vibration primordiale. Après sept ans d’anorexie, la vie s’est insurgée dans ma vie. Tout s’est accéléré en des jours étranges. Des lignes de vitesse, des intensités ont traversé l’espace nouveau de mon être. La vie, la parole, petite sueur vibrant, toujours témoin du premier instant. Puissante musique intérieure enceinte, orage électrique, boréal, Esteria : une chanson pour la parole. »

Il y a dans l’écriture de François Richard, qui a déjà publié Vie sans mort, le signe mystérieux d’un poète futur d’aujourd’hui, l’intuition ardente d’une jeunesse qui fait advenir un autre monde du son dans le langage humain. C’est pourquoi Esteria inaugure la collection ATOM du Grand souffle.

Notes de lectures :
Tout d’abord signalons et saluons la naissance de cette collection poésie aux éditions Le grand souffle, dont nous avions parlé lors de la sortie de Avril-22 ceux qui préfèrent ne pas sous la direction d’Alain Jugnon [ici]. En ces temps de questionnements fréquents et parfois angoissés sur le devenir de l’édition, qui plus est des éditions de poésie, cette collection, montre une nouvelle fois l’intérêt pour les recherches poétiques.
Avant de parler brièvement d’Esteria, je voudrai tout d’abord exprimer le plaisir que j’ai de lire ce texte. François Richard n’est pas en effet pour moi, seulement l’éditeur dirigeant Caméras Animales en association avec son frère Mathias [cf. entretien ici]. Certes nous nous sommes revus à cette occasion. Mais la découverte de cet écrivain date de quelques années auparavant, de l’année 2000, moment où je dirigeais une petite collection de poésie pour l’association Trame-Ouest. François Richard, en cette époque-là, m’envoya plusieurs manuscrits, aux langues transgressées, aux rythmes souvent frénétiques et accidentés, en bref de qualité remarquable. Sans doute effrayé par la longueur de certains de ceux-ci, sans doute résigné à une certaine forme de lâcheté éditoriale, tout en lui répondant et en lui témoignant de mon admiration, je refusais de publier chacun de ses textes. C’est pourquoi depuis sa publication chez Richard Meyer dans la collection Vents contraires, c’est une joie de pouvoir le voir diffuser sa langue.
François Richard, indéniablement, explore une langue, ou plutôt la langue le provoque à l’écriture, car on ressent bien que c’est le flux de la langue qui le pousse, qui se propulse dans l’écriture, et ce n’est pas d’abord un choix délibéré. La langue lui souffle ainsi la parole.
Esteria pourrait être le récit de cette parole qui s’immisce dans l’existence. Esteria est le récit d’une forme de rédemption, d’une terre retrouvée après son oubli. D’emblée, il l’écrit : « Il rescapa le jour d’un poème ». Sortie d’une forme de naufrage, sans doute geste qui passe par la possibilité enfin de la parole. De dire, et tout d’abord dire son propre être, se remettre à proximité de celui-ci.
Esteria, au niveau poétique, est une composition complexe (les parties étant placées pour 2 d’entre elles (chiffre de 1 à 7, et les lettres de o à m) en ordre décroissant) où la langue si elle se laisse aller à la métaphore, pourtant ne construit pas son réel à partir de celle-ci. La beauté de la langue de François Richard ne tient pas aux déplacements opérés par la représentation métaphorique, ou bien encore aux télescopages des images, mais à sa manière de lier ce premier travail, classique, à un autre celui d’une effraction de la langue, d’une torsion, de coupures sans sutures qui viennent l’accélérer, l’accidenter, la provoquer au sens.
Il est ici nécessaire de remarquer que François Richard, avec quelques autres, rares, est un inventeur d’idiolect. Invention d’idiolect qui s’échappe pour une grande part justement des avancées de TXT et de sa succession, que l’on retrouve à travers certaines poésies carnavalesques où le calembour et les jeux de mots dominent. Tout au contraire, l’incise de et dans la langue se déploie non pas à partir de ce type de logique, mais souvent en relation avec une réflexion quasi-philosophique de la langue, qui me fait penser par moment à Derrida./Philippe Boisnard/

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rédaction

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