[Chronique] à propos de OOO les puits du désir de Mohamed Rachdi

[Chronique] à propos de OOO les puits du désir de Mohamed Rachdi

janvier 16, 2007
in Category: chroniques, UNE
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[spécial Salon international du livre de Tanger]
[Libr-critique ayant initié le projet vlog-trotter, tout au long de la préparation de ce salon, et lors de celui-ci, nous mettrons de temps à autre des articles de vlog-trotter, qui croisent les centres d’intérêt de Libr-critique. Pour voir tous les articles, vous pouvez regarder le RSS que nous avons mis à droite.]

imagelogo2.gifMohamed Rachdi, lors de ce 11ème Salon, va diriger une table ronde sur « la langue et ses formes ». Mohamed Rachdi est commissaire d’exposition et artiste, chercheur en Art et Sciences de l »Art, enseignant à l’Université de Valenciennes. Il a publié déjà deux livres : Art et mémoire, éditions de l’Harmattan et >>>interférences—références marocaines de l’art contemporain aux éditions le-RARE.
OOO Les puits du désir est son second livre publié aux éditions le-RARE. Il présente une installation qu’il a accompli avec d’autres artistes : 17 artistes femmes (AZ-IN & MO, Élodie Barthélémy, Maryline Beauplet-Dornic, Delphine Bloc, Gaëlle Braun, C. Béatrice, Tatiana Cruz, Claudie Dadu, Claire Dignocourt, Geneviève Guétemme, Agnès Gomez, Nathalie Lamotte, Daphné Le Sergent, Cécile Massart, Laurence Medori, Dominique Rensn, Lynn Scwartz). L’installation a été faite à l’église Notre-Dame de Montataire, en avril-juin 2006.

puits166.jpg Alors que ses précédentes installations Escales et Dunes du désir, s’attachait à la création d’un désert graphique, avec OOO Les puits du désir, Mohamed Rachdi investit l’église de cylindres métalliques, à l’apparence industriel, et invite les artistes à en habiter l’intériorité du O, à en habiter le désir à partir de la constitution de leur propre intériorité. Cette installation semble ainsi animée par eros, par la sensualité plastique des oeuvres. En ce sens, M. Rachdi prend le pari d’une transfiguration de l’espace cultuel, par le surgissement de ces intériorités.

Tel qu’il l’écrit en préface de ce livre :

« Partout l’O circule dans cette oeuvre à trente-six mains, partout des Ouvertures s’y Organisent en échO à l’O de l’Origine – de l’Origine du monde de Gustave Courbet aussi bien, naturellement ! — mais aussi à l’EAU, bien sûr, à ce flux de vie et de régénérescence — de l’Oasis primordiale, en échO à l’O de la circonférence de l’Oeil du puits qui invite le regard du visiteur à plonger à travers l’Orifice de son volume cylindrique (tout à la fois creux et reliefs) ouvrant sur l’abîme sans fond de l’altérité, sur ce qui me hante depuis toujours et me fait agir (…); mais aussi en échO au cri du O du Où en quête permanente de son éternel lieu atopique à travers des étendues utopiques ».

Ici Mohamed Rachdi est bien entre les formes et la langue, l’oeuvre plastique rejoint la poésie. À travers ce qu’il dit, on peut penser, non pas seulement à la poésie arabe et à ses images, mais aussi, et ici singulièrement, à ce qu’a entrepris depuis des dizaines d’années, Julien Blaine à partir du O ou du Q dans la diversité des langues mais aussi des signes produits par la nature et les hommes.

Selon Julien Blaine, le monde est un espace graphique d’écriture, où se joue les signes voilés de la langue originaire. Son travail d’anthropopoïétique le conduit à traverser le monde afin de défricher les espaces de ce livre, à faire apparaître les signes : et ceci en dépassant le langage pour que s’exprime la langue en-deçà du sens que l’on y projette, comme cela est parfaitement exprimé dans la suite des Cahiers de la 5ème feuille. De même Mohamed Rachdi, transforme l’espace cultuel de l’église, non pas d’abord en lieu d’art, mais en lieu d’écriture, où de l’alphabet n’apparaît que la récurrence du O, qui s’ouvre à l’abîme de cette altérité : la femme. Car ce qui relie ces deux démarches distinctes, c’est bien que l’écriture et lié à la forme féminine.

Blaine : feuille, oeil, vulve, plume. Rachdi : O de l’oeil, O de l’Origine, O aussi par la médiation de Courbet de l’intériorité de la femme, de son creux qui traverse son être. Tous, les deux posent ainsi la question du signe à travers Eros.

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Philippe Boisnard

Co-fondateur de Libr-critique.com et administrateur du site. Publie en revue (JAVA, DOC(K)S, Fusees, Action Poetique, Talkie-Walkie ...). Fait de nombreuses lectures et performances videos/sonores. Vient de paraitre [+]decembre 2006 Anthologie aux editions bleu du ciel, sous la direction d'Henri Deluy. a paraitre : [+] mars 2007 : Pan Cake aux éditions Hermaphrodites.[roman] [+]mars 2007 : 22 avril, livre collectif, sous la direction d'Alain Jugnon, editions Le grand souffle [philosophie politique] [+]mai 2007 : c'est-à-dire, aux éditions L'ane qui butine [poesie] [+] juin 2007 : C.L.O.M (Joel Hubaut), aux éditions Le clou dans le fer [essai ethico-esthétique].

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