[Chronique] Jacques Darras et la fin de l'absolu poétique

[Chronique] Jacques Darras et la fin de l’absolu poétique

avril 22, 2009
in Category: chroniques, UNE
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Du dernier – et passionnant ! – numéro de la revue Esprit (n° 353, mars-avril 2009), nous tirons un second sujet de réflexion, à partir du long article que Jacques Darras a intitulé "La Fin de l’absolu poétique. La Poésie française, 1950-2000" (p. 43-67).

La thèse quelque peu paradoxale que défend l’écrivain-critique est que l’espace poétique de ce dernier demi-siècle à la fois se définit comme rupture avec une conception métaphysique de la poésie dont le point d’orgue est le surréalisme – "romantisme tardif réactivant les notions de mystère et de merveilleux" (65) – et par rapport à ce surréalisme posé comme pierre angulaire.

Ainsi entreprend-il d’analyser la mutation qui fait échapper la poésie à la sacralisation qu’a mise en évidence Henri Meschonnic dans Célébration de la poésie (Verdier, 2001). Et de passer en revue les différentes étapes de ce désenchantement : immanence de l’image ("réalisme mystique d’Yves Bonnefoy"), objectivisme français (Ponge, Guillevic), ludisme oulipien (Jacques Roubaud) ou carnavalesque (Jean-Pierre Verheggen), incorporation de la langue (poètes sonores). Et de déboucher sur une position mesurée : s’il se défie de la technologisation de la poésie comme de l’absolutisation de la dérision, il se montre tout aussi réticent vis-à-vis de l’anti-modernité que représente Jean-Michel Maulpoix. Celui qui s’est imposé comme l’auteur de polyphonies translinguistiques s’interroge donc : "Pourquoi une telle sacralisation de la parole oblique symboliste ? Pourquoi jamais la clarté vers l’avant d’un Cendrars, d’un Whitman, d’un Apollinaire ?", avant de conclure que "le XXIe siècle n’a pas encore commencé", beaucoup de poètes contemporains préférant "commercer avec des ombres crépusculaires".

Le problème est qu’en se focalisant sur le rapport au surréalisme, Jacques Darras ignore deux faits majeurs. Primo : l’héritage dadaïste de tous ceux qui entreprennent une sortie du style, voire de la poésie, par diverses pratiques de collages, de détournements et de (photo)montages critiques, ou la création d’objets transartistiques. Secondo : cet autre absolu poétique qu’a été le textualisme. À cet égard, s’avère plus convaincante la position de Jean-Claude Pinson dans sa longue étude intitulée " Structure de la poésie contemporaine" (Poétiques & poésies contemporaines, Le Temps qu’il fait, 2001) : pour lui qui, comme Jean-Marie Gleize dans le même volume, ne nie pas cet héritage dadaïste sans lequel il est impossible de comprendre bon nombre d’écritures actuelles, le tournant que connaît la poésie de ce dernier quart de siècle est tout autre, dans l’exacte mesure où elle s’affranchit du paradigme moderniste que Hugo Friedrich définit comme une abstraction caractérisée par la déréalisation, la dépersonnalisation et l’absolutisation de la langue.

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Fabrice Thumerel

Critique et chercheur international spécialisé dans le contemporain (littérature et sciences humaines).

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4 comments

  1. Valentini

    Sur Calais, laid comme un spectre, il travaillait d’arrache-pied à extirper la racine, mais la Molaire indivise résistait. Du mensonge, elle tirait vérité, son identité! Une espèce totalitaire. De l’Ennui naquit, en effet, un jour l’Uniformité. Manque, hélas! entre ces deux termes, la vie humaine, dont le philosophe Durémol a dit:euréka! Elle est dans le trou! La poésie ne peut pas ne pas répondre.

    Falsotech

    L’agent OO7,
    tout le monde connaît!
    Même Omar mollah et ses barquettes
    qui dansent, dansent et chantent:
    -Ô meu’melaide! Go marching in!
    (comme c’est jour de presse, on reprend en choeur
    et en français)
    -Ô marmelade! Et pour des prunes!
    -Go! Au marché! Et pour des prunes!
    Mais lui Omar tout-schuss,
    tout-chose, identique à son dieu-idée,
    tout de James vêtu,
    l’énergique domestique,
    frère du dieu stercoraire,
    le dieu merdeux,
    un énergumène,
    comme un jour disait Tagel,
    le philosophe dernier cri,
    me déclare carrément:
    – Tu parles comme un livre,
    espèce de sale mytho!
    OO7 nous refait le coup, -le con!-
    de la mouche du coche,
    sans voir qu’il dérape,
    comme la main de Don Juan,
    mais lui, sur la langue
    du dieu-Balle au bec cannibale.
    Que faire face à la souffrance incarnée?
    Y mettre un terme. Je dégaine mon 49-3:
    -Merde au patrimoine!
    Dans un monde parfait,
    la poésie jure!

  2. Valentini

    Absolu passe à Dédé, Dédé à but, but!!!!!!!!!! Il est des nôtres, autre, il l’a bu comme zorro, autre! Mais ce n’est pas tout! Tout reprend la balle au bond, bond bondit jusqu’au ciel Ciel! Mon mari ou ma femme (rayez la mention inutile) est un crapaud! Dadouronron, dadouronron, chantent les ouaouarons! Le résumé vite fait sur l’événement work in progress du siècle.

    rejouonslacomédie.com

    A jouir, sans entraves,

    de la règle, un zouave,

    pas touche à mon but!

    du chef, à l’air grave,

    a senti la bave,

    oh! Gare à mon cul!

    Les voilà dans la rue,

    elle, comme la lave,

    et lui, nenni! mon but!

    Par amour, ils s’y lavent:

    à mort le trou du cul!

  3. Valentini

    Tension architecturale autour de l’et-glou-et-glou

    (ci-dessous, on va le voir, j’explique, laissant dans l’ombre, le détail, la vigueur de ma position, et donc laisse quelque autre libre de s’asseoir dessus, car à la fin toute morale moderne, nageant ou planant dans l’incomplétude, tend à jouir d’elle-même, en tant que contenu. Maintenant si, hasard du calendrier hystérique, messieurs les Français trouvent que ce pathos de la victoire vire au devoir victorien, qu’ils se ressaisissent sans se mettre untel en tête et tout bêtement disent le non-savoir qu’ils avaient, des choses à ne pas mettre devant derrière. Tout alors leur sera pardonné. D’autant qu’il y a pire, tout le reste non identifié qui vient: et tous les vierges gars aux trompettes marines!)

    Prologue (où il est montré que la norme est distillée à partir d’une racine morale qui se sublime)

    Sous pression, quelque bar, pour cause de grippe A, au milieu de la Beauce et de la Brie, et l’unique abribus des taxis couleur marne, le souci de symétrie, je pense, ergo fou de blé, Mickey Mouse, hausse des prix, en filigrane, grand cru château-Michel, panneau édénique et plutonium cargo, de retour du Xian Pan, cul maigre, maigre lot, en théorie, talonné par  »der fliegende holländer », se représentent présentement en tant que Blanc-Neg’ aux mâts résilles et son archipel de jarretières ad hoc que les ondes dorées à l’oreille coupée louent, l’heureux mariage!
    Journaux des flaques et des mares, parallèles aux caves et garages, missionnaires à coupler haut et bas, prenez-en de la graine! C’est là goutte-sereine au sein de la biblique Boue, enfantant, enfantin, tous sujets qui, Jésus, Marie, Joseph, confesse toutes les syntaxes qu’elle charrie, clic! Clac! Deux flèches, l’une plus extrême que l’autre, infailliblement vers l’Est se déploient: voici ou voilà, les deux se disent, Notre-Dame du Front, tordue de douleur, quoique derrière, mystère! Quelque vierge maligne y a vu la main de Potemkine. C’eût été moindre mal et certes plus supportable.

    Logo en loques (par quoi la théologie globale se révèle)

    Frères féroces, allons! Dedans, in media stress, assez perdu de temps! Ce n’est pas sans horreur remémorée, obligation intersubjective oblige, pour faire le con, il faut être au moins deux, horreur amplifiée par le fait qu’elle semble être la copie originale d’un film muet, tel un postiche, en x, sur la lèvre supérieure, elle-même, sous le coup d’une émission en panne de juste mot pour dire de quoi il retourne, que l’homme dans le paysage, plus naturel que l’intrus assorti au feuillage, oiseau dont les militaires usent en guise, en guise, en guise de subterfuge, à l’encontre du loup endormi auprès d’une onde claire, comme dans un miroir, voit, non sans angoisse, son jeu dépasse la peur courante, la belle jambe, voit se dresser devant lui, l’islam missionnaire. Et l’on sait que missionnaire et militaire, c’est le bordel de longue durée. Mé-di-ter-ra-née! Tapez, Féroces, tapez!
    Il est dans la nature des prophètes d’être plus vantard que de raison. Cette haute vantardise qui a Babel pour modèle et l’esprit persiffleur de Bab-el-Oued, pour cabaret, leur est coutumière. Face à l’éternité, glorifier modestement sa propre nature, c’est humain! Je n’apprends rien à personne, s’ouvre ainsi devant soi, l’immortalité. Ce surréalisme-là veut jouir par avance de la vie à venir, quand tous serons morts. La bonne volonté, comme d’hab, en fait la réclame, avec un doigt de morale et sa vieille lune. Grand bien te fasse, Scarface, ta face imberbe! Et à l’appel au travail du Travailleur, à gueule grande énorme, qui siffle la vie en un clin d’oeil, merde! Et aux tribunes et stades au dernier stade, merde! Je ne suis ni muet d’usine à rêver de cou coupé, arbitre et sifflets compris, comme braille le doux sergent de la Chanson-en-chef, ni n’ai non plus, dans mes culottes, à la sortie de la messe, un turc à brandir à la grenouille tricolore: hume-moi ça, cocotte! C’est du vrai! Du bon! Du congolais! Ça vient d’Ostende! A chaque bourka, son minaret.

    Epilogue (où j’invite le Français à un dernier effort: se défier de l’économie optique, sans quoi)

    À la barre! À la barre! Pissez haut! Vive le marquis de Caramba de Carambouille! (et puis à l’homme qui ne participe pas, sachant l’antécédent) Eh! Oh! T’as vu le panneau, p’tit con! Alors, sus!

  4. Valentini

    Dans le journal « Les Echos », il est écrit que « le président est resté sur les questions de principe, en ne se prononçant pas sur la construction des minarets, etc. » (excès tairas est la version humble et discrète de « la Marseillaise »). Manque un mot qui en cache un autre. On doit lire: le président est resté « muet » sur les questions de principe, en ne se prononçant que sur la construction des « valeurs ». Les maçons sont invités à faire moins de bruit et les grues aussi. Ce muet n’est pas sans écho, dès lors qu’on passe de l’autre côté du mur et voici ce qu’il nous dit:

    La-Loi: le doux commerce et drôle et divin

    Un type raconte,
    hip! Hip! Hip! Un conte,
    l’histoire du rat,
    hourra! Le bon conte,
    attends! Je raconte.
    L’histoire du rat.
    C’était des rats le rat,
    normal! Si c’est un conte,
    énorme, d’Ararat,
    un homme, alors! Raconte!
    De la loi, le scélérat.

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