[Livre-CD] Conte de F___ de Thomas Braichet

[Livre-CD] Conte de F___ de Thomas Braichet

décembre 13, 2007
in Category: chroniques, Livres reçus, UNE
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  Thomas Braichet, Conte de F____ ,  avec un CD-audio, éditions POL, 77 p. // ISBN : 978-2-84682-161-2 // Prix : 18 €. [site de l’éditeur]

[4ème de couverture]

 

[Chronique]
Deuxième livre de Thomas Braichet, chez POL, et confirmation de ce qui n’était alors que pressenti, Thomas Braichet, est l’un des poètes sonores de la nouvelle génération, les plus intéressants et inventifs au niveau de la composition sonore mêlée à la question de la page.
Conte de F___ se présente comme la succession de journées qui se répètent, et qui dans leur répétition, viennent se superposer, se mêler, se perturber. Les journées, celle de lui dans la première boucle, qui deviennent celles de Phil, puis celles de Phileas, Phileas F. La répétition n’est pas là pour créer une forme de ritournelle, mais à l’inverse pour accentuer les lignes de brisures aussi bien dans l’écrit que dans le sonore (je ne peux que convier ceux qui ont le CDd’écouter toutes les pistes supermarché 3, 3′, 3 », le travail de saturation et sur-impression sonore est très bien réalisé ). Les liaisons entre les deux, clairement définies au début, devenant plus complexes, toujours plus ludiques. Car il faut le préciser, cet audio-livre est plein d’humour et est souvent très drôle.
Le conte de F___, conte de fée, est en fait l’aventure quotidienne, de Phil, dans le monde contemporain. Nous le suivons de son réveil, "Retour de flou. Ouvre — une demi-seconde les yeux puis retour à l’azure", jusqu’à son couché devant la TV. La journée, est une sorte de suite de plages, où Phil s’immisce dans le flux/magma des sons.
Ce conte est celui alors de notre vie dans l’artifice (le sourire colgate en étant le symbole) aussi bien du supermarché, que de la TV, qui est le dernier lieu, avant le noir du dernier sommeil, lieu où s’enchevêtrent, par cut’up, les contes virtuels de notre réalité. Derrière le travail sonore, verbi-visuel, c’est bien un mode de désillusion auquel nous donne accès Thomas Braichet, celui d’un quotidien tressé de codes, de retours, de signes qui se juxtaposent et en viennent à étouffer le sujet, à le neutraliser. L’une des dernières phrases du texte, avant le noir de la saturation, indique parfaitement cela. Cette phrase suit une succession de cut’up de programmes télévisuels, et expose comment le sujet humain, donc Phil, est défini : les hommes sont comme des rats, dans un labyrinthe de signe, rats don on aurait retirer une grande parti de leur faculté. "ils continuent de retrouver leur chemin dans un labyrinthe, même lorsqu’on leur a retiré 90 % de leur cerveau".
Ce travail de poésie sonore de Thomas Braichet est ainsi à découvrir. Se tenant, il me semble, dans une forme de généalogie de Heidsieck, on retrouve parfois des échos de La chaussée d’Antin, tout à la fois dans le croisement entre le trajet quotidien et une certaine forme de critique, mais aussi dans le montage sonore, fait de cut, d’enregistrements concrets, et de pistes qui se chevauchent ou se répondent. Toutefois, et c’est là l’une des grandes forces de la création de Thomas Braichet, il introduit l’oscillation entre d’un côté le livre et de l’autre l’audio, les deux n’étant pas similaires, mais se constituant dans une certaine forme de perturbation réciproque, l’audio redécoupant ce qui est écrit, le mixant, le livre venant emplir les espaces creux de l’audio.

Lire la chronique de Gilles Dumoulin sur sitaudis

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rédaction

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5 comments

  1. Camilla

    Ouais ! Pièce texte/son qui dépasse le cadre strict de la poésie sonore, une des œuvres majeures aujourd’hui, haut la main !

  2. rédaction

    Tout à fait d’accord avec toi Camilla. Pièce majeure, qui dépasse je crois le cadre de son premier travail chez al-dante. pièce surtout hyper intrigante dans ses correspondances, diférences, croisements, distances entre le support papier et textuel. C’est un grand travail de Thomas Braichet.

  3. sylvain courtoux

    Un des meilleurs livres (haut la main !) de cette année poétique, loin devant en matière de poésie sonore et de travail de bandes / il ne fallait pas l’oublier / presque personne n’a parlé de ce livre o combien vital (pour moi)

  4. Pingback: Libr-critique » [Décès] En mémoire de Thomas Braichet

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