[Livre] Claude Le Bigot dir., A quoi bon la poésie, aujourd'hui ?

[Livre] Claude Le Bigot dir., A quoi bon la poésie, aujourd’hui ?

avril 15, 2007
in Category: Livres reçus, UNE
0 1926 3

pur.jpgClaude Le Bigot dir., A quoi bon la poésie, aujourd’hui ?, Presses Universitaires de Rennes, 2007, 144 pages 12 € ISBN : 978-2-7535-0397-7
Quatrième de couverture
Répondre à la question À quoi bon la poésie, aujourd’hui ? c’est d’abord envisager ce que sont les pouvoirs et les enjeux de la poésie dans un monde qui tend à réduire cette pratique à une confidentialité qui la marginalise face à la fiction romanesque. Cette journée d’études, qui a réuni créateurs, critiques et essayistes, a pourtant mis en évidence la vitalité du genre et sa vocation à être encore la conscience critique de son temps.

Les diverses contributions ont placé sous un nouvel éclairage la responsabilité éthique du poète. Dans ce sillage, l’engagement est encore de mise ; mais après sa phase idéologique, il a cédé la place à l’histoire du sujet. Alors la poésie n’hésite pas à utiliser les ressorts de l’intimité qui avait été jugée indécente pour se faire « poésie indiscrète » ; entendons par là l’attitude de celui qui est le témoin gênant des événements. À côté des exemples précis empruntés essentiellement au domaine espagnol, la table ronde autour de Christian Prigent est l’occasion de repenser le divorce – toujours déroutant – entre le langage poétique et l’adéquation au monde du logos. Le désir d’écrire envers et contre tout est en soi une dynamique inépuisable. Même s’il reste peu de choses des spéculations théoriques des avant-gardes, toutes époques confondues (dimension polémique, souci de l’impact civique, questionnement idéologique), ce peu est incontournable.

Premières impressions

Depuis la fin du siècle dernier, la question hölderlinienne de l' »À quoi bon la poésie ? » tiraille le champ tout entier – à savoir, les espaces des médias, des éditeurs, des libraires et des bibliothécaires, mais également, par ricochet, ceux des auteurs et des revues. Car le diagnostic semble de plus en plus critique : poids économique nul, reconnaissance institutionnelle insuffisante, danger d’asphyxie par inadaptation au circuit commercial actuel, maintien « sous perfusion / subvention étatique », pour reprendre une formule du poète Olivier Quintyn (Magazine littéraire, n° 396, mars 2001)…Sans oublier le problème de l' »action poétique », que Jean-Claude Pinson résume ainsi en début de volume : « Avec la mise à mal des utopies politiques qui formaient l’horizon des poétiques de la révolution par le signifiant, avec des lendemains qui déchantent, parler d’action poétique a-t-il encore un sens ? » (p. 23). Et de s’engager en faveur d’une poéthique : un « lyrisme sans transcendance », une poésie dont l’action est restreinte, mais grande l’ambition ; une poésie qui, plutôt que de déconstruire, vise à reconstruire.

Dans cet ouvrage collectif qui arbore en couverture la superbe reproduction d’une création de Marisa Cal (Zurgai, 2004), nous retrouvons d’ailleurs les deux poètes qui se sont posé la même question dans leurs essais : Christian Prigent, À quoi bon encore des poètes ? (P.O.L, 1996), et Jean-Claude Pinson, À quoi bon la poésie aujourd’hui ? (Éditions Pleins Feux, Nantes, 1999). Leurs problématiques traduisent l’opposition entre lyrisme et littéralisme, conception positive et conception négative de la poésie.
Prochainement, nous reviendrons en détail sur les pistes de réflexion que nous offre ce livre important. /FT/

, , , , , , ,
rédaction

View my other posts

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *