[Livre] Ménécée, Le Voluptueux inquiet (réponse à Épicure), par Fabrice Thumerel

[Livre] Ménécée, Le Voluptueux inquiet (réponse à Épicure), par Fabrice Thumerel

juillet 30, 2019
in Category: Livres reçus, UNE
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[Livre] Ménécée, Le Voluptueux inquiet (réponse à Épicure), par Fabrice Thumerel

Ménécée, Le Voluptueux inquiet (réponse à Épicure), présentation et traduction de Frédéric Schiffter, éditions Louise Bottu, coll. « Inactuels/Intempestifs », juin 2019, 50 pages, 8 €, ISBN : 979-10-92723-34-2.

Dès leur première année de philosophie, bon nombre de futurs étudiants ont lu ou entendu parler de la fameuse « Lettre à Ménécée » d’Épicure, mais disons que la réponse de l’intéressé a un peu tardé à être retrouvée. C’est chose faite grâce à Frédéric Schiffter, qui prend soin de republier la Lettre signée par le maître de l’épicurisme savant et d’y emprunter son titre pour la traduction d’un texte grec retrouvé par des archéologues près d’Ankara : c’est précisément contre ces hédonistes que sont les « voluptueux inquiets » que s’érige la sagesse d’Épicure, fondée sur la quête de l’ataraxie (eudémonisme).

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le disciple ne s’en laisse pas conter, adoptant le même ton que le maître. Non seulement il lui répond point par point, mais en outre il procède à une remise en question de la pratique philosophique qui pourrait passer pour moderne : avec rigueur, il dévoile l’impensé de philosophes qui ne sont que les ventriloques d’une « nature » qu’ils hypostasient. Et de souligner les paradoxes d’Épicure : comment atteindre l’ataraxie dans un monde cosmique, social et psychologique des plus instables ?

C’est ainsi que se dégagent les limites de l’idéalisme épicurien : « Chacun de nous étant le pantin de mouvements contraires, comment faire de soi, et durablement, un être souverain de lui-même, exempt de troubles ? » ; « de quel éclat rayonnera en lui l’idée du Souverain Bien quand il assistera au délabrement progressif de sa peau, de sa musculature, de son squelette ? » (pp. 31 et 33). Et d’aboutir à une conclusion radicale : une telle philosophie ne fournit-elle pas aux hommes « une nouvelle superstition plus inquiétante que tout autre puisqu’elle les encourage à avoir foi en eux-mêmes ?« 

Désormais, la confrontation de ces deux textes ne pourra que servir à développer la réflexion critique.

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Fabrice Thumerel

Critique et chercheur international spécialisé dans le contemporain (littérature et sciences humaines).

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1 comment

  1. Louis-Michel de Vaulchier

    Merci beaucoup de faire revenir ici Epicure, j’ai en attendant été faire un tour sur le web et revu un peu de cette philosophie qui se conserve et se bonifie si bien comme on le dit avec un vin !

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