[Chronique] Vincent Broqua, même = same, par Bruno Fern

[Chronique] Vincent Broqua, même = same, par Bruno Fern

janvier 15, 2014
in Category: chroniques, Livres reçus, UNE
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[Chronique] Vincent Broqua, même = same, par Bruno Fern

Bruno Fern nous livre ses savoureuses réflexions sur un nouveau pan de la création poétique.

Vincent Broqua, même = same  (sui generis), éditions contrat maint, décembre 2013.

En matière de traductions délibérément faussées, je connaissais déjà au moins celles d’Alexander Dickow (par lui et en lui, si je puis dire), d’Isabelle Sbrissa, appliquées à toutes sortes de textes, et les fameuses craductions de Raymond Federman par Pierre Le Pillouër. En voici donc quelques-unes proposées par Vincent Broqua, par ailleurs incontestable spécialiste de la vraie chose. À son tour, il fait ici feu de tout sème entre le français et l’anglais en jouant sur de multiples tableaux (homophonie, paronymie, polysémie, voire décomposition calembouresque, etc.). Bien entendu, ce faisant il touche à l’un des ressorts majeurs de l’écriture en général (et non pas : de l’écriture générale, soi-disant transparente pour mieux « communiquer », mon enfant), à savoir qu’un mot peut toujours en cacher un autre – ce qui, formulé plus savamment par Michel Leiris, donne ceci : « En disséquant les mots que nous aimons, sans nous soucier de suivre ni l’étymologie, ni la signification admise, nous découvrons leurs vertus les plus cachées et les ramifications secrètes qui se propagent à travers tout le langage, canalisées par les associations de sons, de formes et d’idées. » (Mots sans mémoire, 1969). Finalement, de fil en aiguille quelque peu tordue, cette méthode de déformation fait apparaître d’autres images dans le miroir, non sans humour :

un sceau = a seal = un phoque = folk =

gens = people = peuple = poplar = peuplier

= pas céder = possession = possédant = notice teeth =

remarque l’accroc = remakes a crook =

Trop vite arrivé au bout (laissé grand ouvert, ainsi que l’on peut le constater ci-dessus) de cet opuscule (qui ne compte que 8 pages, comme tous ceux édités par les éditions contrat maint :  « Contrat maint est une économie. La forme des ouvrages – A4 plié en quatre agrafé dans une couverture de couleur – est née en 1998, lors d’un séjour au Brésil. »), on aimerait que ce descellement du sens entre deux langues se poursuive, bref en lire plus long – ce qui est forcément bon signe.

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rédaction

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