[News] News du dimanche

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novembre 18, 2012
in Category: Livres reçus, News, UNE
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Sans ascenseur ni renvoi d’ascenseur, c’est assurément au Monte-en-l’Air que se déroule l’événement parisien de la semaine : notez bien la soirée Al dante de samedi prochain (revue Attaques ; Bernard Desportes, Jérôme Bertin, Amandine André et Oscarine Bosquet). Soirée mondaine ? Vous en jugerez après avoir lu notre UNE.

Vu "la grande bouffonnerie" (J. Bertin) de notre monde comme de notre monde littéraire, nous avons donné carte blanche à Thierry Rat – dont vous pourrez lire bientôt sur Libr-critique un extrait du prochain livre) – dans notre rubrique Libr-commentaire de l’actualité.
Autre Libr-événements de la quinzaine : rencontre avec Mathieu Larnaudie à St Brieuc et, à Paris, soirée des éditions Les Petits Matins et colloque à la Maison de la Poésie sur le poème en prose. /FT/

UNE : soirée Al dante /FT/

Samedi 24 novembre 2012 à partir de 19H à la Librairie-galerie Le Monte-en-l’Air (71, rue de Ménilmontant / 2 rue de la Mare 75020 Paris ; tél. : 01 40 33 04 54).
* Présentation de la revue Attaques ainsi que des nouveautés al dantiennes
* Lectures d’Amandine André (revue Attaques) ; d’Oscarine Bosquet (Mum is down : lire le compte rendu de Bruno Fern) ; de Bernard Desportes (L’Éternité) et de Jérôme Bertin (Le Patient & revue Attaques)

Attaques, # 1, automne 2012, 272 pages, 23 €, ISBN : 978-2-84761-805-1.

"Le capitalisme est beaucoup plus dangereux que le fasccisme, qui lui avance démasqué."

"La culture d’état pue la mort" (Jérôme Bertin, "La Grande Bouffonnerie", p. 82 et 85).

Les deux lignes de mire de ces Attaques : la barbarie capitaliste ou intégriste ; la sclérose du milieu littéraire. Un seul mot d’ordre : sus aux humoins (J. Bertin) !
Comme le remarque Jérôme Bertin : "La lutte est décapitée par le rire du capital" (83). Et en Frankistan, rien ne va plus, note pour sa part Antoine Dufeu : "Tels des animaux menés à l’abattoir par la boucherie industrielle, nous tous sacrifions notre pouvoir économique et ses instruments sur l’autel d’un temple de l’argent dont seulement quelques-uns  – des plus malins – savent le tabernacle vide" (235). On met "la crise" à toutes les sauces pour transformer les travailleurs en marchandises, renchérit Sylvain Courtoux.

Le soleil se lèverait-il au Sud, avec le printemps arabe ? Évidemment non, répond Mustapha Benfodil, qui a fait scandale à la Biennale d’art contemporain de Sharjah pour avoir dénoncé dans une installation (en lien avec le "Soliloque de Cherifa", extrait de sa pièce Les Borgnes ou le Colonialisme intérieur brut, 2012) le viol d’Algériennes dans les maquis d’Allah : "VIOLÉES / ENCORANNÉES / ASSASSINÉES" (132)… "Islam et Art peuvent-ils faire bon ménage ?" (129).

Jérôme Bertin et Sylvain Courtoux lui emboîtent le pas pour mettre en lumière la nécessaire fonction subversive de l’écriture : "L’écriture aussi est un sport de combat. Ou alors ce n’est pas de la littérature. C’est de la merde" (81) ; "Je n’aime pas la littérature propre sur elle. Écrire c’est mal parler" (84)… Pour l’auteur de Stillnox, le poète doit s’engager à vivre ce qu’il écrit, explorer inlassablement de nouvelles formes, et non profiter de ses acquis, parader en quête de gloriole.

► Jérôme Bertin, Le Patient, automne 2012, 64 pages, 12 €, ISBN : 978-2-84761-812-9.

Bienvenue à Dingoland, c’est-à-dire à Lomelette : "Fleury-Mérogis à côté doit ressembler à Eurodisney" (14). Un hôpital psychiatrique dans la métropole lilloise a de quoi donner la Nausée : "Les hôpitaux psychiatriques sont au cerveau ce que la chirurgie esthétique est à la beauté, un leurre caractérisé, une escroquerie pute, un stellionat" (35)… Dans cet enfer concentrationnaire où on soigne "du dégoût par l’horreur" (20) et où se déroule "la lutte des crasses" (23), les acteurs – aliénés ou aliénants – sont désignés par des synecdoques ou des métaphores dévalorisantes ("deux vulves", "deux entonnoirs", "bon Dracula de la culasse"…).

La réussite de Jérôme Bertin est d’avoir rendu compte d’une expérience extrême, la maladie du sens, par une écriture rageuse toute en dérapages – du signifié comme du signifiant.

► Bernard Desportes, L’Éternité, 16 novembre 2012, 96 pages, 15 €, ISBN : 978-2-84761-808-2.

caves / villes / usines

tortures / souffrances / angoisses

guerres / pillages / viols

désolation / plaisirs / misère / jouissances

Retrouvée… quoi ? L’Éternité. C’est la mère hâlée par le soleil !

Dans un paysage érotique/apocalyptique, sous un ciel verlainien – où, comme tout droit issus des tableaux de Brueghel, trônent des oiseaux noirs -, des êtres errants morts d’angoisse cherchent la pureté dans la souillure, la rédemption dans la damnation. Pour ces hommes avides, il est vital de combler le vide ; se fuir dans l’Autre, c’est enfouir son angoisse : "son corps à moi telle une fosse dans la terre noire où enfouir la peur qui me tord la peur qui m’envahit violente étouffante comme le plaisir le chagrin la solitude" (51). Pour ces anges et démons à la fois, ouvrir l’Autre, c’est s’ouvrir à l’infini ; l’orificiel et le sacrificiel sont les voies du ciel. Sortir de soi pour échapper à la solitude, trouver dans l’accouplement pulsionnel l’accomplissement spirituel… telle est leur urgence.

Cherchant l’extase dans l’excès, ces créatures horribles transgressent la hiérarchie du vivant et bafouent la religion, la morale humaniste, l’enfance ou la figure maternelle, en se laissant tomber dans l’abîme du cannibalisme, du viol, de la torture, du blasphème, de l’injure… Et l’écriture ritournellisée de Bernard Desportes de nous entraîner dans un langoureux vertige…

Libr-commentaire de l’actualité, par Thierry Rat

Si vis pacem, para bellum, l’hymne tragique de toutes bonnes démocraties, paix et guerre, la paix pour faire du fric la guerre pour le conserver – et le reste de la bonne chair pour la mitraille, faut du corps supplicié pour la grande commémoration, d’incommensurables boucheries pour justifier les urnes.

Les culs bénis au bénitier les grenouilles dans la marre l’aviateur cloué à son avion,
Benoît XVI a appelé samedi l’Eglise à faire entendre sa voix "sans relâche et avec détermination dans les débats de société"…
Juste ceci : ferme ta gueule, panse tes brebis, fait ton fromage en couple papa maman lâche ton bréviaire, suce ton missel, reluque ce que tu peux pas toucher et quand tu le touche fouettes toi au fond de ta sacristie ou tape toi une chèvre (pauvre bête), enfourche ta bicyclette et va prêcher la carpe le gardon, mais surtout lâchez la grappe vieux séniles et consorts bêlant.

Autres Libr-événements

Jeudi 22 novembre, 18H30-20H, Maison Louis Guilloux (13, rue Lavoisier à St Brieuc) : rencontre avec Mathieu Larnaudie autour de ses Effondrés.

Mercredi 28 novembre à partir de 19H, soirée des éditions Les Petits Matins : 100 titres, ça se fête ! RV au Comptoir général (80, quai de Jemmappes 75010 Paris ; 01 43 48 77 27).

Samedi 1er décembre, de 10H à 18H, Maison de la Poésie de Paris, colloque "Le poème en prose en question".

Poème ou prose ? Genre hybride ou pur galet ? Qu’en est-il du poème en prose ou de la prose poétique ? Tables rondes, débats avec le public, lectures de poèmes pour un colloque de 10 h à 18h, à l’occasion de la publication du Carnet n° 36/37 de l’association des Amis de Louis Guillaume intitulé "Le poème en prose en question".
Parmi les participants, Max Alhau, Gabrielle Althen, Jeanine Baude, Nicole Brossard, Gérard Bocholier, Sylvestre Clancier, Paul Farellier, Deborah Heissler, Hugues Labrusse, Jean-Claude Martin, Jeanine Salesse, Yetka, Katty Verny-Dugelay.
Pour clôturer cette journée, un récital de poésie de celle qui compte parmi les plus grands écrivains du Québec, Nicole Brossard (son oeuvre, de plus d’une trentaine de titres, est traduite en plusieurs langues et a obtenu de nombreuses récompenses).
Maison de la Poésie : 157 Rue Saint-Martin, 75003 Paris. Téléphone : 01 44 54 53 00. Métro : Ligne 11 (station Rambuteau) ou Ligne 4 (station Les Halles, sortie Rambuteau).
Organisateurs: Les Amis de Louis Guillaume. Réservation pour le repas (25 €) auprès de Jeanine BAUDE: jeaninebaude@orange.fr

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rédaction

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