En ce premier dimanche estival, en UNE : Nathalie Quintane. Suivent nos Libr-événements : autour de Christian Prigent ; VOIX D’INSURGÉS (RANO, RANO), de Raharimanana.
UNE : Nathalie Quintane
► Nathalie Quintane, Descente de médiums, P.O.L, printemps 2014, 192 pages, 14,50 €, ISBN : 978-2-8180-2026-5.
"L’attention involontaire est le propre de la poésie" (p. 115).
C’est à une descente que, cette fois, nous invite la facétieuse Nathalie Quintane : vers ses rêves, ses méditations…
Et si l’on pouvait photographier les contenus de pensée, que gagnerait-on ? La littérature atteindrait-elle sa fin (son accomplissement ou sa disparition) ?
Poursuivant son interrogation sur le visible comme sur le lisible, l’auteure regrette la survalorisation du lecteur qui a succédé à celle de l’auteur ; repose le principe du dispositif/montage postmoderne : "- Je n’ai rien créé, rien composé / – Mais, à la rigueur, on mêle des matières, et cela fait un tout quelconque" (90)…
► Bénédicte Gorrillot et Alain Lescart, L’Illisibilité en questions, Actes du colloque de San Diego, avec Michel Deguy, Jean-Marie Gleize, Christian Prigent, Nathalie Quintane, Presses Universitaires du Septentrion, Université de Lille III, mai 2014, 316 pages, 28 €, ISBN : 978-2-7574-0741-7. [Nathalie Quintane, "Un présent de lectures troublées (plus que de textes illisibles)", p. 49-58 ; chap. 4, "Nathalie Quintane : poudre de succession", p. 175-207]
Fait notable, Nathalie Quintane fait partie des quatre figures majeures de l’espace poétique actuel retenues par cette somme importante : celle qui, entrée dans le champ en fin de siècle, est pour Christian Prigent une représentante de la poésie surfaciale entretient de passionnants dialogues avec Alain Farah, puis deux de ses aînés (Prigent et Gleize), sur son "désamorçage des avant-gardes", ses rapports à la langue, aux frontières génériques, à l’histoire… Ce qui ne l’empêche pas, dans "Un présent de lectures troublées", de dresser une mise au point critique sur les pratiques postmodernes : La post-modernité "ne vaudra pas, du moins, tant que ceux qui y souscriront avec plus ou moins de fracas ne le feront que pour passer leur contrebande conservatrice" (p. 51) ; « Certains "dispositifs" actuels changeraient de paradigme en mimant l’inclusion (mais mimer n’est pas miner), et même une hyper-inclusion – présence trop appuyée de la langue dominante, présence gênante d’une langue qui avoue si l’on veut bien se souvenir que gêner vient de gehir (avouer) » (53). La sortie du style et du sens demeurant toutefois cruciale à ses yeux, elle se penche ensuite sur les "mondes poétiques" d’Anne Parian.
On terminera sur "les paradoxes de la transparence" propres à Nathalie Quintane selon Agnès Disson : caractérisés par une écriture plane, ses dispositifs critiques – qui suivent ces trois opérations : prélever/relever/éponger – sont animés par la tension entre lisible et illisible, (re)connu et inattendu.
Libr-événements
► Du lundi 30 juin au lundi 7 juillet 2014 / Christian Prigent : trou(v)er sa langue, colloque international de Cerisy sous la direction de Bénédicte Gorrillot, Sylvain Santi et Fabrice Thumerel
CCIC – Tél : 02 33 46 91 66 / Fax : 02 33 46 11 39
♦ Blog Autour de Christian Prigent : après la mise en ligne du premier recueil de l’auteur, La Belle Journée (1969), l’article de Typhaine Garnier ("La Trouvaille de la langue") et des actualités diverses, sont prévus dans la quinzaine à venir une Bibliographie générale (work in progress), un after-Cerisy, la publication d’un Carnet inédit sur La Météo des plages, la mise en ligne d’un entretien sur Bataille d’abord paru dans Les Temps Modernes…
► DU 24 JUIN AU 28 JUIN 2014, Le Tarmac (75020 Paris) : VOIX D’INSURGÉS (RANO, RANO). Madagascar 1947, un lieu et une date qui ne sont guère présents dans les manuels scolaires.
Madagascar 1947. Une révolte, une répression, des dizaines de milliers de morts et un énorme silence suivi de polémiques sur les chiffres, de controverses et d’implications politiques qui survivent encore aujourd’hui. Oubli des uns, silence des autres, amnésie savamment entretenue et souvenirs souvent tus… une chape de douleurs et d’amertume est venue plomber le passé raturé et la mémoire blessée… Une faille dans l’histoire et la géographie de la Grande île.
Pourtant certains de ces rebelles qui ont osé défier l’ordre colonial sont encore vivants, et c’est à leur rencontre que sont allés Pierrot Men, le photographe, Tao Ravao le musicien et Raharimanana l’écrivain. Artistes jusqu’au bout des mots, des images et des notes, les trois créateurs malgaches ne prétendent pas à l’histoire mais à l’écoute des témoignages de ces hommes qui ont vécu cette date qui fait tache.
Ils ont conjugué leurs talents pour inscrire l’Histoire dans le présent, réhabiliter la parole perdue, vaincre le déni, enseigner aux générations suivantes, partager la fièvre des derniers survivants, montrer leurs visages, faire entendre leurs voix. Rano, rano… une formule magique utilisée hier par les insurgés. Rano, rano… une formule qui entend aujourd’hui garder la mémoire.
Représentations à 20h00 sauf le 28 juin à 18h00
Mercredi 25 juin, à l’issue de la représentation, rencontre En Echo animée par Bernard Magnier avec Raharimanana
DISTRIBUTION
texte, voix et mise en scène Raharimanana
musique Tao Ravao
photographie PierrotMen
conseil artistique Thierry Bedard
BIOGRAPHIE(S)
LES LIVRES DE RAHARIMANANA SONT ÉDITÉS AUX ÉDITIONS VENTS D’AILLEURS
Les livres de Raharimanana sont édités aux éditions Vents d’ailleurs
Réservations sur le site du Tarmac : http://www.letarmac.fr/