[Spécial Al dante] Chantier Al dante. Entretien avec Laurent Cauwet

[Spécial Al dante] Chantier Al dante. Entretien avec Laurent Cauwet

octobre 7, 2011
in Category: entretiens, Livres reçus, UNE
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La dernière salve al dantesque est l’occasion de faire retentir la trop rare voix de Laurent CAUWET : pensez donc, cela fait une dizaine d’années qu’il n’a pas donné de long entretien ! Nous l’en remercions d’autant plus. Qu’il retrace la trajectoire d’Al dante, qu’il évoque le champ poétique ou ses dernières publications, il (d)éton(n)e – et c’est en cela qu’il constitue l’une des figures les plus marquantes de l’actuel espace éditorial.

Al Dante, c’est quinze ans d’expérimentations et de luttes pour introduire dans le champ un regard neuf et des pratiques décalées ; Al Dante, c’est une actualité des plus riches, avec notamment les quatre derniers titres dont nous allons rendre compte dans ce dossier en six livraisons : Sylvain Courtoux, Stillnox ; Jérôme Bertin, Bâtard du vide ; David Sillanoli, Le Jus de la nuit ; Contre-attaques, n° 2.

"La société du spectacle tourne dans un cornet à dés. […]. Car dans un monde où l’on coupe ainsi tous les jours des têtes, des bras, des jambes, des comptes en banque, des familles, de la joie, la langue, des artistes, des sans-papiers, des animaux non-humains, des accélérateurs de particules, des dérapages incontrôlés, des provocateurs d’expériences, des trajectoires nomades, des monologues qui in-citent et ex-citent, des flux et des in-flux, des vivres qui font sens et font jouir, des sensations qui incarnent une morale et un style, des écritures qui s’écrivent comme elles se vivent, des écritures qui entrent en dissidence avec elles-mêmes, des écritures qui ne se subordonnent pas à des codes ni à des modes qui uniformisent et stérilisent, des procès historiques qui engagent et qui nous engagent, l’ensemble des devenirs minoritaires, des non concessions comme des non-compromissions, des subversions, des expérimentations sociales, textuelles, théoriques, poétiques, politiques, des sincérités hocquardiennes, des euphories, des épiphanies, des non-sens, des présences, des silences, des… Une révolution est (toujours) possible" (Sylvain Courtoux, Stillnox, p. 236-237).

FT : Pourrais-tu préciser les conditions du passage de Al Dante à New Al Dante en 2006 ?  (Au passage, rappelons que les titres du premier Al dante ne sont malheureusement plus disponibles : pour ceux qui n’ont pas eu la chance d’avoir  pu se constituer progressivement leur bibliothèque Al Dante, restent les bouquinistes et les bibliothèques les plus téméraires – dont certaines en université, grâce aux recommandations avisées de certains chercheurs et critiques). Al Dante qui, sur son nouveau site, est présenté comme un lieu éditorial "sans distance" aux "publications non formatées"… Comment se porte Al Dante en cette reprise ? Du côté littéraire, excellemment au vu des dernières parutions…

LC : New Al Dante (NAD-a-) a été une structure transitoire bricolée à la hâte, qui m’a permis de concrétiser une idée qui me trottait dans la tête depuis quelques temps déjà : Manifesten. Aux débuts d’Al Dante (1995), il y avait une réelle importance à organiser des rendez-vous autour de gestes poétiques performatifs. C’était souvent des « événements » intéressants, dans le sens où il n’y avait pas vraiment de lieux destinés à ces gestes, à ces tentatives de sortir des cadres littéraires classiques, donc tous les lieux étaient possibles, qu’ils soient dédiés à l’art ou non. Souvent les soirées étaient organisées sans trop d’argent ni de moyens, pourtant ça fonctionnait, les gens étaient là, parfois nombreux, parfois non, mais toujours curieux ; les publics n’étaient pas forcément des publics acquis, les interventions produisaient des interrogations, des réactions intéressantes, et ça discutait – entre intervenants, d’intervenants à personnes du public, entre les gens dans le public… L’espace poétique n’était pas embarrassé d’enjeux d’argent ou de pouvoir, l’enjeu était plus souvent la confrontation au monde d’une réflexion – d’une réflexion devenue action sur la langue, sur l’écriture, comment elle se fabrique, comment on fabrique de l’information et comment elle peut plier notre façon de penser, comment elle se forme et véhicule un savoir, une idée, comment elle peut « dire » (ce qu’on vit, ce qu’on pense, notre présent…), comment enfin elle peut être utilisée, réutilisée, réinventée, déformée, détruite, recomposée, refaçonnée, « mutantisée »… pour fabriquer de nouveaux outils de pensée… enfin bref, une vieille histoire déjà, qui auparavant était menée par les poètes et performeurs eux-mêmes depuis des décennies partout dans le monde – en France par Blaine surtout, mais également d’autres – Heidsieck, Bory, Lebel, Hubaut, Labelle-Rojoux… et partout ailleurs dans le monde – avant que d’autres « passeurs » pas forcément poètes eux-mêmes prennent en charge ce travail de diffusion et de circulation de la poésie action.

Mais ce qui a changé pendant ces 15 dernières années c’est la prise en compte par les institutions, publiques et privées, de ces pratiques. Il y a eu un effet de mode, la performance poétique est devenue d’un coup un truc indispensable, pas de vernissage sans une « perf », pas de manifestation d’art contemporain sans son quota de poètes, pas de festival de théâtre sans le poète de l’année posé en vedette ! Pour être dans le coup, consommez du poète ! (Détail intéressant : à ces rdv on se déplace et on paie volontiers pour assister à une « performance » poétique, mais on n’achète que très rarement des livres… comment expliquer, comme je l’ai vu, 300 personnes qui se déplacent à la Fondation Cartier pour voir un poète – donc quelqu’un qui « écrit » –, ces 300 personnes qui applaudissent dans un commun élan de contentement, et qui repartent… sans un livre en poche, malgré les piles inutiles à l’entrée de la salle ?).

Intéressant de voir comment ça se passe, comment se déroule la mutation d’un espace poétique en « milieu » poétique (d’ailleurs, c’est strictement le même procédé utilisé par les pouvoirs publics qui, en cheville avec les entrepreneurs, décident de « nettoyer » un quartier de sa populace : sous couvert de réhabilitation on vire la plèbe pour la remplacer par une petite bourgeoisie gentillette…). Comment on dézingue un espace de pensée et d’action ? Mais tout simplement, en y introduisant des enjeux de pouvoir : on donne à la performance poétique une dimension « propagandiste », via l’industrie du spectacle (pouvoir culturel) ou via l’université (pouvoir intellectuel) ; mais également grâce à l’argent (aucun poète ne vit grâce à la publication de ses livres, difficile de ne pas faire de la performance un « métier », survie oblige… et plus que jamais). Le procédé des pouvoirs culturels qui consiste à oeuvrer dans la séparation n’est pas nouveau. Par contre, c’est de l’inédit dans la poésie. Ce qui prouve que quelque chose a été entendu, qui a inquiété assez pour désirer le rendre inoffensif…

Alors ça produit des effets surprenants, qu’on connaissait bien dans le milieu artistique depuis longtemps déjà, mais qui est tout récent dans ce petit « milieu » de la poésie : cette confusion terrible entre « liberté » et « survie », qui touche aujourd’hui autant les artistes que les « passeurs » : comment se vanter d’une liberté lorsqu’on est sous tutelle politique ? comment oser affirmer pouvoir être totalement libre de ses actes et de ses mots lorsqu’on sait pertinemment les limites à ne pas dépasser pour espérer continuer à toucher ses « subventions », ses « résidences », ou ses « cachets » ?

On a pu voir certains déposer les armes et se réfugier dans un pseudo-confort – si ce n’est réellement matériel, tout au moins intellectuel – et plier leur pratique aux contraintes de l’establishment. D’autres disparaître, renvoyés dans les marges, par refus ou impossibilité de « composer » ave ce système-là. Mais beaucoup ont réfléchi à de nouvelles stratégies d’écriture : certains ont pris en compte, mais dans une dimension critique, réflexive, les nouvelles donnes ; d’autres se sont amusés à créer de telles situations de malaise, d’inconfort, qu’ils n’ont pu, malgré les efforts des institutions, être pacifiés, « apprivoisés ». A partir du moment où l’on comprend que rien de ce qui peut venir de cette civilisation ne pourra nous convenir, ce qui est excitant, c’est que chaque nouvelle séquence politique ou sociale nous oblige à repenser nos formes d’action.

Il y a autre chose qui a contribué à Manifesten : depuis quelques décennies, on a pu assister à l’éradication de la culture populaire au profit d’une culture de masse. Le coup de grâce a certainement été les années où Lang a pu sévir, et avec lui toute cette petite bourgeoisie tristounette, inculte et étriquée, qui s’est répandue dans tout le réseau des « affaires » culturelles – car c’est bien connu, en France, l’institution culturelle est l’un des rares espaces où l’on peut faire son beurre en n’ayant aucune légitimité. Là où des liens pouvaient exister entre culture populaire et expérimentation artistique (cf. Lipstick Traces..), cette culture de masse, qui se construit sur la bêtise et la vulgarité la plus crasse, participe au contraire radicalement au renvoi des expérimentations artistiques dans les marges – qu’elles soient nobles ou non.

Manifesten se réfléchit comme ça : en refus de cette culture de masse abrutissante, en refus de toute forme d’intellectualisme universitaire pédant où savoir rime hélas souvent avec pouvoir (Ma devise est : si tu veux apprendre, mange un prof !)… mais dans un désir de provoquer des situations d’inconfort, où se fabriquent du doute, des failles de pensée, des frottements de sens… des moments de densité, de désir… toutes sortes d’expériences que je trouve, personnellement, fort joyeuses et nécessaires à notre santé. En fait, ce qui m’intéresse, c’est voir comment, par des gestes poétiques, on peut impacter en vrai le réel pour que tous, collectivement ou individuellement, nous puissions continuer au mieux notre travail souvent souterrain de création, de transmission, de réflexion… ou tout simplement notre « métier de vivre ». Pour moi, il s’agit, tout simplement, d’une activité foncièrement politique.

La ligne éditoriale d’Al Dante se construit bien entendu avec les même réflexions. Les quatre livres auxquels tu fais allusion : dans Still nox, Sylvain Courtoux utilise des stratégies d’écriture repérables, des écritures aujourd’hui considérées comme faisant partie de la boîte à outils de tout poète contemporain sérieux – mais partant du désastre, du sale, produisant ainsi un objet hétéroclite « indéfendable », malgré le nombre d’auteurs convoqués, utilisant la pratique poétique « noble » comme Penny Rimbaud et Steve Ignorant pouvaient utiliser la musique pour s’exprimer – la fin de Still nox emprunte d’ailleurs à cette musique le bouillonnement, la violence, le remuement vital. Pareil pour Bertin avec son Bâtard du vide, qui raconte un indéfendable désaffublé de tout esthétisme avec une écriture superbe – deux livres de deux auteurs qui vont piller les étagères les plus nobles des bibliothèques réservées pour réinventer une nouvelle forme de culture populaire, où ils parlent de leur vie malade, abîmée – car ils se savent les symptômes d’une civilisation corrompue, viciée, et veulent renvoyer ce qu’ils sont à la face de ceux qui ne veulent les voir. Quant à Sillanoli, avec son Jus de la nuit, il nous raconte ses rêves en éjaculations fantasmatiques teintées de la folie débridée et trash des jeux vidéos, du cinéma de série Z, etc. une amusante façon, avec son écriture déstylisée, asséchée, de pointer les stigmates d’une sous-culture. Enfin, le dernier collectif Contre-attaques, qui s’est fabriqué autour et avec Jean-Marc Rouillan, et réunit des textes réflexifs (qu’ils soient poétiques, fictionnels ou théoriques) et des interventions artistiques qui réfléchissent (à) la notion d’action et d’engagement aujourd’hui. Quatre livres dérangeants, agaçants pour certains, de toute façon inconfortables, qui ne veulent pas jouer le jeu du confort culturel. Des livres qui crachent dans la soupe, en somme !

Pour la suite ? La réédition du Professeur de Prigent, Mercure d’Edith Azam, L’archéologie du chaos (amoureux) de Mustapha Benfodil, Guère épais de Michel Robic, Les terroristes (aussi) s’ennuient le dimanche de Jean-Marc Rouillan, et un livre/pamphlet de Jacques-Henri Michot en réaction à l’assassinat de Troy Davis… Voilà, en littérature, les sorties prévues jusqu’en mars 2012. Des écritures indociles qui échappent à l’acharnement taxinomique de ceux que la ré-invention constante de la langue inquiète.

Rudy Ricciotti, de son côté, continue sa collection « Edifice », où il invite des auteurs à écrire d’après des gestes architecturaux dont il estime l’intelligence et la radicalité (les derniers livres ont été écrits par Jean-Michel Espitallier, Jean-Paul Curnier, Vannina maestri et Emmanuel Loi. Le prochain sera écrit par Stéphane Nowak Papantoniou…).

Avec les Beaux-Arts de Bruxelles, on entame une nouvelle collection de courts textes théoriques sur l’art. Les trois premiers livres sont :  Ceci est mon corps, ceci est mon logiciel d’Orlan, Le nouveau à l’épreuve du marché, texte co-écrit par Marie Bonnafous-Boucher, Raphaël Cuir et Marc Partouche ; et In art we trust de Tristan Tremeau. Et, avec Alain Jugnon, nous travaillons au prochain Contre-attaques (qui se fera avec Bernard Stiegler).

 

FT : Tandis que le catalogue Al Dante est déjà exceptionnel, comment est-ce que tu situes ta maison d’édition dans l’espace éditorial actuel ?

LC : Je ne me situe pas. Je travaille et vis en dehors de l’espace éditorial et n’agis jamais par rapport à lui. Cet espace éditorial vit selon des codes qui ne peuvent correspondre à Al Dante. Pour comprendre cela, je te renvoie à l’indispensable livre de Thierry Discepolo : La trahison des éditeurs (qui vient de sortir chez Agone). Il explique avec une clarté et une efficacité sans faille comment fonctionne ce « milieu » de l’édition ; comment il s’est construit comme espace de transmission propagandiste ; le leurre de l’indépendance éditoriale (comment parler d’indépendance lorsque pour la survie d’une structure on doit se plier aux diktats du marché et aux desideratas de ceux qui vous rachètent…) ; comment on peut s’affubler d’un discours politique et humaniste bien-pensant pour camoufler une politique commerciale cynique ; comment fonctionne le rachat des « petits » par les « gros » ; le fonctionnement de la chaîne commerciale du livre, etc. Cet ouvrage est intéressant bien entendu par tout ce qu’il dit ; mais il l’est également par ce qu’il ne dit pas : pas trace ici de maisons d’édition dédiées à la création où à l’expérimentation littéraire. Tout simplement parce que ce n’est, théoriquement, économiquement, pas viable aujourd’hui dans une société capitalistique comme la nôtre… Discepolo parle d’éditeurs généralistes, ou d’éditions dédiées aux sciences humaines, à la philosophie, à la politique, etc. donc des espaces où existe un lectorat. Des éditions qui se focalisent uniquement sur l’expérimentation avancent à vue dans un espace sans lectorat fidèle : il faudrait fabriquer en même temps que le livre les lecteurs qui vont avec ! Plus sérieusement : chaque livre demande l’effort de désapprendre à lire, et de se reformer lecteur. Nous n’apprenons pas à lire ainsi, ni dans les écoles ni dans la vie active… Désirer, donc, mener une activité éditoriale uniquement en publiant de la littérature expérimentale, c’est-à-dire construire un espace éditorial où ces auteurs ne seraient pas mis en marge au sein même de cet espace, sous prétexte qu’ils ne participent pas à la marge bénéficiaire nécessaire au bon fonctionnement de la structure, ce n’est simplement pas possible.

Donc nous existons d’une façon un peu… fantaisiste, voire mercenaire – en ce moment beaucoup grâce au soutien indéfectible, malgré une conjoncture plutôt noire, d’un ami architecte, Rudy Ricciotti, grand lecteur, passionné par notre aventure. On a en commun d’essayer de se fabriquer des vies non aliénées. Lui trouve dans l’architecture un moyen de catalyser son énergie intellectuelle. Moi c’est dans l’édition. Lui gagne de l’argent par son travail. Moi j’en perds. Il a juste la logique (qui paraît complètement cinglée à notre époque, d’un chevaleresque à la Don Quichotte) de rééquilibrer les plateaux de la balance pour que je puisse continuer à vivre cette aventure. En fait, il dépense de l’énergie comme architecte pour les mêmes raisons qu’il dépense de l’argent pour Al Dante : dans un travail constant pour que vive une pensée active. Et ensemble, on essaie de rendre Al Dante économiquement viable, par l’élaboration d’un catalogue (donc d’un stock) et dans un effort constant pour une meilleure circulation des livres – ce qui est de plus en plus difficile…

Mais pour finir : tu parles de relance d’Al Dante : ce sont des termes qui me sont étrangers. Pour moi Al Dante n’est pas un métier mais une pratique. Une pratique où s’entremêlent : une réflexion sur la littérature et l’impact qu’elle peut produire, tant comme outil de pouvoir que comme outil de pensée critique ; une réflexion sur les moyens de mettre en circulation le mieux possible ces « outils de pensée critique » ; une réflexion sur comment mener son activité comme une action politique ; l’importance de fabriquer des situations de plaisir. Je ne cesse jamais, donc je ne relance rien, je continue toujours mais autrement.

 

FT : Quels sont tes projets ? Qu’en est-il des questions théoriques ? Car il y avait bel et bien une ligne Al Dante très forte…

Mais « Questions théoriques » existe, et très bien ! (cf. blog).

FT : Oui, mais il y a moins de volumes désormais…

LC : Certains auteurs ont publié aux éditions Al Dante, ont participé à de nombreuses actions. Avec Christophe Hanna, par exemple, nous avons participé ensemble à pas mal d’aventures (des livres, des journaux, des manifestations, etc.). J’ai toujours pensé qu’il était important d’accompagner la politique éditoriale d’Al Dante d’une sorte de « brigade théorique » dont l’esprit critique et analytique affûté et rapide permettait d’inventer des outils réflexifs au fur et à mesure des publications, bien sûr pour offrir au lecteur des échanges de pensée autour de ces livres (très important, l’échange !, et les auteurs qui gravitent autour de ce qui a donné QT me semblaient les plus inventifs, les plus pertinents mais également les plus généreux, joyeux…), mais également pour éviter que ces livres ne tombent dans l’oubli, ou soient pris en otage par les penseurs officiels et autres experts qu’ils soient universitaires ou non, d’ailleurs.

La création d’une collection « Questions théoriques » s’est faite, donc, pour moi, dans cette esprit-là, au début aux éditions Al Dante. Mais en se formant en collectif, Questions théoriques est devenue une entité à part entière, avec ses singularités, et qui a commencé à penser, de façon autonome, sa politique éditoriale, ses propres règles de fonctionnement, ses méthodes de travail, sa logique économique, ses stratégies de fabrication, de diffusion, de distribution, etc. qui correspondaient le plus justement possible à ce qu’ils et elles voulaient vivre. Ce qui, avec le recul, est en effet logique et s’est révélé positif : Questions théoriques est devenue une structure éditoriale à part entière, les livres qu’ils proposent forment un espace à la fois cohérent, novateur et perturbateur, leur façon de travailler réfléchit autrement la difficulté d’être efficace aujourd’hui dans l’édition… mais à leur façon, « ils » rendent cette pratique autrement possible.

De plus, c’est devenu un espace nouveau avec lequel le dialogue, l’échange, la controverse est possible. Et ça, c’est tout simplement très bien. Cet échange existe avec des auteurs de « Questions Théoriques », mais également avec des auteurs rencontrés autours de « Contre-attaques », où encore d’autres espaces.

De nouveaux projets se montent, des projets de livres, d’actions, de rencontres… de nouvelles aventures… de journaux également… mais ceci est une autre histoire…

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Fabrice Thumerel

Critique et chercheur international spécialisé dans le contemporain (littérature et sciences humaines).

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4 comments

  1. B. Fern

    Beaucoup de bonnes questions (par exemple : « comment expliquer…malgré les piles inutiles à l’entrée de la salle ? ») et de propos / positions justes.

  2. sivan-maestri

    Dire ce qui se passe réellement dans le « milieu » de la poésie et de l’édition est courageux et nécessaire. Tout n’est peut-pas perdu s’il y a des personnes comme Laurent Cauwet pour en faire état et des lieux comme libr-critique pour accueillir cette parole.

  3. Jean-Nicolas Clamanges

    Il souffle ici un vent rare: le « si salubre » de AR me vient sous la main aussitôt.
    JNC

  4. Pingback: Libr-critique » [Revue - news] Al dante / Attaques, n° 1

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