[Texte] Edith Msika, tous ces trains tous ces rails [Libr-@ction - 13]

[Texte] Edith Msika, tous ces trains tous ces rails [Libr-@ction – 13]

novembre 23, 2013
in Category: créations, UNE
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[Texte] Edith Msika, tous ces trains tous ces rails [Libr-@ction – 13]

En lisant cette curieuse contribution d’Edith Msika, attention à ne pas dérailler… [Lire Libr-@ction 12]

 

tous ces trains tous ces rails

 

se remettre dans le temps, lorsque la vue de ce temps ridiculise absolument, définitivement, qui on a été dans ce qu‘on a été : n’est pas qui dans le nihil, est qui dans un ce que, dans le temps de ce que, dans ce ce que qui traverse ordinairement les qui

 

***

 

Les rails se dissolvent dans leurs trajectoires mêlées. Les rails font éprouver le fading de la trajectoire ; pour que les trains puissent circuler, les rails doivent s’évanouir dans d’autres rails. Le parallélisme des rails s’évapore parfois, mourant comme l’ombre d’un dessin, dans d’autres.

              Dans un taxi. Dans le métro. Devant des rails. Devant des trains à nouveau.

De la neige sur les rails. Plein soleil. Lentement un train entre en gare. Bercement des trains, freins crissant. L’absence de nécessité irradie le moment.

Des trains se croisent. Bruits métalliques. Un pont de chemin de fer. Et, depuis des quais de trains, de métro, un regard se pose sur les rails. La vue sur les rails accentue l’illusion de la cohérence.

Le train de Picardie, une nuit. Le train de Picardie fonce dans la nuit, il n’y a que le train de Picardie à rouler aussi vite. Le train de Picardie semble toujours pressé de rentrer chez lui.

De petites locomotives rouges circulent, jamais perdues, à vitesse constante, sur les rails refaits.

Mer de rails, mer de bruits, inlassablement de bruits attrapés, de bruits composés, mer au loin vue, mer de bruits chuintant avec voix affaiblies par la distance.

Ce qui s’écrit à côté des fruits jaunes n’ébruite rien du train qui passe, des coups de marteaux répétés sur des objets métalliques, des coups métalliques sur des objets minéraux, du béton, du ciment.

Les trains se croisent sur les traverses du temps.

 

***

le temps suspendu enclôt le temps revenu, le temps lorsqu’il a cessé d’être suspendu : le temps quand il revient du suspens, parce qu’il revient, qu’il a été suspendu, dans le souffle d’un ouragan net, d’une catastrophe, de quelque chose qui suspend aux portes du temps – le temps suspendu est le temps qu’il revienne, le temps qu’il revienne, on ne sait pas combien ça dure -,

le temps est revenu, après des jours des mois des années de suspens, la certitude arrive, le temps revenu comme il revient à lui après une absence, est le temps après une absence, le temps que prend le temps après sa propre absence, le temps ne disparaît pas mais s’absente, on ne le sait que parce qu’il revient, on ne sait pas quand, mais un jour il y a : le temps revenu,

le temps revenu apporte avec lui sa propre couleur, sa propre temporalité : le temps revient, mais autrement, il ne revient pas le même, ne revient pas au même,

le temps revenu serait le temps du possible, après le temps suspendu,

le temps revient de son suspens

 

 

 

 

 

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rédaction

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