[Chronique] Lancement de la revue Ce qui secret :

[Chronique] Lancement de la revue Ce qui secret : « Maintenant le oui »

mars 12, 2010
in Category: chroniques, Livres reçus, UNE
0 2860 3

Ce qui secret, revue-livre n° 1 : "Maintenant le oui", Nantes [32 rue Félix Thomas 44000 Nantes ; revuecequisecret@free.fr], janvier 2010, 140 pages, 10 €, ISBN : 978-2-9535553-0-1.

Quoique, sur Libr-critique, on soit plutôt enclin à lancer un "Maintenant le non", on se laisse entraîner volontiers par cette première livraison qui regroupe des contributions vraiment très diverses sous cette bannière de "Maintenant le oui". Quelques OUI : "à la révolution incessante de la planète" (Caravaca) ; à l’écriture, même si l’on n’a pas lu tout Proust ou tout Dos Passos et que l’on n’est pas sûr d’écrire des choses importantes (Pessan) ; au SRS (Boutouillet) ; à "une humanité en marche" (Dufeu)…

"Un temps ne se confond pas avec son époque. Celle-ci n’en est que partie, dominante et arrêtée" ("Manifeste", p. 15).

Ce qui secret… mystère ?
Ce qui sécrète ? Ce qui se crée…
Vous considérez ce singulier pavé rectangulaire – jaune vierge, sans titre ni label éditorial… pure présence au monde… sans aucune appartenance, comme devrait l’être tout livre… pur Objet Culturellement Non Identifié (OCNI)…
Tout de même, sur la tranche et en quatrième de couverture, des indications – mais discrètes, blanc sur jaune. Vous tenez entre les mains le premier numéro d’une revue-livre annuelle, partie intégrante d’un "espace de recherche et de création" qui englobe également une résidence annuelle accueillant une dizaine de créateurs et un site dont la particularité est de publier toutes les contributions reçues.

Fascicule rangé dans le rabat de la quatrième qui attire votre attention, le manifeste confirme votre impression : cet ensemble qui propose n’importe quoi à n’importe qui est le produit d’un on ou d’un nous. Accueillir/dire n’importe quoi, c’est faire preuve de "méfiance vis-à-vis du système fermé", c’est être vivant, c’est-à-dire étranger à soi-même. Le travail artistique est ici conçu comme mise en relation de deux objets inconnus, production actuelle de sens ; contre la gestion d’une forme donnée (académisme), l’acte créateur est aussi bien traversé par des lignes de fuite que travaillé par la mémoire des formes passées.

L’intérieur du volume, que vous lisez en regard de ce manifeste, encadré par un espace vide et un autre faisant l’objet de variations pointillistes, se distingue par sa polyphonie textuelle et spatialiste (magnifiques compositions typographiquement saturées ; stimulants écrits en marge d’autres textes que l’on doit à Ian Monk).

Il témoigne encore d’un certain renouveau du lyrisme – que nous avons déjà évoqué sur Libr-critique à propos de Mathieu Brosseau et de Christophe Manon –, manifeste dans la poésie de célébration-révolution (Fabrice Caravaca) ou celle, critique-prophétique (inhumaine et hypothétique) d’Antoine Dufeu, avec qui nous souhaitons terminer :

"Mon temps est de production,
de consommation et d’accumulation,
d’asservissement et de coupes sombres,
Mais mon temps est aussi de poésie,
d’émancipation et de lumières,
de singularités multiples,
à peine éveillées.
Mon temps est de présent et de demain ;
mon temps présent poésie" (p. 118).

, , , , , , , , , ,
Fabrice Thumerel

Critique et chercheur international spécialisé dans le contemporain (littérature et sciences humaines).

View my other posts

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *