[Création] Daniel Cabanis, Essor de la fourmilière d'art 2/6

[Création] Daniel Cabanis, Essor de la fourmilière d’art 2/6

avril 21, 2020
in Category: créations, UNE
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[Création] Daniel Cabanis, Essor de la fourmilière d’art 2/6

Cette nouvelle série proposée par l’incorrigible Daniel Cabanis devait accompagner la soirée « Poésie et humour » prévue demain 22 avril à la Maison de la poésie Paris (soirée organisée par REMUE.NET) – mais une figure de l’innommable appelée Covid-19 nous en a privé en ce printemps 2020 (espérons qu’elle puisse être reportée en un temps meilleur). [Lire/voir le premier volet de la série]

 

ESSOR DE LA FOURMILIÈRE D’ART

Exposé / 2

Avec l’autorisation de la galerie Browne & Khalassian (réf. : DFE56X).

En France, on peut voir de belles fourmilières chez Dick Deborson ou chez Browne & Khalassian, deux galeries réputées audacieuses, leurs prix également. Rares sont donc les collectionneurs privés qui s’y risquent ; quant aux acheteurs institutionnels, lents etfrileux par nature, ils n’y pensent même pas. Le marché serait-il morose ? Pour les fourmilières, oui c’est difficile, reconnaît Irène Khalassian, mais on peut attendre, Browne a les reins solides. Le rein ! précise-t-elle. Et d’éclater de rire : le fait est connu dans le milieu que Browne n’a qu’un rein (il se raconte que, jeune homme pauvre, il aurait vendu l’autre 160 000 $ à un trafiquant d’organes pour payer ses études de droit et d’histoire de l’art : pittoresque, mais douteux). On sait aussi qu’Irène a épousé en secret son associé (lequel aurait été foudroyé en découvrant, tatoué pour lui sur le pubis épilé de la galeriste, le n° de son compte perso dans une banque suisse !). Mais laissons là ces contes plaisants. De quoi causait-on, déjà ? Ah oui, les fourmilières. Donc, elles ne se vendent pas ? Les Américains et les Allemands ne sont pas réceptifs pour le moment, dit Irène. Peut-être les Japonais ? je demande. Irène sourit (elle doit me trouver particulièrement con). Long silence. Il y a des choses qui se vendent, et d’autres pas, finit-elle par dire. Sans doute. Mais la voilà avec ses fourmilières sur les bras. J’essaie de savoir si les mots art écologique lui parlent et je ne réussis qu’à l’agacer davantage. L’art est une pollution, lâche-t-elle ; une pollution ! Bon sang, c’est évident. Je n’y avais jamais pensé sous cet angle. Et Rainer Browne fait irruption dans la galerie, suivi d’un grand blond vêtu tout cuir, genre SM. C’est Per Bodendorf, dit Browne, un jeune artiste danois sentimentaliste ; il fait des pit-bulls en peluche : notre prochaine exposition ! Grrrrr, fait Per. Irène rit.

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Fabrice Thumerel

Critique et chercheur international spécialisé dans le contemporain (littérature et sciences humaines).

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