[Texte] Stéphane KORVIN,

[Texte] Stéphane KORVIN, « Poème sur page blanche, poème sue »

novembre 4, 2009
in Category: créations, UNE
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Stéphane Korvin est né en 1981. Il vit et travaille à Paris. Avec le geste photographique, il saisit les intersections entre espaces réels et imaginaires. Il a travaillé notamment sur des textes d’Aimé Césaire et de Marguerite Duras. Avec les mots il approche, questionne le contour et le lien. Ses travaux sont publiés dans des revues (A verse, ARPA, Pyro, N4728, etc.).
Voici le cinquième extrait de vaste, wasted (lire le quatrième). Cette fois, le poète réunit Eros et Scryptos, retravaillant les motifs à coups de translations, de télescopages et de découpes diverses, s’abîmant dans la langue comme dans les langues (jeu entre français, anglais et latin).

Poème sur page blanche, poème sue

Stéphane KORVIN

 

Texte il pousse, il grandit sur le pli
texte fin textile il abonde dans le giratoire

je vais doucement, je vais partout, je n’ai pas de papier calque, je me fais des paupières sous le papier, je couds des serpillières, je trame une page blanche, je la laisse sécher, l’image frontale je lui laisse blanchir son désert, je tourne autour, je suis une mécanique à pieds embarqués dans des cercles sans définition, je fais des ronds, en cachette quelque chose encore endormi
retrouve le chemin de sa langue

tout arrive en même temps c’est écrit
rose u-turn, je n’ai rien entamé
rien déchiré
peu à peu, dans le mal éclairé, je reviens sur mes deux
jambes même sur mon grand vide, je dévisse doucement

je place des mots contre la page
j’écris à la craie sauve sur une margelle
fenêtre modale

elle érotique elle me brûle du bout des doigts
soudain tout se tait, mot log in : release
et écoute,
je prends l’habitude de perdre mes mots

le compact trace des cercles de sum, égales à
des traines sous la chaleur tracent des signes
incompréhensibles

les écarts en furie nous éparpillent

puis sommeil
l’air n’est pas délébile, silence

la chanson se tait (tout passe par dehors)

lence.
si clapotis de vent, moindre souffle

ou geste de pierre, la commissure en silence

si
rogne
des tas d’ombre, des coins sans

les fragments s’éclairent, s’accélèrent

et filaments, gros de bataille, où le langage défile – il
dresse ses possibles

braille

« m’as-tu vu », vaille il invaincu, je ne fais que suer,
animer des dialogues à perte, je perds ma langue, je suite

space : nature immense
intérieure
space : nature immense, inférieure rêverie

ailleurs, elle =(e)
j’ai mal à la langue, la peau sur les mots collée

(miroir ciré, je me suis vu tant de fois inconséquent, ramasser mes doigts dans une cale pleine de ventres essoufflés)

j’écris avec ma peau, la peau ne retient rien « …peels away easy as paper »

je tourne avec les montres, j’avale des mines entières de quartz

je sais me traverser de toutes parts avec de fines aiguilles d’encre, la page sue

acrylique acry
mon poème sur page blanche fête ses 28 ans, allumez les
ronds-points et faites chanter les mots

ils sont beaux, mal maîtres mots, ce soir ils n’iront pas se coucher

ils avaleront la peine jusqu’à pousser
à terme
le creux de mon chemin inactuel

nous serons entre nous, pendus par la langue.

femmelivre

Photo : Atelier d’Isabel.

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rédaction

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