[création] EDVIGE à VICHY (introduction à la biotopsie et exemples) [1]

[création] EDVIGE à VICHY (introduction à la biotopsie et exemples) [1]

septembre 16, 2008
in Category: créations, UNE
0 2667 0

  [NDLR — En parallèle de son exploration des schéma-esthético cognitifs,  l’AKS, nous propose de découvrir son nouveau travail de déconstruction du terrain-médiatique : la biotopsie]
La biotopsie est une tentative de synthèse tout à la fois de l’étude des biotopes humains contemporains et de la tentative d’autopsie des photographies engendrées par la fascination de l’image.

Introduction sémio-poétique

L’accélération exponentielle du monde et la tension egotrip des sociétés occidentales, ont conduit à la production et la prolifération des photographies. Le cadre fondamental de cette prolifération contaminante de l’image n’est autre qu’internet, devenu le premier support de projection, l’écran rétinien de la fascination egocentrique et de sa diffusion. Mais la photographie est une présence morte, voire mortifère. Le corps ne bouge plus comme le cadavre. Le sourire reste figé comme le cadavre. Les voitures apparaissent paralysées, comme s’il y avait eu destruction soudaine de toute vie, une forme d’arrêt sur image cataclysmique. La photographie telle qu’elle nous est envoyée est toujours le témoignage de l’abandon de la vie, alors qu’elle voudrait, par son instantané, conserver l’éclat de la vie telle qu’elle fut en cet instant-là.

Considérer la photographie comme un cadavre qu’il s’agit de disséquer, qu’il s’agit d’explorer afin d’en comprendre l’existence en tant qu’instant de mort. Pourquoi avoir arrêter la vie en cet instant. Pourquoi avoir interrompu le fil, en ce moment-là et pas en un autre ? Pourquoi exposer ce cadavre-là et en vue de quelle fin ? Pour approfondir cette piste, il est nécessaire alors non pas d’abord et avant tout de considérer son motif principal : le portrait humain, la silhouette, le corps, sa présence, sa prégnance, mais à l’inverse de libérer la photographie de ce point d’effondrement [logique pointnoir/surface blanche] pour apercevoir le biotope, la constitution de ce qui environne cette présence.

La photographie telle qu’elle s’auto-engendre comme prolifération de l’egotrip est le processus permanent d’obstruction du lieu où le corps apparaît. Le biotopos est effacé par la surdétermination du corps exposé, le biotopos est hyper-affecté par ce qui prédomine dans la vue : la réalité humaine, ce cher et tendre Dasein, pour qui il y va de son être. Le processus de biotopsie se caractérise par l’effacement des signes visibles de cette présence (neutralisation par l’oeuvre au blanc). Effacer l’identité du portrait, effacer les détails impactant et affectant le regardeur, pour que le regard, puisse parcourir et saisir le biotope existentiel où se place le corps. Permettre une nouvelle circulation dans le lieu photographique, lui redonner la vie par le regard qui vient réanimer les structures visibles ou les détails.

EDVIGE à VICHY

La série appelée, sans doute par opportunisme d’actualité, EDVIGE à VICHY s’appuie sur l’intuition que la surexposition médiatique du corps obéit à une sémiotique photographique qui caractérise le biotope humain. EDVIGE est l’acronyme pour "Exploitation Documentaire et Valorisation de l’Information Générale", il s’agit alors de collectionner un ensemble d’informations sur un individu afin d’en dresser les potentialités d’action, d’intervention, de dangerosité pour le territoire et pour l’Etat. Par la biotopsie, il s’agira de produire des schématisations esthético-cognitives de certains documents photographiques témoignant de la présence de certains corps. Le document n’étant pas la personne, mais son environnement et sa trasposition médiatique. L’environnement permettant de déterminer la personnalité de la présence absente et de comprendre ces mécanismes d’action.

Le premier exemple de biotopsie est celui de la Femme politique de 62 ans [cliquer sur l’image]. Car EDVIGE commence là. , c’est-à-dire certainement dans cet environnement. Dans la précision méticuleuse de son entretien, dans les frontières distinctes de chaque zone et de chaque plan constitutif de la femme politique de 62 ans. La femme politique de 62 ans est impliquée par l’organisation de l’espace tout autant qu’elle affecte en tant que portrait celui-ci.

cliquerLe deuxième exemple [cliquer sur l’image], d’une manière manichéenne, est une prise en vue inversée de la logique de l’espace. La femme politique de 62 ans est dans un environnement maîtrisé car privé. S’agit-il de son lieu de travail (indices : les dossiers) ou bien s’agit-il de chez elle (indices : espace convivial de la terrasse et du jardin). La chômeuse au sac du deuxième exemple est dans un espace détérioré, abîmé, un espace public qu’elle ne maîtrise pas. La prolifération des indices de cette non-maîtrise implique d’un coup le sens même de cette présence. La silhouette neutralisée, sans qu’on puisse la voir prend une signification par rapport à sa position sur le territoire. EDVIGE ne commence pas avec elle, mais EDVIGE s’intéresse à elle. EDVIGE est soucieuse de cette existence, non par elle-même, mais selon son contexte, la nature de l’espace dans lequel elle est présente.

, , , , , , ,
rédaction

View my other posts

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *