[Chronique] Danièle Momont et Anne-Sophie Tschiegg, Dans ma nuque, par Jean-Paul Gavard-Perret

[Chronique] Danièle Momont et Anne-Sophie Tschiegg, Dans ma nuque, par Jean-Paul Gavard-Perret

juillet 13, 2017
in Category: chroniques, UNE
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[Chronique] Danièle Momont et Anne-Sophie Tschiegg, Dans ma nuque, par Jean-Paul Gavard-Perret

Danièle Momont et Anne-Sophie Tschiegg, Dans ma nuque, Littérature mineure, Rouen, 2017, Deux feuilles pliées avec rabats (tirage limité à 100 exemplaire, 8 €.

La littérature est pour Danielle Moment comme l’amour : une matière qui se travaille, s’organise, se reprend selon des circulations et germinations spatiales, des envahissements contagieux avec une partenaire.

 

Mais pas n’importe quand ;  «  la faiblesse au matin, le soir pas, le soir jamais, de souhaiter une motte à mes reins – elle me chaufferait comme un fer. et c’est contre mon cou déjà son souffle accablé de gros seins car je veux la fille grosse, très, j’en veux une adipeuse et royale, qui bouillirait dans ma nuque avec assez de chair, de régal pour mes deux cent six os. Grandiose »

 

L’auteur jette ainsi le doute sur des propositions et positions habituelles de ce qui se nomme trop vaguement amour en dérangeant bien des repères. L’écriture constitue un champ visuel et évocatoire où ne subsiste pour la créatrice comme pour le lecteur (devenu voyeur) l’assurance de pouvoir se perdre. D’autant que Danièle Momont travaille les commencements, les attaques, les préludes.

 

Certes elle ne s’arrête pas en si bon chemin mais par l’avènement des possibles elle anticipe juste ce qu’il faut. Et ce au nom d’un axiome inconfortable et impérieux : l’étonnement qui me donne la sensation d’avancer dans l’exploration érotique : « contre le jour j’entends sa forge, j’y cuis dans le souffle renflé qui fait jouir, elle m’est contre le jour la mante »

 

L’auteure crée des résonances festives où l’émotion du corps se saisit à sa source. Et diverses sensations se répondent par tout un jeu de correspondances. Mais l’organique reste majeur :  il annonce et suggère la venue du plaisir en un travail radical, pointu, sans circonvolutions superfétatoires. Se créent des  propagations d’atmosphère à l’énergie communicative contagieuse.

 

Le lecteur perçoit une  étendue voluptueuse qui entraîne vers la jubilation sensuelle  Et la littérature devient gage d’unité de couples libres dont la perception libère mais n’est jamais acquise. D’où les incessantes reprises et repentirs de Danièle Momont  à la recherche d’un rythme, d’une cohérence défaite. La prise littéraire ne se limite pas à la saisie, elle reste dans le mouvement. Si bien que l’espace est rendu à un doute ludique. Ce dernier fait partie de l’espace car il éveille le contact.

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rédaction

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