[Création] Gauthier Keyaerts & Vincent Tholomé, Mon épopée, chant 27

[Création] Gauthier Keyaerts & Vincent Tholomé, Mon épopée, chant 27

septembre 11, 2019
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[Création] Gauthier Keyaerts & Vincent Tholomé, Mon épopée, chant 27

Et voici MON ÉPOPÉE des extraits sonores de MON ÉPOPÉE un livre en 33 chants constituant le volume 13 des 38 volumes recueillant les propos tenus au jour le jour par Konstantin Peterzhak à la cafétéria du centre atomique de Dubna il y a quarante ans en Union Soviétique. C’est à Georgy Flyorov ami et collègue de Konstantin Peterzhak que l’on doit MON ÉPOPÉE que l’on doit la compilation en 38 volumes des propos tenus au quotidien par Konstantin Peterzhak. C’est à Georgy Flyorov que l’on doit aussi la traduction et adaptation française de MON ÉPOPÉE.

Nous ne faisons nous autres que mettre en sons et en voix des extraits de MON ÉPOPÉE. Ce que nous donnons ici à entendre ce sont des improvisations des choses enregistrées dans l’instant sans concertation préalable. Nos mises en sons et en voix sont livrées brutes sans montage sans retouche. Elles sont des bouteilles lancées à la mer. Des façons de redonner corps aux voix singulières de Georgy Flyorov et Konstantin Peterzhak.

Gauthier Keyaerts : electronics + sound design

Vincent Tholomé : electronics + voix

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MON EPOPEE / CHANT 27. / HOW TO VIVRE VIVANT CHEZ LES MORTS /

 

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c’est à dubna / à la cafétéria du centre atomique / c’est le matin / le deux avril / ceci a lieu avant le travail /

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il y a konstantin peterzhak / il se passe les mains à l’eau tiède / il se passe les mains au savon de marseille / il est à dubna / à la cafétéria du centre atomique / il porte déjà sa combinaison blanche / ses bottines de feutre / son bonnet en tulle / il dit / à mesure qu’il passe ses mains à l’eau tiède :

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georgy flyorov / tu dois savoir : des fois je vis chez les vivants / des fois je vis chez les morts / je sais comment faire / je sais comment vivre / chez les vivants comme chez les morts / je répète : je sais comment vivre / chez les vivants comme chez les morts / c’est inné / instinctif / sans le savon de marseille on ne se débarrasse pas du fromage / georgy flyorov / le sais-tu au moins ? / le sais-tu au moins ? /

dit konstantin peterzhak / passant ses ongles à la brosse dure / laissant couler tiède / plus que de raison / puis disant :

georgy flyorov / je sais que sans le savon de marseille le fromage persiste sur les doigts / sur les ongles / dans les shorts et les chemises / c’est un fait / un constat / on dégage alors une odeur de mort / des jours durant / c’est un fait / un constat / ceci est un mode d’emploi pour ne pas l’oublier / ceci est un mode d’emploi pour ne pas vivre mort / ceci vise à faire vivre un vivant chez les morts / ceci vise à faire vivre un vivant dans la vie / il suffit de passer tes mains à l’eau tiède / georgy flyorov / il suffit de passer tes ongles à la brosse / dure / au savon de marseille / pas oublier / georgy flyorov / pas oublier / un fromage persistant sous tes ongles peut ruiner ta vie / georgy flyorov / un fromage persistant peut ruiner ta vie / au bureau / chez toi / dans les autobus / pas oublier / georgy flyorov / pas oublier / ne jamais sortir à la main le beurre du beurrier / ne jamais l’étaler sur la nappe / ne jamais laisser le fromage persister / sous tes ongles / dans tes shorts / tes chemises / ce serait vivre mort chez les morts / ou / vivre mort dans la vie / gâcher ainsi ta vie / ou / tes amours naissants / flyorov / tu comprends ? / tu comprends ? / tu comprends ? / flyorov ? /

dit encore peterzhak / achevant de se rincer les mains à l’eau tiède / au savon de marseille / me décochant des clins d’œil / comme s’il ne venait de dire rien que pour moi / comme s’il ne parlait rien qu’à moi / me regardant à mesure qu’il se lavait les mains / se les passait à l’eau tiède et au savon de marseille / insistant lourdement sur mon nom / le disant sans le dire dès qu’il relevait la tête / me regardait droit dans les yeux / me décochant un clin d’œil dès qu’il relevait la tête / m’apostrophant ainsi / par mon nom / sans avoir à le dire / ne le disant pas mais le disant sans le dire / comme s’il avait quelque chose à me dire / en raison d’un rendez-vous nocturne / samedi deux avril / à dubna / en raison d’une sortie en ville / à dubna / d’un cinéma et d’une sortie en ville / dans les bars / ou dans un restaurant / chinois / ou coréen / en raison d’un amour / peut-être naissant / je ne sais pas / je ne sais pas / je ne sais pas /

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rien ne comptant / en tout cas / autant / pour konstantin peterzhak / que de vivre vivant chez les morts / aimait toujours à dire konstantin peterzhak quand konstantin peterzhak tenait des propos à propos de ses steppes / de ses pelouses intérieures / disant des choses comme :

ici

dans mes pelouses

dans mes steppes intérieures :

jamais encore on ne m’a vu pondre un œuf

ou :

des fois je profère un chagrin / j’embrasse des lèvres un enfant neuf / ici mon nez frétille / je varie peu avec l’âge / ce que j’ébauche est vieux comme le monde / j’admire le dos des apparences / etc. /

etc. /

puis ajoutant encore : / c’est vivre vivant chez les morts / georgy flyorov /

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c’est vivre vivant chez les morts

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compris ?

compris ?

compris ? / georgy flyorov ? / compris ? /

, , , , ,
rédaction

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