[Net] Redécouverte des éditions Terre Noire / Petit manuel de prostitution sociale, par Phiippe Boisnard et Fabrice Thumerel

[Net] Redécouverte des éditions Terre Noire / Petit manuel de prostitution sociale, par Phiippe Boisnard et Fabrice Thumerel

mars 11, 2016
in Category: chroniques, News, UNE
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[Net] Redécouverte des éditions Terre Noire / Petit manuel de prostitution sociale, par Phiippe Boisnard et Fabrice Thumerel

Plutôt portés vers la BD indépendante/alternative, les Lyonnais de Terre Noire – dont le blog a été mis à jour jusque 2012 – proposent toujours sur leur site un catalogue subversif (avec possibilité de télécharger quelques titres gratuitement), avec en particulier la collection NO PRESENT (handmade by unemployed people), dont les diverses créations collectives (cut-ut, photomontages, romans-feuilletons et BD…) visent à déconstruire les discours dominants : Je ne suis pas un touriste, Lettre ouverte à cette génération qui refuse de vieillir, Détruire la pensée unique, Ceci n’est pas de la masturbation mentale… Avant de nous concentrer sur le meilleur d’entre eux (la patte de Franck Doyen !), signalons la série des "comics sociaux", BD dont l’objectif est de démanteler les rouages sociaux.

 

Manuel de prostitution sociale (à l’usage des travailleur précaires), Lyon, éditions Terre noire, 68 pages, 4 €.

Ce document poétique – au sens où l’entend Franck Leibovici – est un agencement répétitif qui intègre les éléments  prélevés dans l’univers discursif social au flux de parole anonyme d’un je/on/nous – une "viande froide en sursis" qui ne peut qu’énoncer des phrases non verbales puisqu’elle subit sa vie, interdite d’action en somme. Grinçant, absolu, savoureux, désespéré/rant, ce Manuel de Prostitution Sociale (à l’usage des travailleurs précaires) vous emmène là où vous n’auriez jamais cru aller : en plein retords de l’humain, cet être dit social tant que l’on peut exploiter l’autre – dans le monde des losers, pour qui il ne saurait y avoir d’ascenseur social, juste "un trou". Une introduction (à sec) dans la nécessité qu’est le travail précaire pour notre bonne, si bonne société post-industrielle.

Des pages très visuelles rayées de codes barres nous promènent de « envie sourde. / irrationnelle. / incontrôlable. / crever leurs yeux. » à « s’ouvrir les veines / se trancher la gorge. / s’immoler. / « allez remue-toi un peu ». De « au début, on se dit que ça se passera bien » à « chairs mortes. / espoirs désintégrés. / viande froide. / en sursis. / d’autres feront la même chose. / / finir comme une merde. / sur le trottoir. »

En pages de sortie, ce manuel nous propose quelques conseils pratiques de survie absolument indispensables :
« ne vous dites plus ça va aller : répétez-vous j’en ai assez. / Ne pensez plus j’ai tout raté, dites-vous je me fais baiser. / remplacez progressivement le sentiment de culpabilité par la colère. / Vous avez des capacités : luttez »…

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rédaction

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