[Recherche] A propos de l'hyperlittéralité poétique

[Recherche] A propos de l’hyperlittéralité poétique

mars 7, 2008
in Category: chroniques, recherches, UNE
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  [Ces quelques notes pour indiquer ici, une voie d’exploration poétique que j’avais nommée en 2000, l’hyperlittéralité. Ces brèves indications entrent dans le cadre des articles liés aux derniers essais des éditions al dante, et plus particulièrement, ici, en relation avec le livre d’Olivier Quintyn, Dispositifs/Dislocations. À la page 31, il fait intervenir ce concept, qu’à ma connaissance j’ai été l’un des premiers à utiliser, ne sachant s’il existait auparavant (toute indication bibliographique sera la bienvenue), en disant à propos du collage qu’il y aurait une "sorte d’hyperlittéralité". Or, non seulement, il laisse relativement dans le flou ce concept qu’il réutilisera à plusieurs reprises (p.31, 32, 34, 106, 116), mais alors que le livre d’Olivier Quintyn est très référencé et précis, sur nombre de concepts (y compris certains qu’il n’énonce qu’en note), il ne mentionne pas la source de celui-ci. Sans doute ignorait-il alors son origine, même si, en mai 2007, est sorti Raison basse, aux éditions Cameras Animales, qui insistait, dans son communiqué de presse largement diffusé, notamment sur l’hyperlittéralité, puisqu’il  y avait justement une de mes créations. ]

1. Lorsque j’ai créé le concept d’hyperlittéralité poétique ou de poésie hyperlittérale, en 2000, cela tenait à une certaine voie de recherche par rapport à des expériences poétiques, que je définissais généalogiquement de Cummings  à Bertin-Courtoux, en passant, chose étrange aussi par Alain Robinet. Ce concept d’hyperlitéralité, je lai fondé à partir d’une pratique d’écriture spécifique, fonctionnant selon une logique de collage syntagmatique complexe.

1.1. Quelques titres hyperlittéraux des années 2000 : [Action writing] de Sylvain Courtoux (ed.Poésie-express), XXL de Jérôme Bertin (extraits publiés dans Nioques), K.or t(OR)Tu(R)& de moi-même (ed. trame-Ouest accompagné de dessins d’Anne van der Linden et d’une préface de Mehdi Belhaj Kacem).

2. Le concept d’hyperlittéralité s’applique à une certaine forme de travail sur le syntagme, ou une suite de syntagmes formant une phrase, afin de créer des effets d’écartèlement, de production de sens, de stratifications de signifiés par l’imbrication dans un syntagme d’autres possibilités symtagmatiques. Exemple de construction : mort => mo(r)t => a-m-o(u/r)t = mort + mot + à mort + amour + âme. Le travail est à la fois linguistique et au niveau des plans référentiels de chaque signifiant, afin de créer des effets de distorsion dans la compréhension, de déplier des lignes de tension au niveau de la signification. Il s’agit d’intégrer dans un élément signifiant, dans son ossature littérale, la possibilité de pivots de signification, redéfinissant alors son unité syntagmatique. Ce travail opératoire dans le syntagme ne se fait pas non plus dans une seule langue, mais peut croiser plusieurs langues distinctes : anglais/français par exemple. L’hom[m]e a-m[o/e]-[u/r]t.

2.1 Le travail linguistique se donne immédiatement comme la neutralisation d’un rapport naturel à la langue. Comme le fait remarquer Jean-Pierre Bobillot, analysant Cummings (Trois essais sur la poésie littérale), le postulat de la poésie phonocentrée est mis en échec. Il y a un tel travail de la lettre, et de combinaison entre différents syntagmes, que le "matériau verbal" devient "impropre à l’oralisation" (p.176). Le travail linguistique ne tient pas seulement à une forme de segmentation syllabique. Est considéré,  sans apriori de saisie, le matériau du mot, et delà à partir de sa contextualisation dans une phrase, sont projetés dans sa matérialité elle-même, d’autres syntagmes, et ceci selon la contrainte imposée sémiotiquement par le matériau initial. Il s’agit de considérer le plus littéralement un mot, et le plus littéralement possible la projection de mots extérieurs dans sa matérialité. Cette hyperlitérallité peut se constituer à partir de l’association de plusieurs mots. L(e)’ (R/D)(eal)’ fait. La finalité n’est pas de produire mécaniquement les jeux de permutation, et d’épuiser un motif, mais de créer des effets de tension entre les différents signifiés polarisés dans la re-construction symtagmatique de la lecture.

3. Alain Frontier remarque ce travail à partir de Maurice Roche dans La poésie. "reToUchE (=retouche + TUE) est une sorte de mot-valise pour l’oeil".

3.1 Jean-Pierre Bobillot de même en vient à une analyse de ce type de processus dans Trois essais sur la poésie littérale à partir de Cummings. On pourrait aussi se référer à Jacques Demarcq, qui a parfaitement perçu ce travail chez l’auteur américain. Toutefois, aucune de ces approches n’a produit de concepts afin de classifier ce type de pratique poétique.

4. L’utilisation de la part d’Olivier Quintyn du concept d’hyperlittéralité est reliée à la définition que j’en avais donné. Ainsi, même si son emploi pourrait davantage être défini, il en permet une compréhension a minima. [p.31] Il parle pour le collage, non d’importations d’images ou de fragments d’images dans une autre, mais il explique que c’est "comme des inscriptions directes d’un système symbolique dans un autre". Ce qui est à l’oeuvre dans la réinscription qui s’opère par l’hyperlittéralité, c’est tout à la fois une forme de dislocation/écartèlement et d’autre part la réarticulation tout à la fois de l’élément récepteur et de l’élément implémenté.

 Références   :

articles :

Le Philosophoire, n°13, 2000, Violence et société, Philippe Boisnard, 6ème partie : le syntagme outrepassé (l’hyperlittéralité et l’exigence poéthique)pp. 159-165. Dans cette partie de l’article, j’articule la possibilité d’une éthique du langage à partir de la pratique de l’hyperlittéralité.

La revue d’esthétique, n°39, 2001, Site d’écriture, Philippe Boisnard. Article sur la logique de composition de l’hyperlittéralité, pp. 137-141.

JAVA, n°23-24, 2002, Mini-dossier Hyperlittéralité, Bertin, Boisnard, Courtoux.

références citant ce concept :

Anne Cauquelin, Le site et le paysage, PUF, 2002, pp. 165-168. A partir de la reproduction d’une de mes réalisations hyperlittérales, analyse de la question de l’hypertextualité et de la virtualité du sens liée à l’informatique.

Mario Costa, Internet et Globalisation, L’Harmattan, 2003, citation de l’article de la Revue d’esthétique et de ce qu’apporte l’hyperlittéralité, par raport à certaines questions de la virtualité du sens compris, comprimé dans un syntagme.

Raison Basse, Cameras animales, collectif, 2007, dans l’annonce de presse de la publication de ce syntexte, était fait mention de l’hyperlittéralité et ceci en liaison avec l’un des textes que j’avais produits pour l’occasion.

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Philippe Boisnard

Co-fondateur de Libr-critique.com et administrateur du site. Publie en revue (JAVA, DOC(K)S, Fusees, Action Poetique, Talkie-Walkie ...). Fait de nombreuses lectures et performances videos/sonores. Vient de paraitre [+]decembre 2006 Anthologie aux editions bleu du ciel, sous la direction d'Henri Deluy. a paraitre : [+] mars 2007 : Pan Cake aux éditions Hermaphrodites.[roman] [+]mars 2007 : 22 avril, livre collectif, sous la direction d'Alain Jugnon, editions Le grand souffle [philosophie politique] [+]mai 2007 : c'est-à-dire, aux éditions L'ane qui butine [poesie] [+] juin 2007 : C.L.O.M (Joel Hubaut), aux éditions Le clou dans le fer [essai ethico-esthétique].

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44 comments

  1. C.FIAT

    Philippe, tu veux dire que Quintyn t’a volé TON concept et que tu le prouves ?

    James et moi, on peut prouver aussi qu’on est en train de nous voler notre titre de revue TIJA devient TINA : The Incredible Nana’s Adventures…

    Mais en même temps, je dois dire que TINA ça sonne mieux que TIJA : « The Incredible Justine’s Adventures », même si Justine est une « nana » elle aussi, alors qu’une nana n’et nécessairement Justine !

  2. C.FIAT

    correction : à la place de

    « alors qu’une nana n’et nécessairement Justine ! »

    il faut lire

    « alors qu’une Nana n’est pas nécessairement Justine ! »

  3. lucille c

    Chapitre 5
    Le Seigneur Jésus lui-même utilisait parfois un langage prophétique figuré que certains Juifs ne comprenaient pas à cause de leur filtre hyperlittéral …
    acbn.ca/dispensation_05_hermeneutique.htm – 90k – En cache – Pages similaires

    Nana finit avec la vérole c’est ça ?

  4. Fabrice Thumerel

    Pas mal ta TINA, Christophe…
    Cela dit, toi qui fais partie de ceux qui stigmatisent les pratiques cyniques et opportunistes propres au petit milieu de la poésie expérimentale, tu reconnaîtras que les auteurs Al dante se constituent en chapelle, vivant dans l’entre-soi et ne sortant guère de leur cercle référentiel, fût-ce pour souscrire à cette règle à laquelle se soumet tout chercheur : citer ses sources, déterminer dans quelle mesure ses travaux se situent dans le prolongement d’autres…

  5. C.FIAT

    TINA existe pour de vrai ! J’ai vu ça sur un site ! C’est même une revue papier qui va sortir à la rentrée prochaine, je crois… Enfin, peu importe ! Ensuite, à ce jour, je ne publie plus chez Al Dante… Concernant les chapelles, on m’a souvent tendu des perches pour que je devienne justement……… un maître de chapelle – comme dirait Richard Wagner – mais à chaque fois j’ai refusé, préférant n’avoir que des amis, et pas des commis et encore moins des petits Fiat – ceci dit les petits Fiat prolifèrent bien, il me semble parfois, mais c’est à leur risque et péril ! (je sais je ne peux pas m’empêcher d’être arrogant !)

    Tout ça, je le paye d’une solitude certaine – rompue ici par nos échanges – mais il faut aussi que je cherche pour trouver. Rien ne vaut la distance, le recul, c’est à dire très concrètement : le refus d’animer des événements ou des mouvements (ça c’est mon côté Rilke : « Lettres à un jeune poète » qui est un livre excellent à lire pour qui veut écrire parce qu’il dit tout ce qui va arriver, même aux poètes fun, pop, rock et tout et tout)… Tu le sais pour être un philosophe et un chercheur.

    J’ai eu l’occasion de vivre les meilleurs moments des éditions Al Dante (2000/2007) et Laurent Cauwet est un homme extraordinaire avec qui j’ai beaucoup appris… Laurent Cauwet est atypique en France. Il est « un défaut exceptionnel » pour reprendre Blanchot qui est un écrivain que j’aime pas, mais quand même… C’est Blanchot. En effet, quoiqu’on puisse reprocher à Cauwet, c’est un homme qui est venu dans l’édition par goût et défi et non par dandysme ou opportunisme ou pire : encanaillement.

    Pour moi, Laurent Cauwet, c’est un aventurier dans le sens noble du terme et à ce jour, les aventures continuent pour lui, dans son camp retranché dans le Limousin… Parfois – et je ne suis pas le seul à qui c’est arrivé – je pouvais passé douze heures d’affilées avec lui à errer dans Paris, alors que le rendez-vous fixé ne devait pas excéder une heure… Et pendant ces douze heures, on refaisait le monde comme jamais je n’ai refait le monde avec quelqu’un. Pendant ce temps, Anne Laure Blusseau s’arrachait les cheveux pour décommander ses rendez vous.
    Bien sûr, il a oublié certains auteurs et parfois, il a été maladroit et cruel aussi, mais si comme tu le dis « les auteurs Al Dante ont une cercle » (je résume tes propos pour faire bref), ce cercle à force de patience a toujours finit toujours par s’ouvrir.
    Il y a certains livres que j’ai fais pour lui et que je n’aurai jamais fais si ça n’avait pas été lui. Ceci dit, je ne regrette plus d’être hors du cercle. Ca caille dans les chapelles, je crois, ça caille.

  6. rédaction

    @ Lucille : Merci Lucille de ce lien. Mais cet article de 2006, n’utilise pas l’expression de la même manière, et même cela devrait sns doute être écrit comme hyper littéral, au sens où ce qui est mis en évidence c’est en quel sens une lecture s’attache au sens premier et restreint d’un texte. Lecture hyper littérale du texte, donc sans qu’il n’y ait d’ouverture midrachique (interprétative) du texte, donc loin du texte talmudique, des recherches de dépliement du texte (cf. Ouaknin).
    Toutefois, en effet l’hyperlittéralité comme je l’ai conçu à l’origine est bien lié à la lecture la plus littérale d’une séquence de lettres qui a été crées selon une forme de collage/écartèlement syntagmatique. Pour saisir le mot, il faut être dans la lecture la plus immédiate du langage.

    @ Christophe : je ne dis pas qu’Olivier Quintyn a volé le concept, ni même qu’il l’ait repris volontairement en effaçant la référence. je dis qu’il est étrange de retrouver ce concept, qui a été spécifiquement utilisé selon une acception précise, et qu’il reprendrait tel quel. Etrange, car je ne vois pas comment il aurait formé ce concept pour le collage, alors que ce concept comme je le précise dans ma réponse à Lucille, se construit en deux temps : 1/ phase de lecture littérale du texte, et 2/ ensuite réflexion sur des processus d’écriture particuliers qui furent à l’époque, ceux de Bertin, Cummings, Courtoux. Donc ma mise au point pour tout simplement mettre en évidence généalogiquement ce concept, qui est quand même récurrent.
    Ensuite, cela ne m’intéresse pas de savoir ou de ne pas savoir. Cela regarde la personne qui écrit.

    Pour la solitude, je partage vraiment ce que tu dis, telle est ma position depuis des années. N’appartenir à aucun groupe, aucune chapelle, croiser, partager, se lier d’amitiés, se séparer, etc… Je sais que je l’ai payé au prix fort d’un point de vue éditorial (car ne soyons pas naïf, il est toujours plus aisé de se faire publier quand on intègre la bonne chapelle, ou un collectif porteur, là aussi une approche socio-génétique et politique de l’édition montre cela très facilement : et là al dante comme tant d’autres est aussi symptomatique de ce type de pratiques (il y aurait aussi à voir l’histoire de ceux qui sont indépendants, l’histoire éditoriale, quels sont les freins, les échecs, les attentes, la transformation de l’écriture elle-même, de leur regard sur un champ littéraire donné)), mais au moins j’ai conservé mon autonomie totale, et j’ai pu l’ouvrir à chaque fois quand cela me paraissait nécessaire. C’est aussi la chance de travailler avec Fabrice, qui lui aussi est autonome. A nous deux nul groupe ou collectif, mais le dialogue de l’amitié, donc de la différence. Et cela est précieux.

  7. pennequin

    l’hype pépère litre & râ-alité c’est Bertin ! na ! voleur de concept tiens !

  8. C.FIAT

    Philippe, Fabrice, Derrida dit des choses intéressantes à propos de « vol » dans « Papier Machine » (Galilée), à propose de St Augustin et Rousseau. Mais vous devez sans doute avoir ce bouquin sous la main… Et puis « Le journal du voleur » de Genet…

  9. Fabrice Thumerel

    Christophe,
    Pour revenir sur Al dante : tu as raison de rappeler l’extraordinaire énergie créatrice de Laurent Cauwet et il n’est pas question pour nous de nier l’importance de cette maison ni de ses auteurs, dont une bonne partie sont reconnus parmi les écrivains majeurs de notre temps. Nous tenons l’aventure éditoriale d’Al dante comme la plus importante depuis la fin du siècle dernier, lisons et rendons compte de nombreux ouvrages, soutenons le redémarrage de l’entreprise…
    Seulement, il ne faut pas confondre synergie créatrice et sérialisation : certains auteurs Al dante ont actuellement tendance à fonctionner en vase clos, pratiquant une autoréférentialisation stérile par laquelle commence toute chapelle, tout pouvoir molaire… Je me joins à Philippe pour leur rappeler qu’à se soustraire de l’espace ouvert du libre-échange ils courent le risque de la positivité, de la redondance, de la pensée circulaire…
    Christophe, comme Philippe et moi, tu sais bien qu’il ne saurait y avoir de véritable créativité sans une autonomie corrélative d’une certaine solitude, oui, et que tout projet collectif doit obéir à la logique rhizomique, sous peine de stérilisation…
    Concernant notre projet Libr-critique, je souscris à cette magnifique formule de Philippe : « À nous deux nul groupe ou collectif, mais le dialogue de l’amitié, donc de la différence »…

    Par ailleurs, oui, DERRIDA nous accompagne toujours.

  10. pennequin

    moi je pète un câble total tu vois dans ma vie
    à cause de l’art
    parce que c’est impossible de tenir un crayon
    impossible
    c’est inimaginable, j’ai envie de foutre sur la gueule à tout le monde
    je vais aller tuer quelqu’un au marché de la poésie c’est plus possible
    tous des putes
    il n’y a pas un pour racheter l’autre
    je vais tous les tuer si ça continue
    c’est dégueulasse
    moi je pleure pour tous les gens qui comprennent rien et qu’on laissera dans la merde
    je pleure vraiment je pleure tout le temps car ce n’est plus vivable
    ce n’est plus respirable
    c’est l’asphyxie
    vous ne comprenez pas ? vous avez vu comment ça va ? il y a des jeunes on les enferme on s’occupe des jeunes on leur interdit seulement de montrer qu’ils ont du shit, les jeunes ont du shit, mais il faut pas le montrer, par contre on veut faire semblant de leur parler, il n’y a que des collabo dans la culture, il n’y a que des collabos de la bonne conduite dans le social. ordures ! et les flics ramassent de pauvres types, et la brigade anti terroriste défonce toutes les portes des pauvres types qui pensent un peu déviant dans les cité ! vous allez voir l’holocauste que ça être un jour !!! la rue dehors et le pays en feu et on nous lancera des bombes, et si on balance des virus vous verrez qui on soignera !! et la shoa qu’on promet en palestine !

  11. C.FIAT

    Charles, dans Marché de la Poésie, il y a « marché », donc c’est normal tout ce que tu dis… Et tout ce que tu ressents… Mais le pire, je crois, c’est quand même « Le printemps de la poésie » qui est en l’occurence plutôt « un hiver pluvieux, moche et sordide……… de la poésie ». Quand, on n’a cessé de m’inviter à cette occasion, ça a été un soulagement !

  12. pennequin

    il faut parler du suicide
    le suicide et pourquoi
    pourquoi en fait tu parles de ça ? tu dis que tu es prêt à tout abandonner
    tu veux te suicider ? christophe aussi y pense
    tous les jours il faut penser qu’on va se suicider
    tous les jours, jamais louper son suicide
    tandis que ceux qui n’y pensent pas nous préparent de chouettes lendemains
    ceux qui ne pensent pas à se suicider tout le temps ce sont ceux qui vont nous faire marcher droit
    vive la mort
    la vraie
    vous n’êtes pas inquiêt par la mort ? la mort ne vous inquiête pas ? quand vous voyez votre ombre vous ne vous dites pas que c’est la toute dernière fois que vous la verrez ? eh bien pensez-y. vous voyez votre ombre pour la dernière fois aujourd’hui
    demain vous êtes morts !
    (demain je meure écrit christian, tandis que moi, la même année j’ai écrit « je fais de la poésie parce que demain je suis mort » – vous croyez que ça tient les concepts là ? on s’est pas téléphoné pour se le dire et personne prend à personne, c’est qu’on va crever et qu’on le sait et qu’on est au bord de la chute, près à tomber dans la fosse avec le coup de fusil qui va nous y envoyer. vous pouvez vous rhabiller pour l’hiver avec l’hypertruc après ça. quand vous crèverez vous n’aurez plus le même discours. l’écrivain est celui qui voit la mort de près et qu’il ne s’en remet pas de vivre
    saloperie pourquoi on nous a mis dans la vie
    pourquoi faire ? c’est dégueulasse
    il est dégueulasse de nous faire vivre
    car il y a la mort
    qu’est-ce que je foutais bien avant de vivre ?
    et après
    qu’est-ce que je vais foutre
    ce matin encore je me suis demandé comment je ferai pour me souvenir de la vie
    de la mienne de vie
    comment je fais pour me souvenir de la vie, la mienne
    ce n’est pas de la littérature
    c’est la peur c’est la mort c’est l’étranglement
    c’est la saloperie de mon corps et en plus on m’interdit de parler d emon corps
    mais il faut que je parle de littérale
    merde au littéral et à la vie
    je ne consomme rien
    je ne veux pas sortir de mon tas qui est là

  13. Fabrice Thumerel

    Suite à tes derniers posts, Charles, j’ajoute ceci : c’est bien parce que Philippe et moi ne sommes pas du côté de la morale et de l’institution que nous comprenons très bien ce que tu dis et partageons ta révolte par rapport au « milieu ».
    Tu comprendras que, ayant créé Libr-critique justement comme lieu alternatif, nous trouvions par moments fort de café que tu nous rejette dans l’institutionnel… Libr-critique est un lieu ouvert où tu es libre de t’exprimer… ça, c’est un fait qu’il faut reconnaître.

  14. pennequin

    il faut qu’on se soutienne
    parler est un soutien
    le soutien aux vies en danger de vivre
    et fabrice ne te sens pas violenté, je t’aime beaucoup, déjà parce que tu me parles
    je n’ai rien contre TON vocabulaire
    mais la poésie c’est la parole qui voudrait la vérité
    l’écriture veut la vérité et ne la trouve pas
    l’écriture c’est vouloir parler en vrai et jamais possible
    l’écriture c’est dire la vérité est un vide
    c’est pour ça que je me suis questionné sur le vide
    et heureusement que cette brave fille clinicienne qui m’intéroge sur ma maman est venue pour me parler de ce mot
    j’emmerde bien le mot je lui ai dit rien qu’à dire ce mot vous le remplissez !
    elle n’a pas compris
    mais la vérité est vide
    il faut mettre des balles dedans

  15. pennequin

    je n’ai pas dit que c’était l’institutionnel ici, si ? je ne sais plus, non c’est n’est pas ça, l’institution ce n’est pas ça, si j’ai dit ça j’ai fait une erreur, l’institution c’est l’acceptation du mensonge et de plus marcher droit, d’avoir un manche à balais dans son cul quand on marche, c’est ça l’institution. l’institution ce n’est pas une personne, avec ses mouillures et sa crotte, c’est une prostitution généralisée dans les actes
    mais ici ça va sinon je viendrai pas, mais on peut aussi dénoncer des choses et vous dire ça va pas, on peut le dire ? on a le droit vu que vous avez ouvert. y avait de la lumière et je suis rentré. mais je dénonce ici tout, tout ce que je vis, toute mon institution c’est ça que je viens dénoncer

  16. pennequin

    oui ce que tu dis christophe par rapport au printemps, je comprends très bien, on peut pas faire autremement parfois, et si on nous oublie c’est un soulagement ! moi je ne suis invité qu’une fois, et c’est par une slammeuse et c’est pas le printemps je crois, et parfois on me demande, avec le regard inquiêt, si je suis invité au printemps. les gens sont inquiêts si on n’est pas invités au printemps des poêtes !

  17. pennequin

    moi ça fait un mois que j’ai mal à la gorge
    et ça ne s’arrange pas du tout
    le médecin m’avait prescrit amoxycilline
    ça n’a rien fait du tout
    ensuite il me prescrit orelox ! le truc super violent
    j’ai chié de l’eau tout e la nuit !
    les gargouillements dans le ventre comme j’ai jamais vécu
    j’ai vraiment cru que j’allais crever
    je suis allé le voir et il s’en foutait pas mal de me faire avaler sa chimie, et il m’a refait une prescription
    devine ? Amoxyciline !
    il se fout de ma gueule en plus
    et donc je lui dit et il me prescrit un autre, azithromycine biogaran pour 3 jours seulement, mais ça ne va pas aller mieux tu verras !

  18. pennequin

    et l’amour ? pourquoi vous ne parlez pas de l’amour ?
    vaste problème que l’amour
    en ce moment je parle ! sérieux problème
    car ça va de pair avec ce qui se prépare
    l’amour je l’ai épuisé là
    j’ai épuisé l’amour, c’est fini
    j’aime une femme
    mais sinon l’amour je l’ai tué en quelque sorte, et j’ai toujours envie de tuer l’amour
    je ne pensais pas qu’il y avait un bout à l’amour
    maintenant si
    il y a un bout dans l’amour
    un bouchon
    c’est vrai ce que je dis
    il y a eu une hyppothèse vraie, j’ai toujours pensé que j’aimerais que je serai toujours a voler convoler d’une certaine sorte
    et je suis tombé sur un os
    je me suis fait tué par cet os, une fille
    elle a tué mon amour complètememnt, et c’était ma muse cette fille et donc ça fait très mal, maintenant je n’ai plus que des idées de meurtres et de total tendresse.
    en plus je me suis complètement trompé, ce n’est pas elle que j’aimais
    ce n’est pas elle qui a tué, rien que moi dans mon histoire à moi
    rien qu’une idée fausse de moi
    là-dedans
    rien que du faux
    et myspace par exemple, avec toutes ces pub de gens qui cherchent la drague
    et on est tous dans myspace, artiste aux chiottes qu’on est.
    pourquoi vous ne faites pas partager plus ici votre philosophie ?

  19. pennequin

    comment vous allez faire quand vous allez mourrir ? c’est la question que je vais poser aux acteurs avec qui je vais bosser en belgique la semaine prochaine
    il y aura des clowns et des acteurs
    des gens du cirque
    l’idée étant de comprendre la vie en une semaine
    mais je vais vraiment les secouer
    si j’en ai la force, le courage, dépasser les corps, aller devant eux et leur dire comme si c’était après la fin du monde, il faut faire quelque chose, réagir ! il faudrait toujours vivre comme si on était au bord de l’effondrement, au bord de tout, toujours vivre comme au bord et que le monde s’effondre. Je ne suis pas hors du monde, ce n’est pas vrai, et fabrice tu as dit un truc un jour qui ne m’a pas plu du tout et donc je sais très bien prendre pour moi car c’est à moi que tu t’adresses !!! oui ! quand tu as dit « charles reprend le truc de christian sur le monde ». N’importe quoi ! au contraire. je cherche par mes propres moyens, mes propres mots, ce qu’a dit christian, qui interprétait artaud et rimbaud. C’est artaud dans plusieurs de ses lettres qui dit nous ne sommes pas dans le monde, ou nous sommes hors de lui. et rimbaud bien avant; qu’est-ce qu’ils ont voulu dire ? est-ce que christian a raison ? il a raison pour lui. pour moi c’est différend. la question c’est que je ne suis pas dans le monde, je suis sourd à tout. je vois rien j’entends rien. je suis mort. il n’y a que la parole qui soulève un mort comme moi. voilà ce que je dis, si je reviens à la vie c’est par la bande, et donc l’écrit c’est comment se voir revenir à la vie.
    tu as traité à la légère la question, et d’ailleurs tu as dit que tu allais y revenir et tu t’en es bien gardé !

  20. Fabrice Thumerel

    Oui, Charles, la parole est soutien – et on est réceptif à ta parole.

  21. Y J

    « c’est que ce détail traduit à mon sens la logique de rectification historique qu’opère Hanna et m^me al dante au niveau de la poésie »
    Je ne comprends pas ça, vous pouvez m’expliquer

    « Libr-critique est un lieu ouvert où tu es libre de t’exprimer… »
    Ca, entièrement d’accord et bravo. Libre de s’exprimer grâce aux commentaires et aussi lieu de diffusion pour les créations audio ( ceci partagé avec d’autres sites ), . Moi je n’y comprends pas grand chose aux maisons d’édition, à qui fait quoi et parle d’où. Alors je vous demande ceci : je suis plutôt dans le sonore. Depuis quelques temps, les livres-audio ( c’est peut-être pas le bon terme ) sont sortis, ça se normalise. Mais qu’en est-il précisément de l’édition du sonore ? Pour l’instant, j’ai l’impression que la poésie sonore ( pour aller vite ) est toujours accompagnée d’un livre. Livre-partition en rapport avec le travail sonore, donc double canal avec des va et vient entre les deux.
    Et un CD seul, ça se fait ? Je n’ai pas l’impression ( après je suis cela d’assez loin ).
    Sans le livre, qu’en est-il des poésies sonores ?

  22. pennequin

    j’espère que tu ne te fous pas de ma poire Fabrice, car tu dis ça mais tu ne réponds en rien à mes questions. Je sais que tu n’es pas Ménie Grégoire, et donc ce que tu as dit là peut être pris pour une moquerie de ta part. Si je te questionne c’est que tu as dit que ton texte sur la Ville est un trou n’était qu’un début mais je n’ai rien vu d’autre ensuite, mais il n’y aura peut-être rien, cependant tu me mets cette phrase comme quoi vous êtes à l’écoute, « réceptifs », il faudrait émettre aussi. Je te parle d’expérience de vie. L’amour comme expérience de vie, la mort comme expérimentation. J’entends la voix de Deleuze dire ça, ce sont des expériences de vie. Yves pose une question et il n’y a plus personne ? (mais pour ce qui est des livres CD, va voir un libraire il va t’en parler du pourquoi qu’on met pas qu’un cd, mais qu’il faut un livre obligatoirement, ou alors faire comme Montessuis une revue, que des cds et vendre à la sauvette… Car le disquaire, lui, se foutra pas mal de la poésie, c’est la qu’il y a un problème avant toute chose, c’est économique.)

  23. rédaction

    @ Yves :rapidement, car là en plein travail de programmation : Ce qu edis Charles est juste, les CD sont publiés avec un Livre car les subventions CNL concernent surtout les livres (d’ailleurs sur les Cd est à lire la plupart du temps : donné gratuitement avec le livre). L’éditeur doit alors se débrouiller avec le fait de publier CD + livre ce qui a un coût. mais osn livre peut être distribué. Pour les Cd beaucoup plus complexe. Plus difficile : CD sonore, il y a la revue erratum, mais aussi les Cd son@rt de Donguy (petits tirages) et il doit bien y en avoir d’autres très rares.
    Le mieux c’est d’être dans des revues où il y a des CD audios, par exemple le dernier Doc(K)s qui vient de sortir avait un CD audio.
    Ou encore d’être sur des sites qui présentent la poésie sous forme sonore (je dis pas sonore, car poésie sonore est très spécifique quand même).

  24. pennequin

    il est sorti ??? le docks est sorti ?? tu l’as ? le docks sur l’amour ?

  25. Y J

    OK merci. J’avais oublié ce truc avec les livres.
    Erratum, je connais. C’est très bien.

  26. Fabrice Thumerel

    Pour les CD de création, j’ajoute que le système de distribution français n’est pas adapté : dans le meilleur des cas, ce qu’ils mettent en rayon comme CD = lectures de « grands textes », conférences (Deleuze, Onfray, etc.)…
    Charles, je me doutais bien que ma réponse te semblerait trop laconique…
    (Mais, vois-tu, là, Philippe comme moi, on est en train de programmer les entrées suivantes… un site, c’est pas seulement du chat, c’est aussi des articles, etc.).
    Mais tu as bien saisi : je ne suis pas Ménie Grégoire… Cela dit, oui, je suis réceptif à ta parole = je suis sensible à ta révolte et tes angoisses (elles sont miennes) + si tu ne me trouves pas indigne, oui, il est prévu que je fasse un article sur « La Ville est un trou » dans une rubrique de recherche (articles de synthèse, et non de simple réception).

  27. pennequin

    bossez bien les gars ! la je vais voir les jeunes belges ! je vais leur parler de Beckett et la poésie sonore, j’avais pensé un truc par rapport à ça, par rapport à Heidseick, ses enregistrements dans les caves des champagnes de reims, c’est marrant car à l’époque il cherchait à faire de l’écho, tout en ne sachant pas qu’il pouvait être possible de le créer en studio ! je trouve que c’est très éclairant par rapport à la démarche des poètes sonores. bon courage et à un de ces jours ! merci pour ta réponse.
    amitiés
    charles

  28. denis hamel

    trois tendances de la jeune poésie française contemporaine

    1. les zizi-caca-prout

    les plus savants d’entre eux se réclament de bataille ou d’artaud, voire de rabelais, mais aussi de bukowsky et de houellebecq. l’important pour eux est d’employer des mots tels que : bite, couille, merde, pisse, … et de mettre l’accent sur toute sorte de tares et de déviations : coprophagie, inceste … le style est de peu d’importance, on se contentera d’une prose de devoir de classe de cm2, assaisonnée de quelques idiosyncrasies pour faire plus authentique : mots artificiellement coupés, pas de ponctuation, orthographe phonétique … exemples : konstrukt, div …

    2. les néo-marxistes

    ils se réclament de marx, bourdieu, chomsky, bové … ce sont les chantres d’une poésie engagée, qui se veux avant tout encrée dans le réel. il importe avant tout de dénoncer les méfaits du capitalisme et d’appeler à la révolution. on parlera des sdf, des inégalités, de l’exploitation, de l’alienation, de la lutte des classes, de la société du spectacle, du fétichisme de la marchandise, … les néo-marxistes rèvent de réduire le monde à quelques lois économiques invariables et sont souvent férus de linguistique. stylistiquement cela va de l’écriture blanche à des choses plus avant-gardistes. exemples : niger, serioscal …

    3. les hédonistes du minuscule

    ils sont gentils, calmes, un peu tristes peut-être. ils s’extasient devant un brin d’herbe, un caillou, ou les confitures de grand-mère. plus ou moins nostalgiques, ils apprécient souvent les livres de philippe delerme ou de christian bobin, la poésie de jacques prevert, les mots simples qui vont droit au coeur, la chanson française à texte élitiste … la mer, la campagne, l’amour, les étoiles … sont leur thèmes de prédilection. leur écriture va du classicisme le plus réactionnaire au minimalisme béat. exemples : jml, aaron …

    4. les formules mixtes

    bien entendu, il est possible de panacher et de mixer les trois tendances évoquées plus haut pour créer une quantité presque infinie d’hybrides. par exemple, la poésie de houellebecq joue sur les trois écoles à la fois.

    dh

  29. C.FIAT

    Cher Denis, vous n’avez pas tort de faire une telle mise au point, d’autant plus qu’il vaut mieux être dans une tendance qu’être à la mode !
    Mais, pourquoi est-il ici question de Houellebecq ?
    Ses chansons – et son concept de tournées des plages avec les AS Dragon en 2001 – sont quand même plus intéressantes que sa poésie, n’est-ce pas ?
    Cet écrivain est un chansonnier, finalement et pas un poète… Peut-être manque-t-il une tendance, celle des chansonniers ou celle des humoristes…
    Ceci dit – si l’on prend des distances avec votre ton méprisant et hautain (ou peut-être vous ai-je mal compris ?) – on dirait que la poésie dont vous parlez ne s’est jamais aussi bien portée depuis la fin du surréalisme.

  30. rédaction

    Cher Denis
    Amusante typologie, qui amènerait sans doute à bien distinguer des places, dans l’espace indéfini de la poésie.
    Toutefois, ces trois types, ne me semblent pas pouvoir envelopper encore l’ensemble de ce qui se pratique. Au même titre d’ailleurs que la typologie que fit en son temps Nathalie Quintane, et qui, certainement pour une histoire de mode, fut reprise.
    Votre critériologie par exemple, passe de registres intentionnels à d’autres, qui n’appartiennent pas au même dimension de références :
    1/ celle du corps et de la langue corporelle. 2/ celle politique.
    Mais alors n’y aurait-il pas quant au corps d’autres types de pétique : décorporisé, qui ne serait d’ailleurs politiquement ni marxiste, ni phénoménologiquement ancré à l’anodin ?
    De m^me n’y aurait-il pas des poésies non-post-marxiste, non ancrée dans la question du corps ou de l’écriture blanche ?

    Donc, oui, typologie amusante, mais qui ne permet aucunement de réfléchir la complexité des objets qui sont en jeu.

    merci en tout cas de ce bon moment de lecture.

  31. C.FIAT

    Le cas Houellebecq, en France, est intéressant d’un écrivain qui ne fait pas de littérature, ni de roman populaire et qui – compte tenu de tous les efforts qu’il fait pour se vendre – peine à avoir un réel succès contrairement à un écrivain américain comme Stephen King aux États-Unis. D’ailleurs, ce n’est même pas un cas, mais la banalité d’un mal érigé en principe absolu qui ne mange pas de pain !

    Bon, ce week-end, je vais réécouter une fois encore le disque de Houellebecq édité chez Tricatel sous les auspices de Bertrand Burgalat… Tiens voilà, une autre tendance à laquelle, cher Denis, vous ne songez pas : les poètes sonores avec guitare électrique. Savez-vous que c’est Houellbecq qui a inventé la poésie sonore et le sea sex and sun et la guitare électrique ?

  32. Boitsanssoif

    Je ne comprends pas non plus cette typologie. Ca me fait penser à ce que disait Jourde à propos de la poésie dans « la littérature sans estomac » et que je n’ai toujours pas compris. J’en avais conclu qu’il ne devait pas trop en lire de poésie.
    L’idée de typologie, c’est un bon délire, mais comme les anthologies, on ne sera jamais d’accord à moins de le faire soi-même. Je ne peux pas me priver de m’y essayer :

    1. Les poètes classiques
    Tous ceux qui utilisent des formes anachroniques, datées, poètes qui en général m’intéressent peu mais faut quand même voir, l’originalité n’est pas forcément là où on l’attend.

    2. Les poètes avant-gardistes
    a/ comme avec l’histoire de l’avant-garde, on arrive quand même à y voir clair, il n’est pas difficile aujourd’hui de se faire connaître en tant qu’appartenant à ce milieu. Seulement il faut bien avouer qu’un apauvrissement sémantique mais aussi intentionnel a lieu. Pour cela, il convient peut-être de scinder l’avant-garde en 2:

    a/ 1
    Ceux qui parsèment leurs textes, objets, installactions, perfs de ces dits indices, mais que si l’on y regarde un peu de plus près, on y trouvera pas grand chose à se mettre sous la dent de l’oeil du cerveau. Choses faites à la va vite, anti-techniques et qui semblent bégayer ce qui a déjà eu lieu ( qui déjouent l’intensité première en la rejouant ( un peu comme les révolutions ))

    a/ 2
    Les poètes avant-gardistes qui prennent en compte l’histoire de l’avant-garde et qui essaient bon gré mal gré de suivre une ligne originale mais pas forcément voyante ( a/1=Hypothypose ). Cela va de pair avec l’idée de ne pas prendre le public, le lectorat pour des imbéciles et de ne pas rejouer ce que font les mass media avec nous. Voici selon moi un type d’engagement « politique » et le fait que l’on puisse dire ça en dit long sur ce qui se passe aujourd’hui.

  33. denis hamel

    précision sur ma petite éjaculation ci-dessus : ce petit texte improvisé a été conçu pour être posté sur le forum bleu (www.leforumbleu.net) et ne prend tout son sel que dans ce context restraint. on m’a dit que c’était rigolo alors je l’ai mis ici. mais svp il ne faut pas y voir une tentative de classement de TOUTE la poésie française. je laisse ce genre de phantasme à des têtes pensantes aussi éminentes que celles de n. quintane.

    dh

  34. denis hamel

    témoignage sur houellebecq : j’ai 34 ans. j’ai lu les poèmes de houellebecq vers 1993. à l’époque il était totalement inconnu du grand public. je ne lisais pas du tout de poésie. eh bien la poésie de h m’a ouvert à un nouvel univers, comme une balle en diamand en plein front, et je continu à trouver certains passages remarquables. ce qui m’avait touché c’est qu’il dise que neil young ou les stooges avaient plus contribué à changé sa vie que tous les foucault, deleuze et autres derida. ce en quoi je me reconnais totalement.

    dh

  35. rédaction

    ahahahahah Oui vive ce prime time lié au salon du livre …
    désespoir…
    mais au moins l’avantage e Province, c’est que tout existe moins, est plus diffus. Cela fait du bien d’être loin de l’agitation….

  36. rédaction

    bon là je décroche au commentaire de Denis… Non pas qu’il soit criticable, mais nous n’avons pas la même modalité, pour moi c’est davantage Tween Peaks ou Le prisonnier que Neil Toung ou les stogges. Et c’est davantange Derrida (surtout en 1993 !) que Houellebecq… M’enfin j’ai bien aimé ses livres (surtout le premier Extension, où je crois il a presque failli comprendre quelque chose au niveau de la littérature, mais il est passé à côté, comme l’a confirmé les suivants.).

  37. denis hamel

    « rédaction », tu me reproches de mettre sur le même plan le corps et la politique, mais pour moi c’est la même chose. tu n’as pas lu « surveiller et punir » ?

    dh

  38. rédaction

    Non, tu ne comprends pas ce que je fais comme critique :
    tes critères de démarcation sont soit séparés (ce que tu poses) mais alors il faut à chaque fois réfléchir l’ensemble de variation d’un plan (ce que j’ouvre comme horizon : le corps : ultrapositionnement (du pipi caca à la pulsion surréaliste), le juste milieu aristotélicien, la neutralisation du corps, etc… le politique (post-marxiste, mais aussi libertarien, réac, royaliste, etc… il y a bien tout cela dans la littérature contemporaine).
    soit tu ls mêles : donc alors les post-marxistes sont les pipi-cacas. Mais alors même là il faudrait distinguer d’autrs dimensions.
    Par ailleurs, si j’ai lu cela entre autres de Foucault, pour moi, là n’était pas la question. Mais elle rste intéressante par ailleurs.
    das tous les cas, j’avais bien compris que c’était une forme de blague, qui m’a bien amusé.

  39. denis hamel

    une dernière chose, je ne dis pas que houellebecq est plus important que les autres, et je ne le crois pas, mais sans houellebecq, je n’aurais pas lu les autres.

    dh

  40. Becsalé

    Moi, la main de papier tendue pour aller voir ce qu’on nomme littérature, cétait René de Chateaubriand. Et pourtant c’est de la merde. L’un n’empêche pas l’autre. Au point de vue subjectif, ce livre m’est fondamental ( comme seuil ). Et pourtant c’est de la merde.
    Oui Madame La Rédaction, il est très bien le premier, extension du domaine de la lutte. Déjà le titre fait oeuvre à lui tout seul.
    Quant à ses « poèmes », c’est une blague qu’il se fait à l’insu de son plein gré.

    Etienne Pivert de Sénancour, c’est mieux que René, non ?

  41. GG

    milieu littéraire stérile et qui papote de la même manière qu’il y a deux cents ans (le salon, auquel participent certains qui le dénoncent d’ailleurs!). il n’y a aucun rapport entre un poète et son oeuvre et ce milieu, qui classifie, argumente, bataille, fait des blagues… des empêcheurs en quelque sorte mais misérables. mais tout de même si on lit ça et qu’on n’est guère averti cela peut tuer quelque part en nous qui en voudrait, et qui ferait ce que personne ne fait, même au risque de se retrouver très vite dans une des quatre colones définies par les salonards d’internet.

  42. l'internaute

    « milieu littéraire stérile et qui papote de la même manière qu’il y a deux cents ans »

    Non, pas de la même manière
    En 1808, l’écrivain pensait encore pouvoir influer sur la politique, comme au XVIII, la frontière entre science et philosophie est encore lâche et poreuse.
    On ne peut pas dire que c’est la même chose.

    « et ce milieu, qui classifie »

    « milieu », oui, mais pourquoi « qui classifie », « qui classifie » au tout début de la liste ?
    Quel mal y a-t-il à classifier ? C’est aujourd’hui une ritournelle. Donc le poète ne classifierait pas ? On laisse ça au scientifique ? Alors le poète, il fait quoi ? Il vit ? Il parle la langue vraie de la vraie vie ? Le poète est dans l’action ? L’action vraie de la vraie vie, le ressenti, le senti, le vivre vrai de la vraie vie ? Classifier est-il impur ?

    « et qui ferait ce que personne ne fait »

    Fichtre ! Je demande à voir !

    « les salonards d’internet »

    un oxymore ?

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