[Texte] Julien Ladegaillerie, Lacrymogenèse (extrait)

[Texte] Julien Ladegaillerie, Lacrymogenèse (extrait)

octobre 8, 2019
in Category: créations, UNE
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[Texte] Julien Ladegaillerie, Lacrymogenèse (extrait)

En avant-première, cet extrait d’un livre à paraître bientôt dans la collection « PLI » de Justin Delareux aux éditions Les Presses du réel : c’est bien dans le corps qu’il faut aller chercher la genèse de nos larmes – dans une langue tailladée…

 

stries d’échafaudage / les racines
de contradiction plantées / dans de
la terre de tête tamisée / le ciel / un trou

 

de bouche / pleine / de papier jumeau dont on
nous prive / au mitard

 

tenir / accroupi sous le givre / mâcheur

 

sur six cent kilomètres coma / notre corps le
motif humain / des vêtements qui nous porte
en rampant sans coudières / les tempes
bourdonnantes / le vertige / impression que dans le crâne un frère / appelle à l’aide / et déjà
vivre est ce / balancier permanent ligaturé au
fait de croire qu’on est soi / et seul

 

à cause du verre / pilé dans les jambes

 

il faut qu’on sorte d’ici / des neuf mètres
carrés de larsens / clôtures au niveau du
menton / bouchent les trous / de la maison /
des mains / naissent bandages

 
 

et de tesson / et de glu / visage ôté sans gants /
clinamen de clés dans une serrure pleine de
murs / de gravats / ces haines / arrachées en
partie / reconstituées plus loin

 

impossible d’/ aller / plus loin / une collection<-br />
de blessures / un poing / serré le désossement c’
est la preuve / incarcération

 

à l’intérieur la peur / entre / nous pénètre
perquisitionné par / ne pas le dire

 

en bandoulière du cri de / s’en aller des
couloirs en fonte en refuge de cervelle / les
débris des mains / dans le déplacement des
objets / oubliés dans les tiroirs / du ventre

 

s’arc-boutent / mâchoires les dents du bas
manquent d’espace / on nous a / déboulonné le
corps de l’air on s’est / dilué salement dans la
vie / on ferait mieux de se taire

, , , ,
rédaction

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1 comment

  1. Musset paul

    ça pue le scotch: tape; au champ des phrases, miner des dépôts eux-mêmes gros d’explosifs solides, nous éludons le déclin de la guerre (la bonne) par désertisme sordide…
    le sordide n’est pas cet appel à la faim conjuguée mais cette main tendue vers d’autres chants, d’autres déserteurs, parallèles, cloisonnés dont on éprouve l’écoeurement, les échos qui résonnent et nous intiment d’approcher l’oreille droite du mur

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