[News] News du dimanche

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septembre 8, 2019
in Category: Livres reçus, News, UNE
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[News] News du dimanche

Ça y est, la fameuse « Rentrée » bat son plein… On pourra s’amuser à (re)découvrir nos façons libr&critiques de traiter l’événement : « ça existe, ça ?…« « Rentrée littéraire ?… »… Et aussi on pourra lire ci-dessous notre nouvelle pierre à l’édifice libr&critique : une très spéciale « Rentrée-littéraire »… Suivie de nos rubriques En lisant, en zigzaguant et Libr-événements (Eduardo KAC, « Écrire l’art », NOVARINA)…

Spéciale « Rentrée-littéraire » /FT/

« ABOLITION DE LA RENTRÉE LITTÉRAIRE »
(TXT, éditions Nous, Caen, n° 33, août 2019, p. 6).

Si l’on veut avoir « une idée de ce qui benoîtement ou cyniquement s’écrit, se publie, se lit et triomphe aujourd’hui » (p. 95), il suffit de lire Éric Chevillard, Défense de Prosper Brouillon, paru à la rentrée 2017 aux éditions Noir sur Blanc, qui condense les clichés du roman-made-in-France à partir d’une sélection de vingt best-sellers. Auteur à succès qui fait des envieux, le bien nommé Prosper Brouillon connaît sur le bout des doigts les ficelles du métier : « Dans chacun de ses romans, Prosper Brouillon glisse un double de lui-même, un modeste alter ego ordinairement en charge d’un rôle secondaire mais à qui il revient de distribuer les sentences bien frappées d’une riche expérience de la vie et d’une morale rigoureuse » (40). Un moment de grâce dans son roman primé Les Gondoliers : « »Le visage de la jeune femme se précisa et lui empoigna l’âme« . Et d’un coup, le fameux « Ce fut comme une apparition » de L’Éducation sentimentale se trouve relégué au rayon vieilleries de notre littérature » (53)…

La rentrée-littéraire est assurément un temps fort de notre vie-littéraire. Mais à quoi bon les interviews ? « Cela ne servirait à rien d’interroger l’auteur, hagard sur le banc. D’essayer de savoir ce qu’il a voulu dire. Il est déjà ailleurs, dans l’irremplaçable esclavage d’un nouveau livre » (Marcel Moreau, À dos de Dieu, Quidam, 2018, p. 129).

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Le mot « écrivain »  est prétentieux, souvent ridicule,
comme une revendication  désespérée ou une déclaration honteuse.

« Critique littéraire » fait anachronique, arbitre des élégances
perdu dans une soirée électronique de la Nouvelle Athènes, Paris IXe.

[…] J’aime de plus en plus le mot « booktubeuse », imagé, agrégatif,
mutant, neuf, numérique, en phase avec le temps, attaché à Bettie » (p. 87).

À l’âge du posthumanisme dystopique, des punchlines, de la postcritique et de la narrative non-fiction ;
en un temps où triomphe le Marché, et donc où règnent le V.I.C.E (« vénalité, idéologie, compromission, ego ») et, dans le champ artistique, les fondations ;
il faut renoncer à la critique pour être booktubeur/beuse ou « startuper dans le domaine de la génération automatisée de contenu textuel » (42).

Stéphane Sorge, hélas pour lui, est « l’agent mondain du tri sélectif des déchets culturels, le futur expulsé du territoire des livres » (106). Contrairement à celle qu’il va s’efforcer de séduire malgré l’écart d’âge : « Plus on la voit, plus elle vit. Plus on s’abonne à sa chaîne, plus elle existe. Elle est un média, l’actualisation sans fin d’un corps et d’un discours. Elle est BettieBook » (40). Ses activités : vidéo training, bookshelf tour (« visite commentée de sa bibliothèque-décor »), unboxing (« déballage public des livres reçus »), swap (« échange de colis-cadeaux »), book haul (butin de livres au fil des occasions), bookcrossing (vidéo des livres appréciés qu’on souhaite partager en les abandonnant dans des endroits publics)…

On vous épargne la revenge porn qui dynamise ce récit caustique pour en venir à l’essentiel : has been la Rentrée-littéraire, non ?

Frédéric Ciriez, BettieBook, Verticales, 2018, 192 pages, 18,50 €.

En lisant, en zigzaguant… [Livres reçus cette semaine : lus et recommandés]

♦ « Tu sais, avant de venir, on se disait – OH LA FRANCE ! – ce si grand pays LA FRANCE ! mais c’était pas vrai du tout LA FRANCE c’était un pays comme les autres un petit pays un tout petit pays comme les autres avec des petits immeubles des petites voitures des petits feux rouges et des gens petits. Quand on est arrivés au début les Français ils nous prenaient dans leurs bras ils nous faisaient des bisous bonjour bisous merci bisous au revoir bisous et puis à la première occasion dès qu’ils voyaient un problème approcher ils se collaient au sol et ils rampaient comme des cafards ils foutaient le camp en faisant de grands sourires, désolé, oh vraiment désolé monsieur. Derrière la politesse des Français, il n’y avait rien, rien du tout, que de la PETITESSE »

(Marina SKALOVA, La Chute des comètes et des cosmonautes [Théâtre : trajet Berlin-Moscou entre une jeune astrophysicienne et son père], L’Arche Editeur, septembre 2019, p. 37).

♦ « Le travail de Mathilde Roux et Virginie Gauthier est un départ en forme d’écart. Écart tout d’abord avec la cartographie conventionnelle. Tournant les pages de ce livre, on ne peut qu’être frappés par les échos multiples d’une littérature qui a rompu les amarres avec les rivages d’un monde trop connu, trop cartographié […].
Écart ensuite avec la cartographie qui nous est soi-disant promise, numérique, « smart » au dire de certains, capable de cartographier les déplacements de chacune et chacun en « temps réel » ; temps qui n’a rien d’humain, temps qui file aux deux -tiers de la vitesse de la lumière, se défile, pour ne plus parler qu’aux machines et aux algorithmes »

(Alexandre Chollier à propos de Mathilde Roux et Virginie Gautier, Paysage augmenté #1, postface d’Alexandre Chollier, à découvrir et précommander sur Publie.net, septembre 2019, 12 €).

Libr-événements

Jeudi 19 septembre à 19H, centre Pompidou à Paris :

Vendredi 20 septembre 2019 à 19H, Kunsthalle de Mulhouse : Soirée « Écrire l’art »

Pendant 10 années, répondant à l’invitation de Jennifer K Dick et Sandrine Wymann, 21 poètes se sont succédé à La Kunsthalle. Exposition après exposition, en immersion au cœur des œuvres, Jérôme Mauche, Virginie Poitrasson, Frédéric Forté, Véronique Pittolo, Jean-Michel Espitallier, Daniel Gustav Cramer, Michaël Batalla, Stéphane Bouquet, Cécile Mainardi, Martin Richet, Eric Suchère, Hyam Yared, Anne Portugal, Andrea Inglese, Christophe Fiat, Dominique Quélen, Frank Smith, Christophe Manon, Sandra Moussempès, Deborah Heissler, Luc Bénazet se sont emparés de l’invitation et ont composé une œuvre inédite. Elles sont à présent rassemblées dans un DOSSIER DES OUVRAGES EXÉCUTÉS. Véritable mémoire de dix années d’expositions, ce livre reflète la créativité et la diversité d’un lieu ouvert à de multiples pratiques artistiques.

À l’occasion du lancement de l’édition, Frédéric Forté, Frank Smith et Eric Suchère, auteurs de la Résidence Ecrire l’art reviennent à Mulhouse pour lire leurs textes. D’autres seront présents par l’image et d’autres encore prêteront leurs mots à des lecteurs.

DOSSIER DES OUVRAGES EXÉCUTÉS a été conçu par l’artiste graphiste Jérôme Saint-Loubert Bié, également présent pour l’événement.

Cette soirée exceptionnelle sera aussi l’occasion de rencontrer et d’écouter Laura Vazquez, l’auteur-poète qui accompagnera La Kunsthalle tout au long de la saison 2019-2020.

Du 20 septembre au 10 octobre 2019, RV avec Valère NOVARINA, L’Animal imaginaire (parution chez P.O.L d’ici trois semaines environ) au Théâtre de la Colline : il est temps de réserver.

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Fabrice Thumerel

Critique et chercheur international spécialisé dans le contemporain (littérature et sciences humaines).

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